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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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les événements que vous traverserez. N’oubliez pas nos amis de
Toulouse. Ils souffrent pour notre cause. Écrivez-leur aussi.
    L’Anonyme restera auprès de Raimond
le Jeune. Il promet de me faire parvenir régulièrement le récit de ce qui va
advenir. En serrant mon fils contre mon cœur, le sentiment que j’éprouve mêle à
l’affection la fierté et l’espoir.
     
    *
* *
     
    À Barcelone, je retrouve Eléonore et
Sancie, que je comble de bonheur en leur racontant notre marche triomphale sur
les rives du Rhône. À chaque arrivée de navire venu des ports de Provence, nous
espérons recevoir un message.
    Chaque semaine, la chronique de
l’Anonyme apaise notre impatience et nos appréhensions. Grâce à une parfaite
connaissance des lieux et aux récits détaillés, j’imagine aisément la situation
et les événements.
    Nos forces tiennent le fleuve et la
ville. Raimond le Jeune et ses compagnons sont entrés dans Beaucaire par la
grande porte de la Croix, accueillis par les consuls venus lui remettre les
clés de la ville. Au même moment, des renforts débarquaient sur la rive du
Rhône, venus d’Avignon ou de Tarascon. Dans la ville en effervescence, les
maisons s’ouvrent pour loger les chevaliers et les tentes se dressent sur les
berges pour abriter les soldats. L’installation se fait au milieu d’un joyeux
désordre.
    Du haut des remparts de la citadelle,
Lambert de Thury et ses hommes dominent Beaucaire tapie au pied du rocher, le
long du fleuve. Ils ont pu observer l’arrivée de notre troupe, compter les
bateaux venus accoster sous le mur de la ville et surveiller les préparatifs de
notre armée.
    Voulant mettre à profit la confusion
qui règne et ne pas nous laisser le temps de nous disposer en ordre de
bataille, Lambert de Thury décide de lancer ses forces.
    En bas, habitants et soldats
fraternisent et boivent à la victoire de nos armes, lorsque résonne le fracas
des portes de la citadelle. Deux battants ferrés s’ouvrent d’un seul coup pour
libérer les cavaliers français. Leur troupe n’est pas nombreuse, mais elle est
redoutable, déferlant au galop le long de la pente qui conduit de la forteresse
à la ville. Ils y entrent, l’épée haute et la lance droite, en braillant :
« Montfort ! Montfort ! ». L’Anonyme me conte cette
première bataille.
    On crie, on se bouscule, on fuit,
rasant les murs. Les soldats communaux vont s’armer à la hâte, les barons
provençaux s’empressent, hurlant leurs ordres : « Sonnez des
trompes ! Déployez les bannières ! À nous, Toulouse ! » Ils
foncent droit sur l’ennemi. Voici enchevêtrés les javelots, les lances, les
haches, les cognées, les épées, les bâtons, les flèches, les cailloux, les
carreaux et les poings.
    Toute la population de Beaucaire
défend sa ville.
    Des greniers pleuvent dru des
giboulées de pierres qui brisent les écus, cabossent les casques, trouent les
gilets ferrés. Les Français perdent pied, se replient en désordre, ivres de
coups, saignants, le dos rond sous la grêle.
    Ils remontent au galop la pente du
rocher pour se mettre à l’abri de la forteresse, dont ils ferment solidement
les portes avant d’aller se poster au faîte du rempart crénelé.
    J’écris aussitôt à Raimond le Jeune
pour le féliciter, l’encourager et le conseiller. Il doit veiller à conserver
ses alliés : «  Honorez et comblez les gens d’Avignon et les
Marseillais, veillez sur ceux de Tarascon. Qu’ils aient leur juste part des
batailles gagnées. Vous avez besoin d’eux pour tenir le pays et pour prendre la
forteresse. Leurs bateliers armés doivent fermer l’accès du roc où est bâtie la
citadelle. Privée d’eau, elle tombera. Dieu vous garde. Votre père, Raimond . »
    Le courrier suivant m’apprend qu’ils
appliquent exactement cette tactique. Ils enferment la garnison en construisant
un mur d’enceinte à la base du rocher dont le sommet porte la citadelle.
«  Dès l’aube les crieurs éveillent les ruelles : « Au
travail, bonnes gens ! » Chacun trousse ses manches. Les uns piochent,
déblaient, d’autres creusent, terrassent. Jamais aucun rempart n’eut d’aussi
riches maçons : dames et grands barons entassent la rocaille, pucelles et
garçons taillent bois et pierres. Tous se donnent du cœur en chantant des
ballades. La muraille est bientôt assez puissante et haute. Le château est
fermement cerné. Nul ne peut en sortir pour puiser l’eau du fleuve et y

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