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Requiem sous le Rialto

Requiem sous le Rialto

Titel: Requiem sous le Rialto Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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plus penser au neveu de la princesse. Et surtout à ce nom ridicule ! Julien Sorelli ! N’était-ce pas à se tordre de rire ? Pourquoi pas simplement Giuliano ? Il se serait fait couper la langue plutôt que d’interroger Maria à son sujet.
    À propos, avait-il déjà pris contact avec elle ? Tron leva les yeux de son manuscrit, bâilla et demanda sur un ton anodin :
    — Ton neveu a-t-il donné signe de vie ? Ce jeune homme au prénom français. La comtesse m’a appris qu’il était arrivé dimanche soir.
    À son tour, la princesse leva les yeux de ses papiers.
    — Il s’appelle Julien Sorelli et il est arrivé par le train de Milan. En passant par Vérone.
    Tron bâilla de nouveau.
    — Tu ne m’as jamais dit que tu avais un neveu.
    — Il n’y avait aucune raison. Nous ne nous sommes vus qu’une seule fois. C’était à Paris, il y a au moins dix ans. Je m’en souvenais à peine.
    — Et cette correspondance ?
    — Pardon ? Quelle correspondance ?
    Et voilà ! Prise en flagrant délit.
    — La comtesse m’a rapporté que des lettres circulaient entre Paris et Venise. Et qu’elles contenaient des photographies.
    La princesse observa son fiancé d’un air amusé.
    — T’a-t-elle raconté cela sur un certain ton ?
    Oui, en effet. Cependant, Tron secoua la tête.
    — Si c’est le cas, cela m’a échappé.
    — Alors, tu n’as pas compris le sens profond du message.
    — Quel message ?
    La princesse lui jeta un œil empli de pitié.
    — Tu connais ta mère, quand même ! Elle désire te voir marié.
    — Je ne te suis pas tout à fait…
    — C’est pourtant très simple, Alvise. Elle pense que, si tu es jaloux, tu te résoudras enfin à me demander ma main.
    — Comment ? Pour éviter qu’un autre prenne ma place ? Me vole ma proie ?
    Il rit.
    — C’est absurde ! Quand comptes-tu le rencontrer ?
    — Julien m’a envoyé un billet du palais Cavalli hier, répondit la princesse en tendant la main vers l’étui à cigarettes où elle rangeait ses Maria Mancini. De toute évidence, le comte de Chambord l’a surchargé de travail dès son arrivée. Mais il espère trouver bientôt un moment pour une première visite.
    — Que tu attends avec impatience, je suppose.
    — Que j’attends avec un certain intérêt, confirma la princesse. N’oublie pas que Julien est le secrétaire du comte de Chambord !
    — Depuis quand t’intéresses-tu au comte de Chambord ?
    Maria alluma une cigarette, inhala profondément et expira au-dessus de la table un anneau de fumée parfait.
    — Je ne fais pas partie de ceux qui l’ont déjà enterré, reprit-elle. Napoléon III ne jouit pas d’une position aussi stable que beaucoup le pensent. Si sa chute n’était pas suivie par le retour de la République, le comte de Chambord pourrait être l’homme de la situation. Et si Julien était toujours son secrétaire à ce moment-là, mes affaires ne s’en porteraient pas plus mal.
    Elle adressa à son fiancé un regard de désapprobation.
    — Quant à toi, cela ne te ferait pas de mal de penser à un autre sujet. Tu ne croules pas sous le travail, me semble-t-il, depuis quelques jours.
    Il sourit.
    — Si l’on fait abstraction d’une tentative de meurtre hier, il ne s’est pas passé grand-chose au commissariat, en effet.
    Elle fronça les sourcils.
    — Une tentative de meurtre ? Qu’est-il arrivé ?
    Ah ! il jouissait enfin de son attention.
    — Hier, devant le Quadri , un Autrichien a agressé un habitant de Cannaregio qui arborait une cocarde tricolore à la boutonnière. On les a arrêtés tous les deux. Une fois au poste de garde, l’Autrichien a tenté de tuer l’autre.
    Tron engloutit un morceau d’ananas.
    — Je l’ai désarmé, poursuivit-il, la bouche pleine, et par la même occasion, je lui ai donné un coup de pied sur le nez. Cet olibrius prétendait être officier ! Le pire, c’est qu’il ne mentait pas.
    La princesse ne put s’empêcher de rire.
    — L’incident ne doit pas être du goût de Spaur ! Cela a-t-il des conséquences pour toi ?
    — Je ne crois pas. L’Autrichien était soûl. Le seul problème, c’est que l’affaire a un relent politique.
    — Un officier de Sa Majesté frappé par un policier de Venise ?
    Tron hocha la tête.
    — Cette histoire pourrait jeter une lumière défavorable sur la garde civile.
    — Tu penses à cette remise de prix ?
    — Comment es-tu au courant ?
    — Par un article

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