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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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savez, frisé le scandale avec les Russell. Le pasteur a raconté à mon père que Malcolm avait fait poser ses deux filles nues.
     
    – Et qu'a répondu lord Simon ?
     
    – Que les poulettes blanches devaient un jour ou l'autre être déplumées, et que le mieux, s'il voulait épargner à ses filles un déplumage prématuré, serait de leur trouver un poulailler loin de Soledad, rapporta Ottilia en riant.
     

    Le joli frais étant, en langage marin, devenu bon frais dès la sortie de l'archipel, le Phoenix parcourut en moins de soixante heures les sept cent soixante-cinq milles séparant Soledad des côtes de la Caroline du Sud.
     
    Au contraire des forceurs de blocus, qui se présentaient de nuit, tous feux éteints, pour se glisser entre les navires fédéraux sans attirer l'attention des veilleurs, Lewis Colson, suivant les consignes de lord Simon, voulut que le Phoenix franchît, de jour et à son allure, le barrage – au demeurant perméable – de la marine de l'Union. Le commandant, comme son second, savait qu'à bord de la douzaine de bateaux nordistes à la cape entre les îles Sullivan, au nord, et Morris, au sud, pour interdire l'accès au principal chenal conduisant au port de Charleston, l'ordre serait donné de lever l'ancre et d'arraisonner le Phoenix dès qu'il serait en vue.
     
    Les vigies devaient être attentives car, vers midi, par temps clair, alors que le Phoenix , cinglant route à l'ouest, se dirigeait vers la baie formée par les embouchures confondues des fleuves Cooper et Ashley, qui font de Charleston, à six milles de l'océan, une presqu'île, on vit deux frégates, portant la bannière étoilée et crachant des nuages de fumée noire, se lancer à la poursuite du voilier.
     
    Le commandant fit aussitôt rassembler l'équipage sur le gaillard d'avant.
     
    – Nous n'allons ni ralentir ni dérouter. Rien n'indique, dans les instructions nautiques dont je dispose, que le blocus soit applicable à un yacht britannique, dit maintenant bateau de plaisance, ne faisant pas mystère de sa destination. Le bosco donnera cependant l'ordre d'abattre les voiles dans le cas d'un tir de semonce. Si cela devait se produire, nous mettrions en panne en attendant d'éventuels visiteurs. J'attends de tous et de chacun politesse sans obséquiosité envers les officiers et matelots fédéraux. Ce sont des marins comme nous et leur tâche n'est guère plaisante. Maintenant, à vos postes !
     
    Le commandant ordonna au maître d'équipage de placer à la proue trois hommes attentifs.
     
    – Qu'ils signalent au sifflet tout obstacle émergeant, car les Fédéraux ont coulé par ici des bateaux emplis de pierres, conclut l'officier.
     
    De retour sur la passerelle où Charles était admis, Lewis Colson, s'adressant à son état-major, se montra plus loquace.
     
    – Étant donné que ce vent gaillard nous emmène à plus de douze nœuds, nous allons essayer d'éviter le contact avec les Américains. Nous entrerons par le chenal du nord, entre Fort Sumter et Fort Moultrie. Une fois dans la baie, nous irons mouiller devant les docks, sur le Cooper, annonça le commandant.
     
    Au cours des heures suivantes, Charles eut tout loisir d'apprécier une fois encore l'audace et l'habileté manœuvrière de Lewis Colson, ainsi que la cohésion d'un équipage dévotement soumis à celui que tous respectaient.
     
    – Ne chicanez pas le vent, lança Colson au timonier.
     
    Les mains crispées sur les manetons de la roue de gouverne, le quartier-maître maintenait sans faiblir le cap du voilier.
     
    Desteyrac avait le sentiment que, du commandant au mousse, tous étaient engagés dans une compétition épique et ne pensaient qu'à conduire le bâtiment dans le chenal avant qu'il ne soit inquiété par les vapeurs fédéraux.
     
    – Je parie que le Phoenix , portant bon plein par grand largue, ne sera pas rejoint par les vapeurs poussifs des Yankees, souffla Tilloy à Charles en lui offrant ses jumelles.
     
    – Regardez le plus proche. Jamais vu vapeur faire autant de fumée. À l'avant, on pointe le canon en chasse, les canoniers préparent le tir de semonce, mais leur navire est trop loin du nôtre pour ajuster avec succès le coup réglementaire. Et, pour l'heure, ils ne gagnent pas sur nous.
     
    Desteyrac observa un instant le poursuivant, puis rendit les jumelles à Mark qui reprit aussitôt sa surveillance.
     
    – Avec le chuintement du vent dans la voilure, le grincement des

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