Retour à l'Ouest
fin officielle des hostilités,
alors que la paix était signée et qu’on le savait des deux côtés du front. Ces
dernières tueries, entièrement superflues, remplacent au bas du traité de
spoliation et d’oppression la signature du Fusilleur. On retrouve en tout ceci
son mépris de l’homme, mépris du matériel humain doublé d’une colère aveugle
contre ceux qui, meilleurs, plus fiers, plus dignes que lui, lui résistent. Il
a mené cette guerre jusqu’au bout ainsi qu’un procès de Moscou, avec la même
fourberie et la même inhumanité, tombant nécessairement au-dessous des normes, assez
inhumaines pourtant, de la guerre moderne, fixées par les mœurs de la
civilisation capitaliste.
II. – La cynique désinvolture avec laquelle Staline a lâché
Kuusinen, nous l’avions prévue… Qu’est devenu le « gouvernement populaire
de la République finlandaise » avec lequel l’URSS signa un traité de paix
et d’amitié ? Auquel l’URSS céda de son plein gré un vaste territoire au
nord du lac Ladoga, « estimant (nous citons de mémoire ce singulier
document) que l’heure était venue de réaliser l’unité des peuples de Carélie et
de Finlande » ? Les peuples de Carélie et de Finlande sont bafoués, ruinés,
mutilés. Le traité de décembre n’est plus en mars qu’un chiffon de papier
maculé de sang innocent. Le « gouvernement populaire » de Térioki
sombre dans le ridicule et l’odieux. Il ne reste plus à Staline qu’à faire
fusiller Kuusinen, qui avouera, n’en doutez point, tout ce que l’on voudra. Si
même dans Viborg dépeuplée et en ruines, le Fusilleur installait un
gouvernement fantôme, Kuusinen n’y pourrait figurer longtemps. Après s’être
rendu le complice d’un tel crime contre son peuple, il est devenu par trop
gênant. Le prestige de Staline – s’il est permis de parler de ça – et celui de
l’URSS sont tout deux éclaboussés de cette honte. Deux fois l’URSS stalinienne
a forfait sa signature, en déchirant le traité de non-agression conclu avec
Helsinki, en déchirant le traité conclu avec Kuusinen. Ni scrupules ni respect
humain dans ce comportement dicté en dernier ressort par la peur. Et nous voici
de nouveau bien au-dessous des normes du droit international de la bourgeoisie.
III. – Depuis les origines du bolchevisme, les marxistes
révolutionnaires russes n’ont jamais varié sur la reconnaissance absolue du
droit des nationalités. La question n’est pas simple, les guerres et les
guerres civiles l’ont compliquée, nous le savons ; mais la réaction
stalinienne elle-même s’était efforcée jusqu’à ces derniers temps de
sauvegarder au moins les apparences du respect des nationalités au sein et en
dehors de l’Union… Plus rien n’en subsiste ! La doctrine traditionnelle
est foulée aux pieds. Elle le fut une première fois quand Staline livra toute
la Pologne ethnique au III e Reich, c’est-à-dire à la conquête
brutale et à la dévastation. Elle l’est de nouveau par la tentative d’assassinat
commise contre la Finlande et par la mutilation de ce pays. Rien, en effet, d’aucun
point de vue doctrinal soviétique, ne saurait justifier l’annexion de Viborg, ville
purement finlandaise. Et les gouvernants de Moscou répétaient depuis des années :
« Nous ne voulons pas un pouce du territoire d’autrui, nous ne céderons
pas un du nôtre » ! Deux fois en moins de six mois, sur ce seul point,
ils ont trahi leur propre doctrine officielle.
Le reniement et la trahison des idées qui firent la grandeur
de la révolution russe, le mépris des traités, le mépris de la parole donnée, le
mépris des traités, le mépris du droit des peuples, le mépris de l’homme, le
mépris du sang versé, une extrême brutalité au service d’une peur noire, ces
traits de caractère nous les avons retrouvés à toutes les pages de la
biographie de Staline. Le Fossoyeur de la révolution russe a marqué le traité
de son empreinte personnelle : et c’est une empreinte digitale écrasée
dans un caillot de sang.
Un livre d’Otto Strasser *
26 mars 1940
Le leader du « Front noir »,
Schwarzefront
, ce front invisible d’une
opposition qui prétend dresser contre Hitler les éléments sains et révolutionnaires
du nazisme, Otto Strasser [363] ,
réfugié en France, vient de publier chez Bernard Grasset un livre très vivant :
Hitler et moi
. Je n’aime pas
ce titre trop teinté d’orgueil et qui semble
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