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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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au premier étage et s’arrêta prudemment sur le seuil de la cuisine.
    — Bonjour, Naomi. Je vais devoir t’emprunter ton assistante.
    — Ne vous en faites pas pour cela, maître Isaac, répondit Naomi. J’ai déjà préparé seule le souper avant aujourd’hui, vous savez.
    — Pardonnez-moi, papa, pour faire passer le temps, je suis venue embêter Naomi au lieu de me consacrer à mes propres travaux, dit Raquel d’un ton coupable. Que se passe-t-il ?
    — Nous sommes appelés à la maison de maître Pons Manet, mon enfant. Arrache Yusuf à ses livres et prends ton panier.
    — Qu’est-ce qu’il a cette fois-ci, papa ?
    — Il ne l’a pas dit. Mais comme l’autre jour, c’est très urgent, et comme l’autre jour, c’est un mystère. Ajoute au panier des soporifiques et des digestifs, cela devrait faire l’affaire.
    La journée automnale allait s’achever, mais la chaleur du soleil de l’après-midi baignait toujours la terre. Raquel prit une cape légère, appela Yusuf et se rendit dans le cabinet paternel pour y emplir son panier. Quand elle en ressortit, Yusuf se tenait au milieu de la cour, en grande conversation avec son maître. Il lui lança un regard puis, dressé sur la pointe des pieds, murmura quelque chose à l’oreille du médecin.
    — Ferme ton voile, dit Isaac sur un ton abrupt. Ferme-le bien.
    — Oui, papa, répondit-elle, quelque peu surprise.
    Elle se couvrit le visage. Ce que Yusuf avait dit à son père, elle ne pouvait le savoir avec exactitude, mais il était clair que cela avait mené à cette requête impétueuse. Quand ils seraient seuls, elle avait bien l’intention de lui en arracher la raison. Se voiler ? Mais pourquoi ? À cause de qui ? se demanda-t-elle avec indignation. Le vieil Ibrahim ? Ce n’était plus un homme. Nathan ? C’était non seulement un enfant, mais encore son propre frère. Yusuf lui-même ?
    — Espérons que Naomi préparera quelque chose de chaud et de roboratif pour notre retour, dit Isaac d’un air enjoué avant de partir à grands pas. Nous en aurons peut-être pour longtemps.
     
    On laissa une fois encore Raquel et Yusuf dans l’antichambre, et Isaac fut conduit dans le cabinet du négociant en laine.
    L’odeur du bois, du cuir et de la cire d’abeille l’accueillit dès qu’il entra dans la pièce. Pons le prit par les mains, lui murmura la bienvenue et le fit s’asseoir.
    — Bonjour, maître Pons, dit Isaac. Comment vous portez-vous depuis ma dernière visite ?
    — De corps, je vais bien, maître Isaac. Je dois vous en remercier. Votre prescription pour retrouver le sommeil m’a été fort utile.
    — J’en suis enchanté. Mais sinon, ça ne va pas ?
    — Non, c’est même pire.
    — Puis-je vous demander en quoi cela a empiré ?
    Pons eut un rire bref et amer.
    — Oh oui, vous pouvez me le demander. J’ai été attaqué – non, soyons honnête –, je suis sur le point d’être détruit… par la sorcellerie. Mais pas de la façon que j’aurais imaginée.
    — Dites-moi ce qui s’est passé, fit Isaac, très grave.
    — Un homme s’est présenté hier à ma maison, raconta Pons Manet. Il était vêtu de haillons, comme un pauvre diable, mais il a dit à mon serviteur qu’il était porteur d’un message important et qu’il devait me le remettre en personne. Je l’ai donc vu, et il m’a dit, très humblement, qu’on l’avait payé pour porter ce message. Il m’a juré sur la tombe de sa mère que ce message n’était pas de lui et que, avec la meilleure volonté du monde, il ne pourrait me décrire celui qui le lui avait confié, sauf qu’il avait la voix rauque et portait des habits grossiers. Et aussi qu’il lui a donné une pièce de cinq sous.
    — Une belle somme pour un message en ville, remarqua Isaac. Pourquoi n’a-t-il pu le décrire ?
    — Son visage était masqué.
    — Pouvez-vous me dire quel était ce message ?
    — Oh, c’était une chose assez simple que cette pauvre âme pouvait retenir de mémoire. On m’accusait d’avoir provoqué la mort du fils du tisserand suite à une rancune que j’aurais à l’encontre de maître Ramon. On disait que j’étais un sorcier et que tout le monde le savait, et qu’on avait vu la sorcière qui m’assistait entrer furtivement chez moi.
    — Y a-t-il de la vérité dans tout cela ?
    — Nullement.
    — Y a-t-il une apparence de vérité ?
    — Je ne comprends pas, maître Isaac. Une apparence de

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