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Requiem sous le Rialto

Requiem sous le Rialto

Titel: Requiem sous le Rialto Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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crise de jalousie.
    Le neveu au sourire mielleux avait suivi le récit de l’arrestation avec la mine d’un amateur de romans noirs – plus il y avait de sang, mieux c’était. Il observait maintenant le commissaire, les yeux étincelants.
    — A-t-il avoué ? demanda-t-il.
    Tron eut le sentiment que, pour lui faire plaisir, il aurait dû prétendre avoir fait usage de la torture.
    — Il a juste reconnu s’être rendu à la pension Seguso , dit-il, et avoir pris le train de Vérone dimanche soir il y a huit jours.
    Le jeune homme leva la tête d’un geste brusque.
    — Vous voulez parler du train de nuit ?
    Tron acquiesça.
    — Oui, un crime a également eu lieu dans ce train, le premier de la série, semble-t-il. Le meurtrier a ensuite jeté le cadavre dans la lagune. Cependant, nous n’avons pu identifier la victime qu’aujourd’hui.
    Son vis-à-vis avait pâli.
    — L’assassin a-t-il aussi découpé le… ?
    — En effet, dit le commissaire. Pourquoi posez-vous cette question ?
    — Parce que je voyageais moi-même dans ce train. Mais ne me demandez pas si j’ai remarqué quoi que ce soit ! Il a plu sans arrêt et j’étais mort de fatigue.
    Le neveu de Maria s’empara de sa cuillère et poursuivit d’une voix cassée :
    — A-t-il révélé d’autres détails ?
    — Non. Pour le reste, il n’a raconté que du charabia.
    C’était l’exacte vérité. Pendant l’interrogatoire, l’Autrichien avait répété, le visage écarlate, qu’il voulait simplement passer à l’action sans que Bossi et lui parviennent à savoir ce qu’il entendait par là.
    — Cet homme est-il vraiment fou ?
    La princesse plongea sa cuillère dans son parfait à la banane * en même temps que son neveu. Harmonie des âmes ?
    — Cela ne fait aucun doute. Spaur était d’ailleurs ravi. Il était moins enchanté, en revanche, par le nouvel article paru dans la Gazzetta .
    Comme on pouvait le craindre, la Gazzetta di Venezia avait consacré trois colonnes au crime de la pension Seguso . Le journaliste laissait entendre que les habitants avaient pour le moment une confiance plutôt modérée dans leur police.
    Julien Sorelli, qui ne connaissait pas encore tout le monde à Venise, fronça les sourcils.
    — Qui est Spaur ? demanda-t-il.
    — Mon supérieur hiérarchique, répondit Tron. Ces crimes lui causent beaucoup de tracas parce que le ministère a organisé une sorte de concours entre les différents commandants de police autrichiens. Trop de meurtres nuisent aux statistiques. Et une mauvaise presse encore plus !
    — Avez-vous informé vous-même la Gazzetta  ?
    Le commissaire secoua la tête.
    — Non. J’ai envoyé mon rapport en deux exemplaires au commandant de police, lequel en conserve un et envoie l’autre au commandant de place Toggenburg. C’est lui qui a dû prévenir la presse, sans nous demander notre avis, bien entendu. N’oubliez pas que nous sommes un pays occupé, monsieur Sorelli.
    — Ce qui n’est pas pour te déplaire ! lâcha Maria d’un ton mordant.
    — La princesse, expliqua Tron à leur hôte, souhaite le rattachement au Piémont. Moi, de mon côté, je demeure sceptique.
    — À cause de la situation dans le Mezzogiorno ?
    Pardon ? Le commissaire acquiesça d’un air surpris. Le neveu venait de marquer un point. Pendant un instant, Tron eut le sentiment qu’il allait commenter l’actualité dans le sud de l’Italie. Mais le jeune homme revint au sujet initial.
    — Si je comprends bien, ce Toggenburg voulait vous discréditer.
    Tron haussa les épaules.
    — Lui ou un officier de son état-major.
    — Ton grand ami le colonel Stumm, par exemple ? suggéra la princesse.
    — Stumm von Bordwehr ? releva le jeune homme.
    Le commissaire approuva.
    — Oui, j’ai eu quelques ennuis avec lui récemment. Vous le connaissez ?
    — Connaître est un grand mot. Disons que j’ai été frappé par ce nom bizarre sur ses bagages.
    — Ne me dites pas que vous l’avez rencontré dans le train de Vérone ! s’exclama Tron.
    — Nous avons échangé quelques mots à la gare, confirma Julien. Ses valises avaient été déposées dans mon wagon à la suite d’une erreur. Le colonel accompagnait le porteur venu les rechercher, il m’a présenté ses excuses. Pour le reste, il n’était pas en uniforme.
    Julien dévisagea Tron.
    — Pourquoi vous intéressez-vous à lui ?
    — Parce qu’il connaissait la femme assassinée dans la

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