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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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m’inquiète de voir des innocentes accusées de sorcellerie, mais j’ai refusé de penser que cela pourrait toucher Raquel. Pas même quand le tisserand a lancé cette ridicule accusation. Ce n’est pas que je ne vous croie pas, Judith, mais, lâche que je suis, je ne puis concevoir une telle éventualité.
    — Vous n’êtes pas un couard, mon mari, répondit-elle de sa voix raisonnable. Vous êtes, en fait, l’homme le plus brave que je connaisse. Et je ne pense pas que le danger survienne cette nuit ou demain. Mais, Isaac, je vous en conjure, ouvrez grandes vos oreilles quand vous serez hors de notre quartier. Écoutez ce qui peut se murmurer à son encontre. Demandez à Yusuf de vous signaler tous ceux qui la remarquent.
    — Je doute que Yusuf puisse voir ce que vous, avec toute votre sagesse, voyez, dit Isaac d’un air pensif.
    — Yusuf connaît bien le monde, Isaac. Il sait plus de choses qu’il n’ose révéler et, rassurez-vous, ce qu’il y a à voir, il le voit. Et Raquel n’est pas une insensée. Elle porte toujours ses robes les plus sages quand elle est avec vous et se comporte avec pudeur, mais elle ne doit pas oublier de se couvrir de son voile, et vous devez être prêt à la ramener à la maison au moindre signe de danger.
    — Et à l’intérieur du Call ?
    — Le Seigneur nous protège si nous devons craindre pour sa vie dans notre propre quartier !
    — Je serai vigilant, promit Isaac. Sur ma vie, je jure d’être vigilant.
    On frappa doucement à la porte, et cela mit fin à leur conversation.
    — Ah, fit Isaac, Yusuf a mené à bien sa mission.
    — Je vais ouvrir, dit Judith. À en juger d’après les ronflements qui s’échappent de la chambre d’Ibrahim, il faudrait défoncer la porte pour le réveiller.
    — Bonsoir, maîtresse, salua Yusuf.
    Il dissimula mal sa surprise. Il est vrai que Judith n’avait pas l’habitude d’ouvrir sa propre porte, surtout à une heure pareille.
    — Ton maître a hâte d’entendre ce que tu as à lui rapporter, dit-elle sur un ton réprobateur pour bien lui montrer qu’il avait été un peu long à son gré. Isaac, je vous laisse à vos discussions.
    Elle se retira dans un bruissement de soie.
    — Qu’as-tu découvert, Yusuf ? demanda Isaac. Entre. Nous nous installerons dans la cuisine. Il y aura certainement quelque chose pour toi.
    Sachant que Yusuf n’aurait pas mangé et craignant que le banquet de Mordecai n’eût pas été suffisant, Naomi avait laissé des provisions d’urgence : un plat de lentilles épicées sur les braises, du pain, des fruits et du fromage sur la table, protégés par une serviette de lin, pour que chacun puisse profiter d’un souper tardif. Yusuf découvrit le petit festin, versa un peu de vin et d’eau pour son maître et s’installa.
    — Je suis d’abord allé chez Tia Josefa, commença-t-il en étalant des lentilles sur un morceau de pain qu’il plia en deux. C’est l’établissement le plus proche de la maison du tisserand, et je me suis dit qu’un jeune homme aimerait y venir.
    — Pourquoi cela ? lui demanda Isaac qui connaissait parfaitement la raison, mais qui était curieux de vérifier les affirmations de Judith.
    — Parce qu’il y a beaucoup de…
    Yusuf avait le mot sur la langue, mais il réfléchit à qui il parlait et modifia la fin de sa phrase.
    — … de femmes qui viennent boire…
    — Des putains, dit Isaac. C’était déjà ainsi dans ma jeunesse. Tia Josefa ne change pas.
    — Oui, seigneur. Je n’ai tiré d’elles que de vilains mots. Mais elles m’ont assuré que maître Marc n’était pas de leurs clients et qu’il ne venait pas boire, seul ou avec des amis. Tia Josefa a dit la même chose. Elle a ajouté que si je ne voulais pas de son vin hors de prix et coupé d’eau, je pouvais passer ma soirée ailleurs. Alors je suis parti.
    — Je ne pense pas qu’elle ait décrit son vin ainsi.
    — Non, mais les filles, oui.
    Il remercia le destin que son maître ne pût voir ses joues qui s’empourprèrent quand il se rappela la façon dont les femmes l’avaient traité, le pinçant, louant la beauté de ses traits ou tirant sur sa tunique. Il avait dû fuir le champ de bataille à la vitesse d’un soldat désarmé confronté à une horde d’opposants.
    — Et ensuite ?
    — Ensuite, dit-il, la bouche pleine de pain et de lentilles, je suis allé chez Rodrigue. J’ai commandé pour un sou de vin, que je n’ai pas bu, et je suis

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