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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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bas
    Oh ! la bonne affaire.
    Louis a l’impression d’être ainsi fidèle à ses intentions
profondes : faire le bonheur de son peuple.
    Et il soutient de même l’édit, proposé par Turgot, de
suppression des jurandes, maîtrises et corporations.
    Ici c’est la liberté offerte à chacun de créer un commerce, d’exercer
telle profession d’arts et métiers, qui est instaurée.
     
    La « secte philosophique » approuve le roi d’avoir
soutenu les édits de Turgot, « ces chefs-d’œuvre de raison et de bonté ».
    Et le contrôleur général des Finances va encore plus loin :
    « La cause du mal vient de ce que notre nation n’a
point de Constitution, dit-il.
    « C’est une société composée de différents ordres mal
unis et d’un peuple dont les membres n’ont entre eux que très peu de liens
sociaux… Votre Majesté est obligée de tout décider par elle-même ou par ses
mandataires. On attend vos ordres spéciaux pour contribuer au bien public… »
    Et les soutiens de Turgot, adeptes de la « secte
philosophique », Dupont de Nemours, Condorcet, de proposer la création de
municipalités, couronnées par une Assemblée nationale, représentant la nation.
    Au ministère, Turgot a fait entrer Malesherbes, ancien
directeur de la Librairie, juriste, philosophe, favorable aux Lumières. Il
devient secrétaire d’État à la Maison du roi. Et le comte de Saint-Germain est
chargé du ministère de la Guerre. C’est un réformateur, qui soutient la
politique de Turgot.
    « Voilà notre gouvernement rempli par les philosophes, dit-on.
    « C’est le règne de la vertu, de l’amour du bien public,
de la liberté, le règne des Platon et des Socrate. »
    « Un jour pur nous vient », dit d’Alembert, maître
d’œuvre de l’ Encyclopédie.
     
    Louis XVI se laisse entraîner par le mouvement.
    Il impose les édits de Turgot, au Parlement hostile, à ceux
que les philosophes appellent les « fripons », les « reptiles »,
les « talons rouges », les « bonnets carrés ».
    Et en même temps Louis XVI s’inquiète.
    Au moment même où il paraît le plus fidèle soutien de Turgot,
il s’en écarte.
    Turgot lui semble ne pas avoir compris ce que signifie pour
le roi le sacre de Reims, la nécessité pour le souverain de respecter les « lois
fondamentales » du royaume, qui ne sont pas du même ordre que celles
élaborées par une Assemblée nationale et rassemblées dans une Constitution.
    Le roi précise :
    « On ne doit pas faire des entreprises dangereuses si
on n’en voit pas le bout. »
    Turgot l’irrite avec cette assurance, cette certitude qu’il
a raison en tout.
    Une lettre, ouverte par le « cabinet noir », adressée
à Turgot par l’un de ses amis, a choqué le roi.
    « Je ne croyais pas le roi aussi borné que vous me le
représentez », écrit le correspondant du contrôleur général des Finances.
    Cela blesse Louis, comme ces libelles qui paraissent, et se
moquent de lui qui ne voit pas que l’intention de Turgot est de supprimer la
royauté. Louis serait ce roi
    Qui se croyant un abus
    Ne voudra plus l’être.
    Ah qu’il faut aimer le bien
    Pour, de Roi, n’être plus rien !
    Cette Prophétie turgotine , ainsi que s’intitule ce
texte, l’irrite, exacerbe l’inquiétude qu’il a d’être emporté plus loin qu’il
ne veut aller et d’être ainsi dupe de ce « parti philosophique », hostile
à la monarchie de droit divin, au sacre qui fait obligation au roi, par ses
serments devant Dieu et l’Église, de défendre les lois fondamentales du royaume,
donc la foi catholique, qui n’est pour les libertins que « l’infâme »
qu’il faut écraser.
     
    Louis est sensible au Mémoire que lui remettent les évêques,
réunis en assemblée et qui l’invitent à « fermer la bouche à l’erreur ».
    « On essaiera en vain, lit-il dans ce Mémoire, d’en
imposer à Votre Majesté sous de spécieux prétextes de liberté de conscience… Vous
réprouverez ces conseils d’une fausse paix, ces systèmes d’un tolérantisme
capable d’ébranler le trône et de plonger la France dans les plus grands
malheurs… Ordonnez qu’on dissipe les assemblées schismatiques, excluez les “sectaires”,
sans distinction, de toutes les branches de l’administration publique… »
    Il relit.
    Il veut être le roi sage et mesuré. Il ne veut céder ni aux
philosophes ni aux dévots.
     
    Mais Louis a l’impression, angoissante, et qu’il

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