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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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souillés par l'inondation des marées de tempête.
     
    Au cours du voyage de retour vers Soledad, Charles Desteyrac, Lewis Colson et les membres de l'équipage ne virent partout que ruine et consternation.
     
    – C'est le sale ouvrage de l'ouragan le plus méchant qu'on ait jamais vu de mémoire de marin bahamien ! jeta, rageur, le maître d'équipage.
     
    L'été, comme souvent sous les tropiques, se prolongeait en lumineux automne, et le thermomètre marquait encore 27 degrés. La chaude étreinte du soleil, la limpidité de l'air, seules libéralités de la nature au lendemain des tempêtes, et le ciel, d'un bleu virginal, devenaient, pour Desteyrac, autant d'insultes à la désolation des îles.
     
    Acklins, Crooked et Ragged, qu'ils visitèrent, comme les Out Islands où ils ne firent que de brèves escales, avaient connu le même sort. L'archipel entier, arasé par l'ouragan, se remettait mal de ses blessures. À bord, du gabier au maître-coq, tous les marins s'activaient en silence, comme étreints, sans le laisser paraître, par la même angoissante question : comment allait-on trouver Soledad ?
     
    Cat Island n'avait pas été épargnée, mais quand l' Apollo l'aborda, venait d'y faire halte, pour la première fois depuis un mois, le bateau-poste. Les nouvelles de la capitale ne différaient guère de celles déjà recueillies. Au dire des passagers venus de New Providence, on ne trouvait plus, à Nassau, une seule construction indemne. Certaines habitations, les plus modestes, avaient été complètement détruites, comme l'entrepôt John S. George et la nouvelle Trinity Methodist Church pour laquelle, en 1865, la General Assembly avait voté un crédit de 8 000 livres. Le Royal Victoria Hotel, déserté par les touristes, était en vente, mais les acheteurs faisaient défaut. Il avait été fort endommagé. Note plutôt rassurante : les matelots du bateau-poste n'avaient pas vu de gros dégâts lors de leur escale à Soledad.
     
    Aussi est-ce un peu rasséréné que l'équipage de l' Apollo arriva en vue du mont de la Chèvre et du port occidental.
     
    – La chapelle du père Taval n'a pas perdu son clocher. C'est bon signe, constata Colson en passant ses jumelles à Charles pour qu'il en jugeât par lui-même.
     
    Cependant, en approchant du quai où le voilier devait s'amarrer, Charles et Lewis virent qu'ils étaient attendus. Ils reconnurent lord Simon et lady Lamia, tous deux vêtus de noir, qui descendaient d'une calèche.
     
    Desteyrac et Colson échangèrent un regard inquiet, sourcils froncés. La même pensée leur traversa l'esprit. Ces vêtements de deuil laissaient augurer des vies perdues.
     
    À peine l'échelle de coupée en place, Charles s'élança à la rencontre des Cornfield : des visages blêmes confirmèrent ses craintes.
     
    – Que signifie... que s'est-il passé ? demanda-t-il.
     
    Lord Simon, n'étant pas homme à user de vains propos dilatoires, lui mit la main sur l'épaule et se découvrit.
     
    – Charles, mon bon Charles. Il va vous falloir du courage. Chez nous, la mort a frappé...
     
    – Qui ?... Pacal ?
     
    – Non, pas votre fils, mais Ounca Lou, Charles... morte, un accident... sur le pont de Buena Vista.
     
    – Sur le pont ! Ounca Lou ! Ounca morte ! Vous dites morte ! répéta-t-il, incrédule, quémandant du regard un démenti de Lamia.
     
    – Hélas, Charles. Notre Ounca n'est plus, confirma Fish Lady, de qui l'affliction avait tari les larmes.
     
    – Eliza Colson et mon vieil ami Edward ont péri avec elle. C'est une tragédie, une tragédie, répéta lord Simon, se détournant pour cacher une montée d'émotion.
     
    Figé par la stupeur, ne pouvant concevoir pareil drame sur une île où tout était grâce et beauté, Charles entendit à peine Lamia annoncer à Lewis la mort de sa femme. Le marin reçut la nouvelle sans broncher, pâlit, serra les maxillaires et, sans un mot, s'éloigna sur le quai pour subir seul l'assaut du désespoir.
     
    – Venez au manoir, nous allons vous raconter comment cela s'est passé, ordonna lord Simon, retrouvant son empire sur ses sentiments et ceux des autres.
     
    Comme il était de son devoir de commandant, que rien ne pouvait lui faire négliger, Lewis Colson voulut donner ses ordres, pour la mise à terre de l'équipage et le désarmement de l' Apollo , avant de monter avec Charles dans la calèche du lord.
     
    Chemin faisant, Simon et sa sœur observèrent un pieux

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