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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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    — Non. La somme exigée pour cela est inscrite sur ce papier.
    Elle sortit de son gant un document scellé à la cire et le déposa sur la table.
    Il s’en empara, brisa le sceau et le déplia. C’était une feuille du papier le plus fin que l’on fît dans cette ville, pliée en quatre, puis à nouveau en deux, dans le sens de la longueur. Il n’y avait qu’une seule chose inscrite dessus, et c’était un montant en maravédis. Pons Manet le lut, écarta la papier et leva les yeux vers le personnage debout devant lui.
    — Cette somme d’argent détruirait mes affaires, dit Pons. Ma famille serait sauvée de la mort par sorcellerie pour finalement périr de faim.
    — On m’a demandé de vous dire que cet argent n’a jamais été le vôtre et que, par conséquent, vous n’aurez rien perdu. Enfin, vous avez jusqu’à la Toussaint pour payer.
    — À qui ? demanda Pons. La femme secoua la tête.
    — Je l’ignore. On vous le fera savoir.
    Avant qu’il pût ouvrir la bouche, elle sortit précipitamment de la pièce et dévala les escaliers.

CHAPITRE XII
     
    Tôt, le samedi matin, Berenguer de Cruilles envoya chercher Bernat sa Frigola, scribe, secrétaire et officier administratif de son diocèse, et lui confia la tâche consistant à noter et à mettre en ordre les pensées que la crise lui inspirait afin de donner le jour à deux sermons enflammés, un qu’il prononcerait le dimanche, et l’autre le mercredi, jour de la Sant Narcis.
    — Je n’arrive à rien, Bernat, dit l’évêque. Quand je pense à la stupidité de tout cela, je ne puis que secouer la tête et reposer ma plume. Entre ceux qui répandent ces ridicules superstitions païennes et tous les esprits crédules, la ville court à sa perte. La sauver d’agresseurs extérieurs, comme le fit Sant Narcis, me semble plus aisé que de tenter de l’arracher des mains de ses habitants. S’ils la démantelaient pierre après pierre, ils ne pourraient s’y mieux prendre pour la détruire de l’intérieur.
    — C’est vrai, Votre Excellence, répondit Bernat, homme à garder ses opinions par-devers soi. Souhaitez-vous que cela fasse partie du sermon de mercredi ?
    Berenguer réfléchit un instant.
    — D’une certaine façon, nous devons les convaincre qu’ils causent de plus grands dégâts que ne le feraient sorciers et sorcières. Nous pourrions commencer par là. Après un texte adéquat.
    — Un conte, peut-être, Votre Excellence, dit Bernat avec calme. Quelque chose qui illustre la notion de pourrissement intérieur. Chacun le comprendra.
    — Faites de votre mieux et apportez-moi quelque chose cet après-midi.
    — Oui, Votre Excellence. Francesc Monterranes attend de vous voir.
     
    — Un sermon ? dit Francesc, une fois qu’ils eurent fait leurs affaires. Vous pensez qu’un sermon résoudra le problème ?
    L’incrédulité de son ton frisait l’irrespect.
    — Vous n’êtes pas d’accord, c’est cela, Francesc ?
    — Effectivement, Votre Excellence. Mais cela ne peut faire de mal, et puis…
    — Cela apaisera ma bile. Ce n’est pas une bonne raison pour un prêche.
    — Ce n’est pas ce que je suggérais, Votre Excellence. Je voulais seulement dire que cela frappera les esprits pour l’avenir, même si cela n’aide pas vraiment à résoudre le problème actuel.
    — C’est une maigre consolation, Francesc, mais je l’accepte tout de même. Ce pauvre Bernat a dû écarter tous ses autres travaux et voilà qu’il se débat avec mes sermons. J’avais bien songé vous demander de travailler dessus avec moi, mais…
    — Bernat est expert lorsqu’il s’agit d’exprimer en mots simples des idées difficiles, Votre Excellence. Pas moi.
    — Vous êtes un logicien trop subtil, Francesc, pour vous adresser aux gens du peuple.
    — Et je ne puis écrire facilement dans la langue de tous les jours. Je ne suis pas doué pour l’anecdote, c’est pour cela que je tiens les comptes et entends des controverses au lieu de prêcher la crainte de Dieu à des foules de fidèles impressionnés.
     
    — C’est là votre suggestion pour le premier sermon, Bernat ?
    — Oui, Votre Excellence. Ce conte est assez bref, et je sais que ce n’est pas exactement ce que vous recherchiez. Je vais m’atteler à un autre, si vous préférez.
    — Non, pas du tout. Celui-ci ira très bien.
     
    L’évêque monta en chaire, la mine sombre, et contempla l’assemblée. La foule s’était réunie

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