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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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vie ne durera, au regard de l'éternité, que le temps d'un soupir de puce ! conclut Paul Taval en emplissant à nouveau les verres.
     

    Rasséréné sans être totalement libéré, Charles reprit le chemin du Cornfieldshire. En approchant de Valmy, il aperçut Ounca Lou qui guettait son arrivée sur la galerie de la maison. Elle ne lui laissa pas le temps de mettre pied à terre.
     
    – Lord Simon veut vous voir de toute urgence à Cornfield Manor. Il a déjà fait appeler le major Carver, le commandant Colson et David Kermor. Pibia est à la recherche de Tilloy, parti en promenade avec Gertrude, dit-elle précipitamment.
     
    – Que se passe-t-il pour justifier pareille mobilisation ? demanda Charles.
     
    – Je l'ignore. Sans doute quelque événement grave. Les dernières nouvelles de Charleston ne sont pas bonnes. Les Fédéraux bombardent la ville, et Varina ne décolère pas. Mais là n'est sans doute pas l'affaire. Allez, on vous attend, ordonna Ounca Lou.
     
    Plusieurs voitures stationnaient devant le grand escalier de Cornfield Manor. Charles gravit les marches et entra dans le hall sans être annoncé, Pibia étant absent.
     
    Des bruits de conversation venaient du cabinet de travail. Il s'y rendit et trouva la porte ouverte. Debout derrière sa table, habit boutonné, rigide, les maxillaires noués, lord Simon fixait, impatient, la tête de cristal posée sur une sellette devant Edward Carver, Uncle Dave et le commandant Colson, silencieux.
     
    – Entrez, Charles. J'ai besoin de connaître votre sentiment et ceux de nos amis sur ce que m'apprend cette lettre, apportée tout à l'heure par un courrier du gouverneur de Nassau. Bien que Tilloy ne soit pas encore là, je vais vous la lire, dit Simon Leonard, prouvant par cette brève péroraison le souci qu'il avait de donner un relief quasi théâtral au moment.
     
    Sur l'enveloppe d'où Cornfield tira une feuille de papier, Charles eu le temps de voir le timbre américain qui révélait l'origine du message. Il pensa à une lettre d'Ottilia mais fut vite détrompé.
     
    – Mes amis, cette lettre m'est adressée par le colonel William Sampson... oui, oui, cet officier qui fut quelque temps fiancé à lady Ottilia, crut bon de préciser le lord en constatant l'étonnement de ses visiteurs.
     
    » Voici ce qu'il écrit, de l'état-major de l'armée du Potomac où il sert, enchaîna Cornfield : “Il est de mon devoir d'amitié pour votre famille, et par fidélité aux sentiments qui m'ont autrefois rapprochés de lady Ottilia, aujourd'hui l'épouse de l'honorable Malcolm Cuthbert Murray, de vous informer que votre fille a été arrêtée et emprisonnée à Wilmington, Caroline du Nord, par les autorités sudistes. Elle est accusée d'espionnage au service de l'armée des États-Unis, à laquelle j'ai l'honneur d'appartenir.”
     
    – Non ! Ottilia espionne ! interrompit Carver, stupéfait.
     
    – Eh bien moi, ça ne m'étonne pas ! s'exclama Charles.
     
    Lord Simon reprit la parole.
     
    – Moi non plus, car je n'ai jamais cru à sa vocation d'infirmière. Mais attendez la suite : « Il y a quelques mois, lady Ottilia se présenta à l'état-major du général Ulysses Simpson Grant, à Corinth, Mississippi, apportant spontanément des informations sur les mouvements d'une armée sudiste commandée par le général confédéré Pierre Gustave Toutant de Beauregard. C'est par votre cousin de Charleston, le planteur Bertie III Cornfield, membre du Sénat confédéré, que votre fille avait pu entrer en relation avec l'état-major de Beauregard. Admise au service d'inspection sanitaire de l'armée rebelle, elle rencontrait des officiers confédérés blessés et, usant du charme que nous lui connaissons, recevait leurs confidences. Sous couvert de ses fonctions, qui la conduisaient à se déplacer d'un corps d'armée sudiste à l'autre, elle décida de recueillir des renseignements susceptibles d'être utiles à ceux qui luttent contre les esclavagistes. Quand, par nos services secrets que dirige Allan Pinkerton, j'appris son courageux engagement, il me fut facile de me mettre en rapport avec elle. Et l'état-major général me confia la mission d'organiser l'acheminement des renseignements qu'elle collectait. Nous utilisions, pour ce faire, des contrebandiers qui passent, du Nord au Sud, des médicaments et de l'encre d'imprimerie, et rapportent au Nord du coton et du tabac. Nous pensons qu'elle a été trahie par l'un de

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