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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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perdre espoir. Je fais enfin route vers Gênes pour y attendre
Raimond le Jeune.
     
    Depuis plus d’un mois, il est à
Rome, sous le toit Saint-Père, entouré de quelques compagnons, Guillaume
Porcelet, Pierre Raimond de Rabastena et l’Anonyme, demeurés auprès de lui. Il
attend d’être reçu par Innocent III. Le chroniqueur me fait parvenir des
courriers. «  Le séjour du jeune homme à Rome est une épreuve
humiliante. Il lui faut vivre avec ses ennemis jurés à la cour du pontife. Il
voudrait les voir morts, mais il serre les poings, se tait, dissimule sa haine.
Il espère du pape un signe d’amitié, quelques mots, une preuve qu’il n’est pas
oublié. Hélas, il semble l’être . »
    Après quarante jours de patience,
Raimond le Jeune est introduit en audience pontificale.
    — Je vais quitter ta cour. Rien
n’est venu de ce que j’espérais.
    Comme s’il avait oublié les
décisions proclamées le 14 novembre dernier, le pape lui prodigue alors ses
conseils.
    — Écoute. Suis ces lois que je
vais te prescrire. Obéis à l’Église, communie humblement aux deux messes du
jour. Châtie les mal-croyants. Garde-toi de courir l’arme au poing, d’attaquer
tes voisins, de ruiner tes vassaux. Mais en guerrier, réponds à qui voudrait
voler tes domaines.
    — Saint père, l’interrompt
Raimond avec vivacité, tes discours me torturent ! Comment gouverne-t-on
une absence de terre ? Je n’ai plus ni toit ni bien. Tu m’as fait pauvre.
Si tu veux que je règne, il me faudra d’abord arracher à Montfort le pays qu’il
m’a pris.
    — Aie donc confiance en Dieu.
Il saura te combler. Pour t’apaiser, je te donne Beaucaire, la terre d’Argence
et le comtat Venaissin. En attendant de voir si tu mérites mieux, je laisse
Montfort gouverner le reste du pays.
    Accepter cette proposition
reviendrait à reconnaître l’usurpation. Raimond ne saurait songer un seul
instant à y consentir.
    — Il m’est intolérable d’avoir
à partager mon pays avec cet homme. Lui et moi n’avons qu’à vaincre ou à
mourir. L’un de nous gouvernera ces terres et l’autre sera dessous, dans un
cercueil. Je vais me battre. Je ne te demande rien. Sauf ta bénédiction et la
reconnaissance du pays reconquis, si Dieu m’accorde la victoire.
    Le pape le bénit et lui baise le
front.
    — Que Dieu exauce tes vœux et
te garde du mal.
     
    *
* *
     
    Raimond le Jeune me rejoint à Gênes.
Nous embarquons aussitôt. Le navire est prêt à prendre la mer. Le chef de
l’équipage nous demande où mettre le cap.
    — Sur Marseille ! répond
sans hésiter Raimond le Jeune.
    À quoi puis-je attribuer l’espoir
qui m’habite ? À une grâce qui m’aurait touché lors de mes oraisons à
Venise ? Aux encouragements accordés par le pape à Raimond ? Au
sentiment de révolte contre le sort indigne qui nous est fait ? Jamais je
n’ai été en si faible posture. Mais jamais je n’ai été aussi déterminé à
rétablir nos droits et notre honneur.
    C’est sans doute à mon fils que je
dois cette confiance nouvelle. Chair de ma chair, il mêle en lui les sangs des
rois de France et d’Angleterre. Son ardeur est attisée par le souvenir de
défaites dont enfant, il fut si souvent le témoin impuissant.
    Aujourd’hui, il est en âge de se
battre. Il sait que, désormais, nous n’avons plus rien à espérer du pape ni des
rois. Ce n’est qu’à la force de l’épée, et sans aucun allié, que nous pourrons
reconquérir nos terres. L’ampleur du défi le stimule.
    Sous un ciel d’azur, nous longeons
la côte provençale. Au loin, blancs et étincelants, se dressent les sommets des
Alpes.
     

Partie V

La croix
et le lion
     

La sève de la liberté
    Marseille mars 1216
     
    Passée la pointe de la jetée formant
l’entrée du port, nous découvrons l’immense foule rassemblée autour du bassin.
Une clameur s’élève à la vue de notre étendard flottant au sommet du mât.
    Pendant que l’équipage manœuvrant à
l’aviron amène le navire le long du quai, nous saluons, depuis le pont, les
Marseillais qui nous acclament. Nous, les exilés, les proscrits, les bannis,
sommes accueillis comme jamais je ne le fus lorsque j’étais au faîte de ma
puissance.
    — Toulouse !
    — Vive le comte naturel !
Mort au comte postiche !
    — Marseille avec Raimond !
     
    Installés au château du Tholonée,
dans la ville basse, nous recevons à chaque instant des témoignages de soutien.
Les consuls de

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