Retour à l'Ouest
à la mi-juin. Dès auparavant, tout le haut
commandement de l’armée a été subitement remanié, limogé, emprisonné. Outre les
huit fusillés, plusieurs chefs d’armées comme Levandovski et Mouklévitch, brusquement
révoqués, ont disparu [141] .
Dans l’atmosphère actuelle de l’URSS, les complots au sens
sérieux du mot, sont impossibles. Si quelques-uns des fusillés ont eu, autrefois
ou naguère, des contacts avec l’état-major allemand, ç’a été non par esprit
germanophile, mais d’ordre du Bureau politique, d’ordre de Staline ; de
même que Iagoda n’a monté les procès des vieux bolcheviks que par ordre. Toute
l’autorité est concentrée entre les mains du Bureau politique auquel depuis
bien longtemps il est devenu pratiquement impossible de désobéir. Que s’est-il
donc passé ? Probablement rien, dans l’ordre des faits. Mais le haut
commandement, formé d’hommes de guerre appartenant à la génération sacrifiée de
1917-1921, devait avoir un état d’esprit nettement hostile au Chef. Cela
suffisait pour qu’on le fît disparaître.
Sans doute n’y a-t-il pas eu de procès, même à huis clos. Tous
les recoupements le font croire. La tragédie russe continue inexorablement…
La guerre du mensonge *
3-4 juillet 1937
Le
Leipzig
a-t-il été frôlé par une torpille ? A-t-il frôlé une mine ? Nous n’en
saurons jamais rien, mais le souffle de la guerre a passé sur l’Europe. Le
Deutschland
a-t-il tiré le premier, voulu
tirer, été agressé ? Nous ne le saurons pas davantage et d’ailleurs n’avons
pas grand besoin de le savoir, voyant très bien qui, en l’occurrence, cherche
la guerre ou exerce le grand chantage à la guerre.
Il a fallu des dizaines d’années pour éclaircir, parmi les
causes de la guerre franco-allemande de 1870, le mauvais coup de la dépêche
falsifiée d’Ems. Falsifiée sur les ordres de Bismarck pour donner à la France
de Napoléon III le sentiment qu’elle était offensée et lésée dans l’affaire de
la succession au trône d’Espagne… Plus tard, la guerre hispano-américaine
éclata à la suite d’une explosion qui s’était produite à bord du cuirassé
américain
Maine
dans un port
espagnol. Comment et pourquoi, on ne le sait pas encore exactement. En 1914, l’Allemagne
pour justifier sa déclaration de guerre à la France publia un communiqué sur le
bombardement de Nuremberg par des avions français… Pur mensonge. Avant l’agression
de l’Italie contre l’Éthiopie, – nation amie rappelons-le, dont l’Italie
elle-même avait facilité l’entrée dans la Société des nations, – que d’obscurs
incidents de frontières en pays de Somalie (et d’ailleurs en territoire abyssin ;
mais allez-y voir !) et quel déchaînement de mensonges…
Dans la préparation à la guerre, comme dans la conduite de
la guerre, les maîtres actuels du monde n’ont pas d’arme plus efficace que le
mensonge. Gaz asphyxiant répandu par la presse, la TSF, la télévision, la photo,
le cinéma, la statistique, la bonne foi des simples gens qui le répètent, la
mauvaise foi payée des charlatans, gaz asphyxiant qui étouffe les consciences. Sans
étouffer la conscience des hommes aucune guerre n’est possible aujourd’hui
sinon peut-être la guerre sociale (pour ou contre la propriété privée des
moyens de production, pour ou contre le socialisme).
Effroyable dossier qu’il faudrait diffuser à millions d’exemplaires,
faire étudier dans les chaumières les plus perdues, dossier contrepoison, acte
d’accusation irréfutable contre ce temps noir ! Titre :
Guernica ou la Technique du Mensonge
. Des
écrivains catholiques l’ont réuni et publié dans la revue
Esprit
en juin. « Il restera toujours
quelque chose du mensonge le plus effronté » démontre fortement Hitler à
la page 252 de
Mein Kampf
et
les auteurs du dossier mettent en exergue quinze lignes parfaites de cette
démonstration que tous les dictateurs totalitaires pourraient signer du même
stylo que les maîtres occultes de la presse bourgeoise dans les pays démocratiques.
Les faits, on les connaît. Guernica, petite ville basque, foyer
national d’un petit peuple catholique dont la très grande infortune est aujourd’hui
de posséder des mines de fer, Guernica fut bombardée, mitraillée, incendiée, détruite
le 28 avril par des avions allemands au service des nationalistes d’Espagne (de
ces nationalistes qui s’acharnent à assassiner la
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