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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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la Couronne, observa Tilloy.
     
    – Parce qu'il est mon neveu et mon gendre, Malcolm a été seulement assigné à résidence au Victoria, dont le caissier est aussi l'un de ses créanciers : il n'a plus un shilling pour payer sa note. D'après le message du gouverneur, il aurait même joué et perdu, bien sûr, les bijoux de Varina qui porte encore, pour ma honte, le nom de Cornfield. Telle est la triste situation, acheva le lord, visiblement accablé, souffrant dans son orgueil d'avoir à faire une telle confidence.
     
    – Qu'attendez-vous de nous ? demanda Charles qui, sans plaisir, subodorait la mission.
     
    – Je voudrais que vous alliez à Nassau pour désintéresser les créanciers de Murray, après vérification des créances, bien sûr, car on rencontre là-bas des joueurs professionnels, venus de New Orleans, que n'étouffent pas les scrupules. Il faudra aussi racheter, à qui les détient, les bijoux de Varina. Enfin, je vous demande de me ramener notre olibrius pieds et poings liés, s'il le faut. Acceptez-vous de rendre ce service à notre famille ? conclut lord Simon, insistant légèrement sur le pronom possessif pour rappeler à Charles qu'il était père de l'héritier de Soledad.
     
    – Je ne saurais refuser pareille mission, dit Desteyrac, résigné.
     
    – Je n'en espérais pas moins de vous, mon ami. Je vous remettrai donc une lettre de crédit sur ma banque de Nassau. Je vous demande d'éviter tout scandale. Payez sans discuter ce qui est vraiment dû, ramenez mon gendre, mais ne ramenez pas Varina. Qu'on lui rende ses bijoux et qu'elle aille au diable ! Quand l' Arawak pourra-t-il prendre la mer ? demanda Cornfield, se tournant vers Tilloy.
     
    – Demain, s'il le faut, lord Simon.
     
    – Alors, préparez-vous à partir. Le plus tôt sera le mieux.
     
    – J'aimerais embarquer avec nous Tom O'Graney et ses Irlandais. Le milieu des joueurs ne compte pas que des gentlemen, dit Tilloy.
     
    – Embarquez qui vous voudrez, capitaine. Vous avez ma confiance. Mais agissez avec discrétion, je vous prie.
     
    Lord Simon quitta son siège pour remettre à Desteyrac une enveloppe.
     
    – Voici la lettre de crédit : crédit illimité, bien sûr, puisque nous ne savons rien du montant des dettes accumulées par mon gendre, acheva le maître de Soledad dans un soupir d'agacement.
     

    Le lendemain en fin de matinée, l' Arawak quitta le port occidental et, par mer houleuse, sous un ciel plombé, mit le cap sur New Providence. Tom O'Graney et ses charpentiers irlandais ne savaient rien de la mission, si ce n'est qu'on aurait peut-être affaire à la racaille de Nassau que sir Malcolm Murray avait eu l'imprudence de fréquenter.
     
    C'est au cours de la traversée que Mark Tilloy confia à Charles Desteyrac le désir qu'il avait d'épouser Gertrude Lanterbach.
     
    – C'est une bonne nouvelle, Mark. Nous nous doutions, Ounca Lou et moi, que vos escapades n'étaient pas aussi innocentes que vous souhaitiez l'un et l'autre le faire accroire. Avez-vous déjà présenté votre demande en mariage ?
     
    – Oui, mais elle n'a pas été agréée.
     
    – Comment ! Jusqu'à ces derniers jours, vos relations semblaient cependant avoir rendu à Gertrude la joie de vivre.
     
    – Je sais, mais elle a changé.
     
    – Depuis une semaine, en effet, elle a l'air morose, comme préoccupée. Nous avions mis cette humeur chagrine au compte d'une discussion qu'elle a eue avec lady Ottilia. Cette dernière voulait qu'elle reprît sa place à Exile House, nous a-t-elle dit.
     
    – Ce qui, bien sûr, ne peut être envisagé, vous le savez. Lady Ottilia, dont la moralité est des plus souple, fait fi des rapports passés entre Gertrude et Malcolm. Je crois avoir fait oublier à Gertrude ce navrant épisode. Elle ne m'a rien caché de son assez longue relation avec Murray, au vu et au su d'Ottilia, et je ne lui ai rien celé de ma liaison avec la pauvre Ann, confessa Tilloy.
     
    – Donc, la situation entre vous est claire, dit Charles.
     
    – Je n'y comprends rien ! C'est depuis que je lui ai proposé de devenir ma femme qu'elle a changé d'attitude, comme si ma proposition l'offensait. Or, rien ne laissait prévoir un refus... car, je puis bien vous le dire, puisque nous sommes entre hommes, Gertrude ne m'a rien refusé. Elle est ma maîtresse depuis plusieurs mois et nous sommes divinement bien ensemble. C'est une amoureuse ardente. Elle a l'étreinte enthousiaste et

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