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Requiem sous le Rialto

Requiem sous le Rialto

Titel: Requiem sous le Rialto Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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Ou la bête tapie au fond de lui les lui avait-elle soufflés ? La bête sauvage qui venait de faire entendre un ricanement baveux. Parfois, il avait du mal à distinguer les deux. Là, par exemple, il sentait monter sa soif d’action. Cependant, il ne lâcherait pas le fauve avant d’avoir ligoté et bâillonné cette catin car, dans l’immédiat, il devait garder toute sa lucidité.
    Devait-on se déshabiller pour faire l’amour dans une gondole ? Ou bien se contentait-on de… défaire sa ceinture ? L’idée le séduisait, mais la bête fauve au fond de lui s’en accommoderait-elle ? Surtout que la fille avait un décolleté des plus appétissants. Et qu’en fin de compte il serait obligé de la déshabiller.
    Ils bavardaient maintenant depuis un petit moment, il était temps de passer aux choses sérieuses. Il glissa donc la main dans son décolleté et lui caressa les seins. Lentement, il déplaça ses doigts vers le bas ; elle l’encouragea d’un sourire. Elle ne se défendit pas non plus lorsqu’il dénuda ses épaules et entreprit de dénouer son corset. Comme les lacets lui donnaient un peu de mal, elle l’aida même à les défaire.
    Du reste, elle semblait dans l’ensemble bien disposée à son égard, ce qui tenait sûrement à sa rémunération plus que généreuse. Il n’avait pas juste accepté son prix sans discuter, il avait surenchéri. Bien entendu, une fois qu’il aurait terminé, il récupérerait les pièces qu’elle avait glissées dans une bourse noire. Il serait idiot que cet argent finisse dans la poche du gondolier ou dans celle d’un policier corrompu.
    Dès lors, ses mains exploraient son buste dénudé. Malgré la faible lueur à l’intérieur du felze , tout ressortait avec une merveilleuse précision : la croix en or à son cou, la petite cicatrice sur sa clavicule, l’arrondi de sa poitrine. À la réflexion, il ne la trouvait pas aussi plantureuse qu’il s’y attendait. La bête qui, elle, ne s’arrêtait pas à de tels détails, avait poussé un hurlement pantelant et brûlait de prendre le commandement.
    Ce qu’elle fit. Il ouvrit grande la bouche, baissa la tête et sentit ses dents – les crocs du fauve – se planter dans son cou. Ah, quelle sensation ! Il s’unit à la bête et sombra dans le tourbillon d’une ancestrale mélodie…
    C’est le cri de la femme, intense et strident, qui le ramena à la réalité et repoussa le fauve dans sa tanière. Il se redressa et, de toutes ses forces, lui écrasa la bouche avec son poing fermé. Un deuxième coup lui brisa la pommette droite et projeta sa tête contre le dossier. Elle gigota encore un instant, puis perdit connaissance. Un mince filet de sang jaillit à la commissure de ses lèvres et coula sur son menton. Il s’en arrangerait. C’eût été beaucoup plus gênant si elle avait saigné du nez car, une fois qu’il aurait enfoncé le mouchoir dans sa bouche, elle se serait étouffée. Ce n’était pas l’effet recherché. Elle devait absolument rester en vie. Et continuer de respirer pour pouvoir reprendre ses esprits.
    Voilà que cet imbécile de gondolier s’était mis à chanter. Même si cela partait d’une bonne intention, c’était assez déplacé. « La femme est légère… » D’un autre côté, se dit-il, ces vers convenaient parfaitement à la situation. Il résolut de parfaire sa générosité en gratifiant le brave homme d’un bon pourboire à l’arrivée. En fin de compte, une nuit fort désagréable attendait le pauvre bougre.
    Il pencha la tête de la catin en arrière, lui écarta les mâchoires et enfonça le mouchoir dans sa bouche. Assez profond pour qu’elle ne puisse pas le repousser avec sa langue, mais pas suffisamment pour l’empêcher de respirer. Avec l’une des lanières en cuir, il lui ligota les chevilles. Il la fit rouler sur le côté, tira ses bras dans le dos, lia ses poignets à l’aide de la seconde lanière et la ramena dans sa position initiale. D’un mouvement rapide et puissant, il déchira sa robe et lui dégagea le ventre. Allongée devant lui comme un cadavre sur une table de dissection, elle était parfaite. Il sortit le flacon de sels. Il devait juste lui rendre un souffle de vie avant d’utiliser le rasoir.
     
    Par la Sainte Vierge ! Il n’avait encore jamais entendu de tels soupirs, de tels halètements, de tels gémissements dans sa gondole. C’était une véritable orgie ! Vraiment, ce vicieux n’avait pas fait les choses

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