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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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de
marchands, viennent au-devant de la croisade. Ils jurent de livrer les
hérétiques, de confisquer les biens des juifs et de fournir des renforts.
    Selon la situation de leurs fiefs,
les seigneurs s’inclinent ou se retranchent Plus que leur propre tempérament,
c’est souvent la géographie qui dicte le comportement des hommes. Les chefs de
la plaine jettent leurs armes aux pieds des Croisés. Guiraud de Pépieux se
rallie le premier, bientôt suivi de Pons d’Olargues, de Béranger de Boujan, de
Guillaume de Puissalicon, d’Imbert de Cabrières, de Ratier de Bessan ou de
Guillaume Arnaud de Fouzillon. Leurs terres sont dans le plat pays, exposées
sans défense à la croisade.
    En revanche, du haut de leurs nids
d’aigle, les seigneurs des montagnes défient l’envahisseur : Guillaume de
Minerve, Pierre Roger de Cabaret, Raimond de Termes. À Montségur, Raimond de
Pereille achève la reconstruction d’un puissant château érigé sur les sommets.
Ces forteresses sont protégées par des escarpements vertigineux que prolongent
leurs murs dressés jusqu’au ciel. Les hérétiques et les chevaliers qui refusent
de se soumettre se réfugient dans ces citadelles des cimes.
    En bas, dans la plaine, Raimond
Roger Trencavel se prépare à subir le choc. Il s’est enfermé dans Carcassonne,
où tous les hommes s’activent à consolider les fortifications et à entasser les
provisions pendant que des guetteurs scrutent l’horizon.
    L’armée avance sans rencontrer de
résistance. Des centaines de châteaux et de bourgs fortifiés ont été abandonnés
par leurs habitants, terrifiés par le massacre de Béziers. Sur son passage, la
croisade s’empare de tout.
    Le samedi 28 juillet 1209, nous
arrivons à Carcassonne. L’armée se dispose pour le siège de la ville d’où nous
observe Trencavel.
    Jamais je n’ai pu m’accorder avec
Raimond Roger. Nos deux familles se sont souvent battues et mon mariage avec sa
sœur Béatrix n’a été qu’une union de façade fissurée puis rompue par mon infidélité
et la répudiation. Ce jeune homme n’a pas la moitié de mon âge. C’est un
impulsif, alors que j’ai le défaut de trop soupeser chaque décision. Nos
familles, nos âges, nos caractères : tout nous oppose. Nous n’avons pas
réussi à nous entendre pour faire front à l’ennemi. Nos stratégies étaient
divergentes et il est obstiné. Il n’acceptait pas de plier, comme je l’ai fait,
pour laisser passer l’orage. Quand il a dû s’incliner devant la réalité, la
croisade a refusé sa soumission.
    Toutefois, je tiens à ce que mon
neveu sache que je ne participe pas à l’attaque contre lui. Je ne veux pas que
les couleurs de Toulouse viennent se compromettre parmi celles des chefs de la
croisade et, surtout, avec celles des légats. Je vais donc délibérément
installer mon campement à l’écart, sur une petite colline, à l’ombre d’un
bosquet.
    Depuis le promontoire où nous sommes
installés, je vois toute la ville. Elle est constituée de trois parties
distinctes : au centre, la Cité où se dressent le château des Trencavel,
la cathédrale Saint-Nazaire et le palais épiscopal. Les remparts ne pouvant
plus contenir le développement de Carcassonne, deux excroissances urbaines se
sont formées : au nord le Bourg et au sud le Castellar. Bâties au pied des
fortifications de la Cité, ces deux parties de la ville sont protégées par des
murailles moins hautes et moins solides.
    Le dimanche s’écoule calmement.
L’armée se repose après sept jours de marche forcée depuis Béziers. Quelques
éclaireurs s’approchent de la ville pour repérer les points faibles de la
défense. Ils se tiennent prudemment à distance, hors d’atteinte des archers et
des arbalétriers qui les guettent à chaque créneau. Les chefs sont réunis sous
la tente du comte de Nevers. Renseignés par les éclaireurs, ils arrêtent leur
plan. Son exécution aura lieu demain.
    Dès l’aube du lundi, des milliers de
piétons en armes se ruent vers l’enceinte du Bourg. Ils sautent dans les fossés
et dressent aussitôt des échelles contre la muraille. La résistance est faible.
Trencavel a choisi de faire la part du feu : les défenseurs sont déjà
repliés sur la crête des remparts de la Cité. Le Bourg est pris en moins de
deux heures, mais ceux qui y pénètrent tombent aussitôt sous les tirs des
flèches carcassonnaises.
    Pendant ce temps, un autre corps de l’armée
croisée dévale vers

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