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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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veille, notre écrivain vous montrera les papiers du navire. Il appartient à lord Simon Leonard Cornfield, et notre port d'attache est l'île Soledad, dans l'archipel des Bahamas, dit Colson, certain que le seul nom de Bahamas allait provoquer à la fois intérêt et suspicion.
     
    – Les Bahamas ! Nassau n'est-il pas l'arsenal du Roi-Coton ? L'abri de tous les aventuriers qui tentent, chaque nuit, de forcer le blocus ? dit d'un ton aigre l'officier.
     
    – Il se peut ; mais Soledad se trouve dans le sud de l'archipel, à deux cent cinquante milles de Nassau, et je ne suis pas ce que vous nommez un blockade runner . D'ailleurs, je n'ai pas tenté de forcer le blocus, et vous ne trouverez à bord ni coton, ni militaire confédéré, ni diplomate sudiste, expliqua posément Colson.
     
    – Puis-je connaître alors les raisons de votre escale à Charleston ? Une de nos frégates vous a donné la chasse, ce me semble, il y deux jours.
     
    – J'ose espérer que l'incendie qui s'est déclaré à bord de ce bateau n'a pas fait de victimes. Nous marchions à notre allure habituelle, dans les dix nœuds, et personne à bord ne pouvait imaginer que ce serait interprété comme une fuite ou une dérobade, dit Lewis Colson, s'appliquant à une convaincante naïveté.
     
    – Peut-être aviez-vous à bord des armes et de la poudre, commandant ?
     
    – Rien de tout cela, je vous assure. Le Phoenix ne portait, comme aujourd'hui, que son lest. Aucune cargaison. Sa Très Gracieuse Majesté la reine Victoria a demandé à tous ses sujets d'observer une parfaite neutralité dans le conflit fratricide qui vous oppose à vos compatriotes du Sud. La sympathie d'une nation qui a aboli l'esclavage en 1834 irait sans conteste à votre armée si cette guerre ne privait pas l'industrie textile anglaise de coton, ce qui a réduit au chômage des milliers d'ouvriers britanniques et français.
     
    – Les rebelles du Sud sont responsables de cette situation ; c'est pourquoi sont suspects tous les navires qui leur rendent visite.
     
    – Au cours de notre brève escale en Caroline, nous n'avons pas, je vous l'assure, enfreint la consigne de neutralité donnée par notre souveraine.
     
    – Mais alors, cette croisière ?
     
    – Je suis allé chercher à Charleston une proche parente de lord Simon Cornfield. Une lady très malade, de qui on veut encore espérer que le climat salubre et le soleil des Bahamas, d'ailleurs recommandés par vos médecins, lui seront salutaires. Pourvu qu'elle supporte la traversée ! ajouta le commandant.
     
    – Cette lady est à bord ?
     
    – Si, en visitant le bateau, pour constater par vous-même que nous ne transportons ni coton ni marchandises suspectes, vous voulez vous assurer de la présence de cette dame, je lui demanderai de vous recevoir un instant. C'est une fort jolie femme, et c'est misère de la voir ainsi.
     
    Visiblement ébloui par les aménagements raffinés du voilier, les cuivres étincelants, le pont de teck régulièrement poncé, les portes d'acajou vernissé, la tenue uniforme des matelots portant au bonnet un phénix brodé au fil d'or qui rappelait la figure de proue, le commandant du Storm se rendit, accompagné par le capitaine Tilloy, dans la chambre de veille. Michael Hocker présenta avec déférence les papiers, le livre de bord du bateau et le rôle d'équipage.
     
    Par un regard dans les écoutilles, l'officier s'assura ensuite que les cales étaient vides et fut invité à rejoindre le commandant Colson sur la passerelle. En marin, il apprécia la qualité des instruments de navigation et ne put s'empêcher d'empoigner les manetons de macassar poli de la roue de gouvernail, dont le pivot de bronze portait les armes des Cornfield.
     
    – Beau bateau, commandant. Depuis l'Académie navale, je n'ai plus navigué sur un voilier. Je vous envie, dit Follett, prêt à prendre congé.
     
    – Acceptez, je vous prie, un rafraîchissement dans mon salon. En vous l'offrant, je n'ai pas conscience d'enfreindre la neutralité, dit Lewis Colson à qui le commandant du Storm devenait sympathique.
     
    Mark Tilloy intervint pour dire que Varina Cornfield se ferait un devoir, bien que très lasse, de recevoir l'officier américain.
     
    – Conduisez le commandant à l'appartement de notre passagère, et rejoignez-nous au salon avec Charles Desteyrac, ordonna Lewis.
     
    Varina s'était préparée à l'entrevue qui allait lui permettre de montrer ses

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