Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
1843 à 1845. Ambassadeur des États-Unis au Mexique. Sénateur de l'État de Louisiane de 1853 à 1861. Il épousa une créole d'origine française, Mathilde Deslonde. Après la guerre de Sécession, ami de Napoléon III, il vécut en France. À la chute du second Empire, il passa en Angleterre et mourut à Cowes.
     
    5 Cité par Jacques Bardoux dans la Reine Victoria, pages choisies de sa correspondance , Librairie Hachette et C ie , Paris, 1909.
     
    6 Cité par Stephen B. Oates dans Lincoln , biographie du président américain, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1984.
     

2.
     
    Entre le bleu indigo d'un océan inoffensif et le bleu lavande d'un ciel d'hiver tropical, l'archipel, en ce mois de février 1862, offrait, avec ses buissons d'azalées et d'hibiscus, gros pochons rouges et jaunes sur la verte exubérance d'une nature peinte à neuf, son image la plus idyllique, quand on annonça le retour de l' Arawak . Informé, lord Simon délégua aussitôt lady Ottilia pour aller au port occidental accueillir sa cousine Ann Cornfield.
     
    Otti eut un serrement de cœur quand elle vit l'infirme descendre l'échelle de coupée, portée dans sa chaise à roues par deux marins.
     
    Mais Ann l'étonna plus encore qu'elle la rassura par sa jovialité primesautière, son sourire et son regard brillant de fillette éblouie.
     
    – Comme je suis heureuse de vous revoir et de sentir ce bon soleil après le froid, le ciel gris, la neige et tous les gens moroses que j'ai laissés à New York ! dit-elle, prouvant ainsi d'emblée qu'elle entendait dominer son handicap.
     
    Les porteurs installèrent Ann dans le landau et suspendirent derrière celui-ci la chaise roulante.
     
    – Je puis maintenant demander à un homme de me porter dans ses bras sans qu'on y voie mal, reprit l'infirme en riant.
     
    – Nous allons vous installer le plus commodément possible. Mon père a fait préparer un appartement dans les anciennes écuries de Cornfield Manor, celui-là même qu'occupa autrefois, après sa blessure à la jambe, l'honorable Malcolm Murray, devenu mon mari, expliqua Ottilia.
     
    – Je ne doute pas de vos soins, mais, à part le fait qu'il faut des femmes pour m'aider dans ma toilette, me mettre au lit et m'en tirer, une fois installée dans ma chaise je me déplace aisément seule. Je peux escalader un trottoir, mais pas un escalier. Je puis même jouer au croquet ! dit Ann.
     
    – Votre appartement donne de plain-pied sur le jardin, et Charles Desteyrac, que vous connaissez, a fait empierrer et damer les allées afin que votre fauteuil y roule aisément. Et naturellement, quand vous voudrez me rendre visite ou faire une promenade, on vous enverra une voiture et des gens.
     
    – Désolée de vous donner autant de tracas. Mais, vous savez, je n'ai perdu que l'usage de mes jambes et, si je ne peux plus danser, je peux jouer du piano pour ceux qui dansent, répondit la jeune femme sans amertume.
     
    – Vous trouverez un piano dans votre appartement où mon père a fait déposer un catalogue de sa bibliothèque. Vous aurez de quoi lire. Il vous suffira d'envoyer un domestique chercher au manoir les livres que vous aurez choisis. Et puis vous recevrez, j'en suis sûre, beaucoup d'invitations à dîner chez les uns ou les autres, compléta Ottilia.
     
    – Vous n'imaginez pas le bien que vous me faites après ce que j'ai vécu depuis le naufrage où périt mon mari et ces mois de vie qui me furent dérobés par l'amnésie. Déjà, j'ai retrouvé Mark tel que je l'avais quitté, sans la moindre rancune, attentionné, gai, ayant oublié nos fiançailles rompues par ma faute et, je l'ai reconnu devant lui, avec une désinvolture inconvenante, même grossière.
     
    – Vous devez oublier le passé. Tous les passés ! Et vous laisser vivre au milieu de notre tribu insulaire sur laquelle règne mon père, patriarche bougon mais grand cœur, ajouta Ottilia en baisant la joue d'Ann.
     
    – Mais je compte bien être heureuse, cousine Otti, dans ce paradis où les flamants sont roses, les aigrettes blanches, les hérons bleus et les perroquets comme des arcs-en-ciel, dit-elle avec un soupir d'aise en désignant un couple de cacatoès occupés à se bécoter sur une branche de gaïac.
     
    Ann qui, depuis son arrivée et pendant le trajet du port au parc du manoir, masquait son émotion par un enjouement auquel Ottilia s'était laissée prendre, ne put contenir ses larmes en voyant lord Simon, campé,

Weitere Kostenlose Bücher