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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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allé trouver le commis. Je lui ai donné un autre sou…
    — Ce qui signifie que je te dois une obole. Continue.
    — … et il m’est désormais acquis à tout jamais, ajouta-t-il d’un air triomphant. Il connaissait bien maître Marc. Il semble que lui et deux amis venaient chez Rodrigue chaque fois qu’ils avaient de l’argent. Ils s’installaient dans un coin et se lamentaient sur leur sort. Le commis trouve qu’ils avaient la vie facile, comparée au travail qu’il fait pour le compte de Rodrigue et de sa femme.
    Il s’arrêta pour prendre une autre bouchée de pain.
    — Surtout sa femme.
    — Je ne doute pas qu’il ait raison.
    — Je lui ai donc demandé qui ils étaient. Il m’a dit que l’un d’eux était séminariste, et que l’autre était Aaron, le fils du boulanger.
    Yusuf s’arrêta sur cette note de victoire.
    — Voilà qui est intéressant. Ainsi Marc passait ses soirées avec Aaron, murmura Isaac.
    — Et un séminariste, reprit Yusuf, quelque peu déçu de voir Isaac réagir aussi mollement à une telle nouvelle. Il s’appelle Lorens. Son père est très riche, mais le commis ne sait pas son nom de famille. Un jour, il a posé la question à sa maîtresse, mais elle lui a tiré l’oreille et l’a traité de fouine.
    — Son père est très riche, dis-tu ?
    — Oui, mais Lorens n’avait jamais d’argent, parce que son père est un grippe-sou, apparemment. Ces derniers temps, Aaron était en fonds et ils se sont enivrés à la taverne plusieurs soirs de suite.
    Le mystère du coffre de Mossé était résolu, songea Isaac. Judith soupçonnait les fils de se servir. Elle avait raison. Sauf qu’Aaron était seul à voler pour boire du vin frelaté avec ses amis.
    — Tu as bien travaillé, dit Isaac.
    Ses doigts palpèrent délicatement la table jusqu’à ce qu’il trouve la coupe de fruits. Il prit une poire et un couteau et entreprit de peler le fruit.
    — Permettez-moi, seigneur, proposa Yusuf.
    — Non, cela m’amuse d’essayer.
    Il pela entièrement la poire et coupa des tranches qu’il mangea avec lenteur.
    — Ils forment un curieux trio d’amis, dit-il enfin. Je me demande ce qu’ils avaient en commun en dehors de leurs récriminations et de leur goût pour la piquette.
    — Je l’ignore, seigneur. Mais j’essaierai de le découvrir.
     
    La fraîcheur matinale ne s’était pas dissipée quand Isaac gravit la colline en direction du palais épiscopal. Il avait passé la nuit à ruminer son inquiétude, mais cela n’avait débouché sur rien, et il n’avait pas grand-chose de cohérent à proposer à Berenguer.
    — Oh, j’ai entendu parler de cela, dit l’évêque. Ceux qui ont commis ce forfait se sont fondus aux murailles avant même l’arrivée des officiers, mais la femme était là, sur le pavé, en sang. Ils l’ont ramenée chez elle et ont fait de leur mieux pour lui venir en aide. Elle n’est jamais revenue à elle, ajouta-t-il sur un ton sinistre. Sinon elle aurait pu parler.
    — Une femme l’a accusée d’avoir envoûté son mari, dit Isaac. J’ai moi-même entendu l’accusatrice.
    — Nous savons de qui il s’agit, répondit Berenguer. Elle sera convoquée.
    — Cela servira à quelque chose ? demanda Isaac.
    — Pas pour la malheureuse qui a perdu la vie, mais il se peut que les autres y réfléchissent à deux fois avant de lancer de telles accusations.
    — Sans aucun doute, Votre Excellence.
    — Je ne le pense pas, quant à moi. Mais elle sera poursuivie. Désormais, toutes les femmes doivent se méfier. C’est une époque dangereuse.
    — Oui, Votre Excellence. Je crains moi-même pour mes filles.
    — Rebecca n’a rien à craindre si elle ne s’éloigne pas de son foyer. Quant à Raquel… Les femmes qui doivent sortir souvent sont celles qui courent le plus grand danger, me semble-t-il. Êtes-vous de mon avis ?
    — Rares sont ceux qui peuvent mettre en garde leurs semblables avec une telle courtoisie. Oui, je suis de votre avis. Mais j’éprouverai quelque difficulté à retenir Raquel dans nos murs.
    — Si les choses empirent, Isaac, mon ami, dame Elicsenda la gardera en sécurité au couvent aussi longtemps que nécessaire. Il faudrait que les chasseurs de sorcières soient bien hardis pour défier l’abbesse. Je vous invite à considérer cette offre.
    Le silence s’installa entre eux.
    — C’est une proposition des plus aimables, Votre Excellence. Je vais y réfléchir, finit par dire

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