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des ports sudistes. »
     
    – Ainsi, tout le monde est satisfait. Seuls les Sudistes doivent être déçus. Ils s'attendaient déjà à voir une flotte britannique faire lever le blocus, et la Couronne reconnaître leur droit à l'indépendance, dit Malcolm Murray.
     
    – Le statut de belligérants leur donne le droit, garanti par les lois internationales, de contracter des emprunts et d'acheter des armes aux nations neutres, d'où le blocus des ports, seule parade possible pour les Nordistes, rappela le major.
     
    Lord Simon confia à Charles Desteyrac combien il avait apprécié l'attitude de la France dans la querelle diplomatique suscitée entre la Grande-Bretagne et les États-Unis par l'affaire du Trent .
     
    – Votre ministre des Affaires étrangères, Édouard Thouvenel, a soutenu avec fermeté le point de vue britannique, ce qui, assure William Gordon dans sa lettre, offre chez nous un regain de popularité à l'empereur Napoléon III, dit-il.
     
    – Français et Anglais ne peuvent que s'entendre, lord Simon. Je sais, par des lettres de Paris, que nos deux pays sont en train, avec l'Espagne, de monter une expédition militaire contre le Mexique. Le président Benito Juárez García ayant décidé de suspendre le paiement de la dette extérieure, ses créanciers exigent qu'il paie au moins les intérêts de ses emprunts, ce qu'il a refusé, expliqua Charles.
     
    – Je sais. Mais, n'est-il pas normal que des créanciers veuillent rentrer dans leurs fonds, mon ami ?
     
    – Certes. Mais, à l'occasion de cette expédition d'huissiers de justice européens, on prête à Napoléon III l'intention de créer un empire catholique au Mexique, précisa Desteyrac.
     
    – Comme cette perspective, pour l'instant simple rumeur de chancellerie, déplaît aux Américains, on dit dans les milieu financiers de New York que Lincoln aurait proposé de payer les arriérés d'intérêts dus par le Mexique, compléta le major Carver.
     
    – Lincoln a déjà bien du mal à financer sa guerre contre le Sud. Où prendrait-il l'argent ? Les sécessionnistes ont raflé six millions de dollars dans les bureaux des douanes fédérales. En août, les Nordistes ont lancé un emprunt de cent quarante millions de dollars à sept et demi pour cent, payables en espèces. Ce sont des Européens qui ont le plus souscrit. Et cela, pendant que les Confédérés, qui ne possèdent pas d'imprimeries suffisantes, font imprimer leurs propres billets de banque à New York par des abolitionnistes ! lança Murray, goguenard.
     

    Quittant Cornfield Manor et se retrouvant seul avec Malcolm dans le boghei qui les reconduisait, l'un à Exile House, l'autre à Valmy, Charles fit part à son ami de l'air soucieux de leur commun beau-père.
     
    – C'est le blocus des ports du Sud qui le préoccupe, car ce qu'il n'a pas révélé de la lettre de l'oncle William, c'est le risque bien réel d'une pénurie de coton. Sur les deux millions trois cent mille balles de coton arrivées l'an dernier à Liverpool, les filatures de Manchester en ont avalé près de cinq cent mille. D'ailleurs, vos filatures de Rouen et des Vosges ne seront pas plus approvisionnées que les nôtres si le coton ne traverse plus l'Atlantique.
     
    – Croyez-vous sincèrement à l'efficacité du blocus ? demanda Charles en arrêtant la voiture devant le portail d'Exile House.
     
    – Je crois aussi aux forceurs de blocus : une nouvelle race de marins, que les Yankees appellent blockade runners . Nous aurons là une belle et profitable aventure à courir, Charles ! lança Malcolm, toujours sibyllin, en sautant maladroitement du boghei pour rentrer chez lui.
     
    1 Les Bahamiens jonglaient en permanence avec le dollar, pour commercer avec les États-Unis, et avec la livre sterling, monnaie officielle de la colonie britannique. Le dollar valait entre 5 F et 5,20 F ; la livre sterling, environ 5 dollars, soit 25 F.
     
    2 1798-1877. Excellent marin, il avait commandé l'expédition scientifique américaine chargée, en 1838, de démontrer que l'Antarctique était « un autre continent ». Ses rapports occupent vingt-cinq volumes publiés entre 1844 et 1874. Il termina sa carrière en 1866 avec le grade d'amiral.
     
    3 1798-1871. Juriste. Membre du Sénat des États-Unis en 1847. Influent au parti démocrate. Défenseur de l'esclavage. Auteur du Fugitive Slave Act de 1850.
     
    4 1793-1871. Éminent juriste. Membre de la Chambre des représentants de