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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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procédure vous déplaît.
     
    – Elle me déplaît autant qu'elle vous embarrasse. Mon oncle m'envoie de l'argent et je n'en puis disposer !
     
    – La lettre de crédit de lord Simon n'est pas destinée à vous permettre de retourner à la table de jeu pour tenter de vous refaire, comme vous dites. Nous devons vous éviter à la fois la prison pour dettes et le déshonneur. Pensez aussi à Ottilia. Elle porte votre nom, Malcolm !
     
    – Ah, Otti ! Lady Ottilia ! Bien sûr ! Lors de notre dernier séjour à Londres, elle m'a permis de régler mes dettes au White's Club. Mais, cette fois, elle a fait la sourde oreille, et le gouverneur a prévenu Simon. Telle que je la connais, elle doit attendre, en riant, de voir comment je vais m'en sortir. Je ne lui en veux même pas de m'avoir écrit : « Tu seras toujours un perdant ! » C'est pourtant le genre de phrase qu'un homme n'aime pas lire, dit Murray, rageur.
     
    – Les faits semblent depuis longtemps lui donner raison, Malcolm. Le jeu n'a jamais été votre affaire. Vous lui devez votre exil à Soledad, et nombre de déboires. Renoncez-y avant qu'il ne soit trop tard, et dites-moi maintenant qui a gagné les bijoux de Varina que vous avez eu l'imprudence de jouer. Je suis chargé de les racheter et de les lui restituer, dit Charles.
     
    – Pour Varina, mon cher, l'affaire s'est réglée toute seule... et de la façon la plus romanesque. Vous arrivez trop tard. N'ayant plus une livre sterling ni un dollar, j'ai d'abord joué les perles de son collier une à une. Ça l'amusait beaucoup. Puis, le collier épuisé, j'ai joué ses bracelets et ses bagues. Quand elle a dit : « Malcolm, je me sens toute nue, sans bijoux », toute la table a ri. Un de mes partenaires, le plus chanceux ce soir-là, un Espagnol de Cuba, propriétaire de plantations et de deux sucreries, a décidé de racheter aux autres les bijoux de Varina et les lui a rendus en disant : « Bénie soit la madone qui vous a faite si belle ! » Un véritable hidalgo, n'est-ce pas ? commenta Murray en ricanant.
     
    – C'est de la dernière galanterie, reconnut Charles.
     
    – Plus encore que vous ne pensez. Pâmée comme une pensionnaire, notre Varina est tombé amoureuse de l'Espagnol, lui aussi très épris d'elle. Aujourd'hui, ils voguent vers Cuba à bord d'un vapeur de la Cunard. L'hidalgo aurait l'intention d'épouser Winnie aussitôt après son divorce.
     
    – Voilà qui m'évite des démarches pénibles. Mais qu'en est-il des joueurs moins chevaleresques avec lesquels vous auriez joué ? demanda Charles.
     
    – À ceux-là, je ne dois rien. J'ai su qu'ils formaient une équipe organisée. Ils ont gagné en usant de cartes truquées. La police – car nous avons maintenant à Nassau une vraie police 6  – a été prévenue par le neveu de l'évêque de la Jamaïque, qui s'est fait plumer comme moi par ces types venus de New Orleans ! Naturellement, cette plainte n'a connu aucune suite, les constables dépourvus d'expérience ayant peut-être été achetés par les Américains !
     
    – Restent donc vos honnêtes créanciers. Dressez-m'en la liste et dites-moi où les trouver. Je leur rendrai discrètement visite et, me présentant comme votre secrétaire, je réglerai vos dettes... d'honneur, proposa Charles.
     
    Malcolm Murray se résigna et donna le nom de trois joueurs, gens de bonne réputation qui, comme lui, habitaient l'hôtel.
     
    – Dès que cette affaire sera réglée, nous embarquerons sur l' Arawak . Je vous conseille de boucler vos bagages et de demander votre note, que je suis aussi chargé de régler, dit Charles.
     
    – La voici, mon cher, on me la présente tous les matins, indiqua Murray en tendant une liasse de factures à Charles.
     
    – Il semble que vous ayez fort généreusement tenu table ouverte, s'étonna Charles au vu de la somme totale réclamée par le caissier de l'hôtel.
     
    – J'ai un rang à tenir, en effet. Ne soyez pas mesquin, mon ami, trancha Malcolm, d'un ton dédaigneux.
     
    – Quand on porte un nom aussi estimé en Écosse que celui du frère de Marie Stuart, tenir son rang est se conduire autrement que vous le faites, riposta sèchement Desteyrac.
     
    Déconfit, le débiteur émit sans insister l'intention d'accompagner son ami à la banque.
     
    – C'est inutile. Vous seriez gêné et moi aussi, dit Charles, quittant son siège.
     
    – Il se pourrait que les vilains de New Orleans, qui ont

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