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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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quarante jours. Il ne dispose que de cette quarantaine pour
nous abattre, faute de quoi il se retrouvera dans la même situation
d’impuissance une fois les Croisés repartis.
    Brûlant d’impatience, il leur
demande d’aller établir leur camp sur la rive gauche.
    — Ainsi nous pourrons enfin
assiéger toute la ville et la faire tomber.
    Les chefs croisés renâclent.
    — Nos hommes sont épuisés. Les
chevaux sont harassés et nous savons que les Toulousains se battent durement
Laissez-nous reprendre des forces afin de pouvoir les jeter dans la bataille.
    Montfort accepte de mauvaise grâce.
Les nouveaux venus établissent leur camp à côté de celui que les Français ont
édifié cet hiver. Le château Narbonnais est comme un promontoire face à une mer
de tentes.
     
    *
* *
     
    Huit jours plus tard, sous une pluie
battante, une moitié de l’armée ennemie se met en route pour aller franchir la
Garonne au pont de Muret et revenir par la rive gauche assiéger le faubourg
Saint-Cyprien. Nous aussi, nous partageons nos forces. Celles qui défendront la
rive gauche sont placées sous les ordres de Roger Bernard de Foix et de mon
fils Bertrand. Le comte de Comminges dirige les troupes de la Cité et du Bourg
sur la rive droite.
    Simon de Montfort ordonne l’assaut.
Mon fils naturel et l’héritier du comte de Foix résistent héroïquement. Le
vacarme du combat rivalise avec le grondement de la Garonne. Elle est déjà
grosse de la fonte des neiges et enfle d’heure en heure sous les pluies
diluviennes qui s’abattent depuis trois jours et trois nuits.
    Les hommes s’étripent dans la boue.
Après deux heures de combat, Simon de Montfort rompt l’engagement et emmène ses
troupes dresser leur camp sur les coteaux à l’est de la ville en attendant de
livrer un nouvel assaut le lendemain.
    Dans la nuit, la Garonne devient
folle. Elle sort de son lit, inonde toute la ville, submerge Saint-Cyprien et
emporte dans sa fureur le pont Neuf et le pont Vieux dont les tabliers sont
balayés dans un fracas de bois brisé.
    Au petit matin, la situation est
désastreuse : Toulouse est coupée en deux. Les deux rives sont isolées
l’une de l’autre par la destruction des ponts. Au milieu des eaux torrentielles
n’émergent plus que les piles de brique et de pierre qui supportaient les
ouvrages brisés par la crue. Deux de ces piliers sont surmontés de tours de
guet, permettant de surveiller le fleuve. Les hommes affectés à la garnison de
ces deux bastions se retrouvent prisonniers sur leurs îles, cernés par les
flots en furie.
    Sur la rive gauche, la crue a rasé
toutes les défenses du faubourg. Un violent caprice de la nature donne à nos
ennemis ce que nous avions défendu avec acharnement au prix du sang des nôtres.
Montfort, qui avait échoué hier dans son attaque contre Saint-Cyprien, peut
aujourd’hui y entrer sans difficulté. L’inondation lui a frayé la voie. Il
occupe toute la rive gauche. Nous sommes maintenant face à face, de part et
d’autre du fleuve tumultueux. En toute hâte nous érigeons des machines de jet
sur les quais et les berges. Nous confectionnons des abris et des claies pour
dissimuler les archers qui viennent prendre position. De leur côté, les
Français fortifient les bâtiments qui bordent la rive gauche du fleuve. Ils
installent leur commandement à l’hôpital, face au port de la Daurade. Les tirs
qui s’échangent de part et d’autre mêlent au-dessus de la Garonne flèches,
carreaux d’arbalètes et pierres catapultées. Les projectiles se croisent et
vont battre les murs. Au milieu des eaux, les deux tours abritant les garnisons
toulousaines forment nos positions avancées. Il s’y trouve quelques arbalétriers
fort habiles qui font des ravages dans les rangs ennemis et parviennent à
empêcher les constructeurs d’engins d’établir leurs machines trop près de la
rive. Mais ils nous font bientôt des signes, agitant leurs armes vides. Ils
n’ont plus de dards. Il faut les ravitailler dans des conditions périlleuses.
Des hommes s’élancent dans des barques sur les eaux furieuses. Plusieurs
embarcations se brisent ou sont emportées au loin. L’une d’elles parvient à
s’amarrer au pilier. On tend des cordes entre la rive et les tours pour faire
passer des panières chargées de projectiles et de vivres.
     
    *
* *
     
    Depuis mon retour, huit mois plus
tôt, Toulouse avait retrouvé confiance. Aujourd’hui, elle redoute le pire. Les
femmes se

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