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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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agi avec beaucoup de bravoure – et de folie, en me le dissimulant.
    — Si vous le souhaitez, nul ne l’apprendra de ma bouche, à moins que cette femme ne soit traînée devant le tribunal. Mais je vous demande de réfléchir à la proposition de dame Elicsenda de garder Raquel à Sant Daniel. Le couvent l’accueillera volontiers. Elle y sera en sécurité.
    — C’est entendu, mais, pour l’instant, elle reste parmi nous.
    — Fort bien. Allons voir le capitaine. Et dimanche prochain, je parlerai dans mon sermon de l’incitation à l’émeute, et, croyez-moi, j’emploierai des termes que personne n’oubliera de sitôt.
     
    Le jour du sabbat se leva, froid et gris. Une vapeur blanche s’échappait de la bouche et des narines des hommes qui se rendaient à la prière. Dans la maison d’Isaac, le feu de la cuisine, allumé la veille, répandait dans cette pièce, ainsi que dans les deux salles adjacentes, une douce chaleur qui repoussait le froid. Au-delà de la cour, le calme n’était rompu que par quelques bruits domestiques, étouffés parce que les persiennes n’étaient pas encore ouvertes à cause de la fraîcheur matinale.
    Mais à l’extérieur du quartier juif, le brouhaha habituel du marché du samedi s’était changé en une véritable cacophonie. La foire allait se tenir la semaine suivante, et les préparatifs de la fête battaient leur plein. Les ménagères se pressaient pour discuter les prix ou se chamailler, et les enfants couraient en tous sens, ajoutant à la confusion générale. Entre le lendemain et la Toussaint, à une semaine de là, on travaillerait peu en ville, et il y avait encore beaucoup à faire avant la tombée du jour.
    Maître Pons Manet se trouvait dans son cabinet et étudiait avec son premier commis les chiffres des deux derniers mois. Ils avaient commencé à travailler à la lueur des bougies, une heure après que les cloches eurent sonné prime. Quand ce serait terminé, il resterait dans l’entrepôt pendant toute la journée à classer les réserves en compagnie de son premier manutentionnaire. On pouvait s’attendre à de fortes ventes pendant la foire et tout devait être prêt. En dépit de sa fortune, maître Pons travaillait aussi dur que chacun de ses employés.
    Les derniers chiffres furent vérifiés, étudiés, commentés, puis mis de côté. Avant que le lainier eût remercié son commis, le garçon habituellement chargé d’allumer le feu et de rendre de menus services passa la tête par la porte.
    — Pardonnez-moi, maître Pons, dit-il, mais la maîtresse est partie au marché avec Caterina, Pere n’est pas là et la cuisinière m’a demandé de répondre à la porte. Il y a là une dame qui dit qu’elle veut vous voir, et je ne savais pas si…
    Qu’ignorait-il ? On ne l’apprit jamais. Une femme, pas très grande, couverte d’un voile et enveloppée d’une cape chaude et épaisse qui dissimulait parfaitement son corps, l’écarta et marcha jusqu’à la table où travaillaient les deux hommes.
    — Il y a une chose très importante dont je dois vous parler aujourd’hui, maître Pons, déclara-t-elle.
    Elle murmurait, comme si elle était enrouée d’avoir trop crié, mais sa voix était assez claire pour être parfaitement comprise.
    — Cela ne vous prendra pas beaucoup de temps, reprit-elle, mais ce que j’ai à dire doit l’être en privé, me semble-t-il.
    D’un geste, Pons renvoya son commis. Il resta assis et ne l’invita pas à prendre un siège. Tous deux attendirent que la porte fût fermée.
    — Et qu’avez-vous à me dire qui exige une telle discrétion ? fit Pons sèchement.
    Il l’examinait attentivement et tentait de deviner ses traits sous le voile.
    — C’est fort simple. En premier lieu, sachez que je ne suis qu’une messagère. Me faire suivre ne vous servira à rien. Je ne sais rien de cette affaire au-delà de ce que l’on m’a priée de dire, et j’ignore le nom ou la profession de ceux qui m’ont engagée. Je ne connais pas plus leurs traits.
    — Voilà un message étrangement familier, femme.
    Elle ne releva pas son propos et poursuivit sa récitation.
    — Mes employeurs ont la faculté de tisser un sortilège protecteur autour de vous et de votre maison, dit-elle. Si vous n’acceptez pas leur assistance, votre dernier fils mourra. Si vous continuez de refuser, votre femme mourra, puis vous-même.
    — Et c’est par charité que vos employeurs proposent leurs

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