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Requiem sous le Rialto

Requiem sous le Rialto

Titel: Requiem sous le Rialto Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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tabac et d’alcool plutôt que de l’approuver.
    Ici, contrairement à ce qui se faisait dans la plupart des hôtels vénitiens, on avait renoncé aux décorations de carnaval. Le réceptionniste derrière le sobre comptoir ne portait pas de petit chapeau bariolé. On n’avait pas non plus accroché de serpentins aux lustres. Allait-on lui demander de retirer son masque sous prétexte qu’il ne correspondait pas au style de la maison ? Le couple d’un certain âge qui consultait le plan de Venise fixé au mur n’était pas déguisé non plus, bien entendu.
    Il s’avança vers le comptoir et indiqua le numéro de la chambre. Le réceptionniste lui répondit sans sourciller qu’elle se situait au premier étage. Il gravit l’escalier en riant à l’idée que cette façade de respectabilité abritait un hôtel de passe habilement camouflé. La veille, la belle blonde aux yeux verts lui avait laissé entendre qu’elle recevait un autre chevalier servant sur le coup de neuf heures, ce qui n’était pas pour lui déplaire. La bête au fond de lui avait à présent tous les sens en éveil. Il la sentait vibrer, assoiffée d’action. Arrivé à destination, il frappa et s’éclaircit la gorge de manière perceptible. Il entendit des pas de l’autre côté. Un instant plus tard, la porte s’ouvrit.
    Mon Dieu, qu’elle était appétissante ! Elle portait une robe d’intérieur cintrée, qui descendait jusqu’à la cheville, et des mules. Ses jambes étaient nues. Comme au Mulino rosso , elle l’observa de ce regard particulier qui l’avait amusé. Elle devait le prendre pour un bon père de famille sorti de sa province. Était-il le premier homme qu’elle recevait ce jour-là ? Non, cela paraissait peu probable. Comme le lit était recouvert d’un jeté à fleurs, il n’aurait su dire si elle avait changé les draps. Au fond, cela n’avait aucune espèce d’importance.
    La suite se déroula sans surprise. Après avoir réglé l’aspect financier, ils discutèrent un moment et burent même un petit verre. Néanmoins, il n’eut pas l’occasion de prononcer sa phrase sur les zétoiles parce que la bête en lui le poussait à accélérer et que, par ailleurs, le ciel était couvert.
    Lorsqu’il sortit enfin le rasoir et lâcha la bride au fauve, la jeune femme était toujours consciente. La lanière en cuir se resserrait autour de son cou, elle cherchait l’air en râlant, mais elle vivait encore et se débattait avec l’énergie du désespoir. Malgré les soubresauts du corps à l’agonie, il pratiqua la première incision et observa avec fascination le sang qui en jaillissait. À cet instant, il jouit de l’ivresse que lui procurait l’union avec la bête au fond de lui.
     
    Une fois qu’il eut terminé, il n’eut pas grand-chose à ranger. Il avait mis à temps le couvre-lit en lieu sûr et utilisé le matelas en guise de table chirurgicale. Inévitablement, du sang avait coulé pendant l’intervention, mais il avait glissé le long du corps et avait été absorbé par la literie. L’organe était posé proprement sur la table de chevet où il brillait maintenant comme du bronze poli dans la lueur du chandelier. Il ne lui fallut pas longtemps pour effacer quelques giclées répugnantes sur le plancher et le montant du lit à l’aide du gant de toilette et de la serviette mouillés.
    Mû par une inspiration subite, il ouvrit le tiroir de la table de chevet et y fourra l’organe d’un geste énergique. Puis il nettoya le dessus de la table de nuit avec le gant de toilette qu’il jeta ensuite sous le lit. Après s’être relevé, il recula d’un pas pour admirer son ouvrage. Le résultat lui parut plus que satisfaisant. Le corps reposait sagement sous le couvre-lit. On n’en distinguait que la chevelure blonde. Le matelas devait maintenant être imbibé de sang, mais au premier coup d’œil on ne décelait aucune trace de son étrange opération. Celui qui entrerait après lui dans cette chambre aurait l’impression que la jeune femme s’accordait un petit somme. Jusqu’au moment où il essaierait de la réveiller.
    Ouf ! Il s’étira, se massa la nuque et constata qu’il était épuisé. Cela n’avait rien d’étonnant après ce qu’il venait de faire. Il jeta un coup d’œil à sa montre. Il était seulement huit heures et quart. Rien ne lui interdisait quelques minutes de repos. Le prochain client n’arrivait qu’à neuf heures. Et la bête ? Elle ne donnait plus

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