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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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interdit de plongée par Uncle Dave à cause de l'état de ses poumons, avait renoncé à la pêche aux éponges et se consacrait aux travaux commandés par Monsieur l'Ingénieur. À nouveau promu contremaître, l'Arawak avait encore assez de souffle pour stimuler avec vigueur, dans sa langue maternelle, les ouvriers indiens chargés de consolider le ballast éprouvé par les pluies, de resserrer les éclisses qui fixaient les rails aux traverses, de dérouiller les aiguillages corrodés par l'air marin. Ces travaux avaient été entrepris dès que Bob Lowell, répondant à la demande de lord Simon, transmise par Charles, s'était engagé à trouver aux États-Unis une locomotive et des wagons qu'il accompagnerait à Soledad.
     
    La dernière lettre de l'ingénieur annonçait que l'affaire était conclue et qu'il convenait, dès à présent, de prévoir les barges pour transporter locomotive et wagons. Ce matériel serait livré à Portsmouth, en Virginie, port doté d'un arsenal, de bassins de radoub et équipé de grues.
     
    « La locomotive vient de Pittsburgh Locomotive Works, une des sociétés d'Andrew Carnegie, un industriel né en Écosse, qui a commencé chez nous comme télégraphiste de Pennsylvania Railroad et qui, devenu surintendant de cette compagnie, a fait fortune en louant à prix d'or, pendant la guerre civile, ses trains à l'armée fédérale », avait précisé Bob.
     
    À Cornfield Manor, on n'attendait plus qu'un message de Lowell indiquant la date de la livraison à Portsmouth. Le capitaine Tilloy devait tenir l' Arawak prêt à appareiller. Le commandant Colson fournirait en temps utile la barge qui, depuis quatre ans, attendait dans un bassin du port occidental le moment d'être utilisée.
     
    La correspondance avait aussitôt repris entre Robert Lowell et la jeune Viola. Cette dernière ne cachait pas son impatience de revoir l'ingénieur, de qui les sentiments n'avaient, semble-t-il, pas changé. Adila, nurse de Pacal et sœur aînée de Viola, se méfiait des engouements des Blancs pour les Indiennes. « À leurs yeux, nous sommes tout justes bonnes à faire l'amour, la cuisine et la lessive », avait-elle dit à Ounca Lou, avant d'ajouter : « Maintenant, Robert Lowell voudra peut-être bien épouser Viola, parce que pas une femme blanche ne prendra un homme sans mains. »
     
    Sans le dire, Ounca Lou agitait des pensées semblables. Maoti-Mata, sondé par Charles, exprima la même méfiance qu'Adila, sa petite-fille préférée, parce que la plus raisonnable de toutes. Dans le cas où Robert Lowell déciderait de s'unir légalement à Viola, rien n'indiquait que le cacique donnerait un consentement dont la jeune fille ne pourrait se dispenser.
     

    Quelques jours plus tard, Charles, regagnant Valmy après une pénible journée passée sur le chantier du chemin de fer, fut accueilli par Ounca Lou, radieuse. Tandis qu'il trempait dans le tub empli d'eau tiède, sa femme voulut lui faire partager, sans plus attendre, la bonne nouvelle du jour.
     
    – Ann accepte de rencontrer Maoti-Mata pour se confier aux soins des sorcières des Arawak, dit-elle gaiement.
     
    Depuis longtemps, Maoti-Mata avait proposé de tenter sur la jeune fille un traitement contre la paralysie des membres, connu des seuls Taino. Ann en avait été dissuadée, d'abord par le docteur Weston Clarke, ensuite par Varina Cornfield, qui tenait tous les Indiens pour des sauvages, et leurs pratiques médicales pour charlatanesques et dangereuses.
     
    – D'où vient ce revirement ? s'enquit Charles en sortant du bain.
     
    – Tilloy y est pour beaucoup. Depuis que Varina et Ottilia ont quitté l'île, Ann s'ennuyait et Mark, un peu désœuvré depuis le départ de Gertrude, s'est rapproché de son ex-fiancée. Lui et Uncle Dave l'ont convaincue qu'elle ne devait négliger aucune médication, même étrange, pour tenter d'améliorer son état.
     
    – Elle a aussi refusé les bains d'eau de mer chauffée, que proposait Uncle Dave, observa Charles.
     
    – Naturellement, Weston-Clarke assure que, s'agissant d'une myélite transverse accidentelle, les magies indiennes seront sans résultat sur la paralysie d'Ann. Uncle Dave n'est pas de son avis. Il dit que les médecins sont loin de tout connaître des ressources secrètes du corps humain. Il affirme que les Taino ont une pharmacopée naturelle dont il a lui-même apprécié les effets, et qu'Ann doit essayer leurs remèdes, dit Ounca Lou.
     
    – Et

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