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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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toi ?
    — Oui, dit Yusuf après un instant de réflexion. Il faisait de son mieux. Il n’a jamais essayé de me vendre à des trafiquants – si, une fois, quand je l’ai rencontré, parce qu’il était sans le sou –, et s’il avait de quoi manger, il partageait toujours avec moi. Il a commencé à m’apprendre à tracer les lettres romaines. Il disait que le savoir était important. Mais il a été arrêté pour vol et pendu, ajouta-t-il. Ton maître est-il bon avec toi ?
    Hasan haussa les épaules.
    — C’est quoi, être bon ? Il me donne à manger, en temps normal. Il me bat quand il est en colère, parfois. Je tuerais volontiers son associé si je le pouvais, ajouta-t-il d’un air pensif. Il n’arrête pas de dire que je grandis trop vite, que ma voix va bientôt changer et qu’ils feraient mieux de me vendre avant que j’aie du poil au menton. Et Marieta est une mégère tout autant qu’une putain. Mais je dois aller acheter son poisson.
    — Attends un moment. Je te cherchais parce que j’ai un panier rempli de choses bonnes à manger. Je me suis dit que tu aimerais les partager avec moi.
    — Qu’y a-t-il là-dedans ? demanda Hasan en regardant dans le panier.
    — Un tajine de poulet, de la nuit dernière, avec des amandes et des fruits, le tout fourré dans une miche de pain, et aussi des gâteaux au miel.
    Hasan regarda autour de lui les rues étroites et les grandes maisons.
    — Où pouvons-nous manger ? Avec la chance que j’ai, Marieta va me trouver.
    — Prends tes affaires et viens avec moi. Tu achèteras ton poisson plus tard.
     
    — Que fais-tu au bordel ? demanda Yusuf une fois qu’ils furent installés dans une niche pratiquée dans la muraille, loin des regards indiscrets. Tu es là pour les clients ? ajouta-t-il avec le sens des réalités que lui avaient procuré quatre années passées sur les routes.
    — Cela arrive, dit Hasan en arrachant un morceau de pain fourré au poulet et en l’engloutissant. La plupart du temps, je porte un costume ridicule, comme si j’étais page dans un harem – du moins, c’est l’idée que les clients s’en font –, et j’apporte de l’encens ou à boire. Je suis là pour le décorum.
    — Et cela dure depuis longtemps ?
    — Que je suis chez Marieta ?
    Il réfléchit.
    — Tu te souviens quand il faisait si chaud que les animaux crevaient au bord de la route ? Quand il y a eu ce terrible orage ?
    — Cet été ?
    — Oui, cet été. C’est ce jour-là que nous sommes arrivés en ville. Mon maître, Lup et moi. Nous étions trempés, comme tout ce que nous portions. L’âne était mort et c’est moi qui portais sa charge. Lup a dit qu’il connaissait quelqu’un qui pourrait nous procurer un abri. C’était Marieta, et nous habitons chez elle depuis ce jour.
    Il se lécha les doigts et détacha un autre morceau de pain.
    — Cela fait longtemps que tu es avec ton maître ? dit Yusuf en s’octroyant une portion énorme.
    — Oh, fit-il d’un air vague, assez longtemps, oui. Des marchands m’ont trouvé – enfin, je veux dire qu’ils m’ont volé à ma famille, s’empressa-t-il de rectifier. Ils m’ont vendu à mon maître. Il était bon alors. Nous allions de ville en ville. Il parlait aux foules et moi, avec mon costume, je faisais la quête. Nous nous en tirions bien. Il y avait l’âne pour porter les paquets et, quand j’étais fatigué, il me laissait monter dessus.
    — Que s’est-il passé ensuite ?
    — J’ai grandi et je suis devenu moins mignon. Les gens donnaient moins. Et puis Lup nous a rejoints, et nous sommes venus ici. Mais qui sait ce qui peut arriver ? ajouta-t-il en terminant son repas.
    Il ne restait pratiquement plus rien dans le panier.
    — Tu ferais mieux d’aller acheter ton poisson, conseilla Yusuf en tendant à son ami un petit gâteau dégoulinant de miel. Bartolomeo aura bientôt tout vendu.
    — Marieta va me tuer ! s’écria Hasan en sautant sur ses pieds.
    Il saisit son grand panier, le chargea sur son dos et s’en retourna au marché pour se perdre dans la foule.

CHAPITRE VIII
     
    — Raquel ? appela Isaac.
    Sa voix retentit au milieu de la cour.
    — Inutile de crier, Isaac. Ibrahim va aller la chercher.
    — Je suis à la cuisine, papa.
    Les deux réponses lui parvinrent, entremêlées comme les voix d’un canon.
    — Alors attends-moi. Je te rejoins dans un instant, dit le médecin.
    Il monta d’un pas léger l’escalier menant

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