Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
Vom Netzwerk:
d’avoir prochainement du secours, nous
vous approuverions entièrement de vous défendre. Mais vous pouvez voir qu’il
n’en est rien. Concluez un accord avec le pape et les barons de l’armée. Sinon,
le sort de Carcassonne sera celui de Béziers.
    La voix de Trencavel est rauque.
    — Je me rends. Je ferai ce que
dira le roi de France. Je m’en remets à lui, si vous me promettez que je peux
aller sans crainte au campement croisé.
    — Sur l’honneur, je vous y
conduirai et vous ramènerai ici, parmi vos hommes, sain et sauf. Je le
jure ! dit Pierre de Courtenay.
    Trencavel accepte alors de suivre la
délégation qui le conduit chez le comte de Nevers. Arnaud Amaury l’attend,
entouré de tous les seigneurs de la croisade. Mon neveu, ce jeune homme de
vingt-cinq ans, courageux et fier, se présente en vaincu devant ses ennemis.
Que se disent-ils sous la tente où il comparaît devant le commandement de
l’armée ?
    Une heure plus tard, Raimond Roger
réapparaît entouré, cette fois, de soldats de la croisade. Il est prisonnier.
Cette médiation n’était-elle qu’un piège pour le faire sortir et le capturer,
privant ainsi la ville de son chef ? A-t-il accepté d’être retenu en otage
en échange d’un sauf-conduit permettant à la population épuisée de sortir de
l’enfer de la Cité assiégée ? Quoi qu’il en soit, les portes de
Carcassonne s’ouvrent alors devant les barons du nord et le légat. Le peuple
doit évacuer la ville et partir les mains vides. Les hommes en braies et les
femmes en chemise sont rassemblés dans les rues et poussés vers une seule
issue. L’étroite poterne ne laisse passer les habitants qu’un par un. Des
sergents en armes s’assurent que les bannis n’emportent rien. Pendant des
heures, comme en un gigantesque sablier, des milliers de pauvres gens serrés
les uns contre les autres, harcelés par les soldats, se massent contre la
muraille autour de l’issue qui libère des hommes, des femmes, des enfants et
des vieillards titubants de faiblesse. Rassemblant leurs dernières énergies, ils
partent dans toutes les directions ; vers Toulouse, à l’ouest, vers les
châteaux de la montagne Noire, au nord, ou ceux des Pyrénées, au sud. Ils
laissent derrière eux leurs maisons, leurs champs, leurs vignes, leur épargne.
Tous leurs biens sont à la merci des vainqueurs.
    Le vaincu, Raimond Roger Trencavel,
a été jeté dans les profondeurs d’une basse-fosse, enchaîné dans les tours de
son propre château.
     
    Dans la cour, debout sur le perron
de marbre, Arnaud Amaury lance un cri de victoire devant les chefs de la
croisade.
    — Messeigneurs,
écoutez-moi ! Vous voyez quels miracles fait pour vous le roi du
ciel : rien ne peut vous résister !
    Les soldats l’acclament, mais le
légat les met en garde :
    — Je vous commande à tous, au
nom de Dieu, de ne rien prendre des biens qui sont dans la ville. Sinon nous
jetterions immédiatement sur vous, l’excommunication et l’anathème.
    La croisade ne se console pas du
gâchis de Béziers.
    Les chevaliers et les sergents
d’armes pestent contre la bêtise des ribauds qui ont tout fait disparaître dans
les flammes. Si une ville est incendiée avant que le butin ait été réuni, on
n’en tire aucun profit. La loi du pillage est simple : ne doit être brûlé
que ce qui ne s’emporte pas.
    Cette fois, le légat veut procéder à
une dépossession en bonne et due forme. Puisque les titres et les vastes
domaines de Trencavel sont « exposés en proie », l’heure est venue de
choisir le prédateur qui procédera ensuite au partage et à la distribution.
    — Nous allons donner ces biens
à un baron de haut rang qui tiendra le pays à la satisfaction de Dieu, de sorte
que les hérétiques félons ne le recouvrent jamais, annonce-t-il.
     
    Installés autour de la table, dans
la grande salle du château, les chefs de la croisade attendent les décisions
d’Arnaud Amaury. Celui-ci propose la vicomté de Béziers, Carcassonne et Albi au
comte de Nevers. Tous les yeux se tournent vers Hervé de Donzy, qui remercie,
mais refuse catégoriquement. Il n’entend pas rester plus longtemps dans notre
pays ni s’occuper de nos territoires. Il veut rentrer chez lui. Sa quarantaine
est terminée. Il a rempli ses devoirs envers l’Église. Sollicité à son tour, le
duc de Bourgogne, Eudes, est ulcéré de n’être appelé qu’après le comte de
Nevers, qu’il déteste. Mais il ne songe pas

Weitere Kostenlose Bücher