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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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chambre, sous le
toit des Rouaix, j’écris à Raimond le Jeune, pour l’informer en détail de tous
les événements et le féliciter. Il remporte de magnifiques victoires en
Provence, où, mettant à profit l’absence de Montfort, il a libéré plusieurs
villes de la vallée du Rhône. J’adresse à Éléonore de tendres messages,
omettant de parler des atrocités de la guerre, je lui promets qu’elle ne restera
pas longtemps à Barcelone, où elle demeure avec Sancie et Guillemette.
     
    *
* *
     
    Un matin de la fin du mois
d’octobre, Montfort entreprend la traversée de la Garonne pour aller assiéger
le faubourg Saint-Cyprien, sur la rive gauche. C’est par là que nous recevons
tous les renforts et les approvisionnements venus de Gascogne. Nous pouvons
entrer et sortir librement par ces portes auxquelles nous accédons en
traversant le fleuve par le pont Neuf ou le pont Vieux.
    Durant plusieurs heures, les barques
amènent d’une rive à l’autre hommes et chevaux. Lorsqu’ils sont une centaine,
groupés sur la prairie qui borde le fleuve, nos forces traversent par les ponts
et les attaquent en masse. Les Français reculent et se bousculent pour remonter
dans les barques. Dans la confusion, le cheval de Montfort fait un écart,
trébuche sur un aviron et tombe sur le flanc, entraînant son cavalier dans une
gerbe d’eau qui se referme sur eux. Bardé de fer, le cheval coule à pic et
Montfort disparaît dans le remous. Un instant plus tard il resurgit ruisselant,
remonte sur la rive et réussit à se replier avec ses chevaliers. Sauvé par
miracle, il a toutefois perdu beaucoup d’hommes dans cette tentative. Certains
sont morts, tués ou noyés, les autres ont été faits prisonniers.
    Les captifs sont traînés dans les
rues de Toulouse, les mains liées, une bourse attachée au cou. Les gens y
glissent une pièce pour récompenser celui qui les a capturés. Ils sont ensuite
abominablement suppliciés. Pour finir, leurs restes sont placés sur un
trébuchet et projetés au milieu du camp ennemi.
     
     
    Décembre-janvier 1218.
     
    Depuis les échecs de Montfort sur la
Garonne, les offensives armées sont rares. Mais les esprits sont parfois si
échauffés que seul le combat permet d’apaiser les nerfs des hommes. Dans le
froid glacial de décembre les chevaliers français lancent un puissant assaut
contre nos fortifications, à proximité du château Narbonnais.
    La vigilance et la promptitude de
nos guetteurs permettent de donner immédiatement l’alerte. Bernard de Comminges
et Roger Bernard de Foix, appuyés par les cavaliers et les piétons de leurs
fiefs, contiennent la poussée puis engagent une contre-attaque.
    Hugues de Lacy et Foucaud de Berzy
ramènent leurs hommes vers le camp. Ils laissent derrière eux des chevaliers et
leurs montures à demi enfoncés dans la glace brisée et l’eau froide des douves.
    Quelques jours plus tard, ce sont
les nôtres qui tentent de prendre pied dans le camp ennemi. Le combat est
brutal, mais ils sont repoussés. Ils battent en retraite, et les Français n’osent
pas les poursuivre dans Toulouse.
    Ces combats meurtriers mais
infructueux calment les ardeurs. Chacun demeure sur ses positions et s’emploie
à les renforcer. Durant l’hiver les combats font place aux travaux. Dans la
terre durcie par le gel on creuse de nouvelles tranchées, on dispose des claies
pour masquer les archers, on bâtit des escaliers pour accéder plus vite aux
chemins de ronde. En face, ils déploient la même activité pour édifier ce
qu’ils appellent « Tholosa Nova », dont le tracé de rues et de places
s’esquisse sous nos yeux.
     
    L’hiver s’est installé. Il est rude.
Un vent qui pèle nous vient des Pyrénées enneigées. Alix de Montfort et
Foulques sont partis au nord de la Loire chercher des renforts. Le pape
Honorius III, informé par son légat, le cardinal Bertrand, des revers de
l’armée croisée, envoie des courriers à Philippe Auguste et aux archevêques du
royaume. Il proclame la foi en péril et lance un nouvel appel à la croisade. Il
emploie dans ses bulles les mêmes mots qu’Innocent III il y a dix ans.
    Instruit par l’expérience, je sais
qu’il faut plusieurs mois pour lever une grande armée et que les troupes ne se
mettent en marche qu’au début du printemps. D’ici là nous serons tranquilles
mais à la belle saison il faudra faire face à une situation dangereuse.
J’envoie des messages à Raimond le Jeune et à

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