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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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restaurateur Massé, écoutent les conversations dans les cafés, et les
orateurs qui haranguent les clients au café de Foy, au café du Caveau, s’ajoute
la prolifération des pamphlets. Une centaine paraissent chaque mois.
    Les brochures s’entassent sur les tables des ministres et
sur celles du Roi.
    Des philosophes – Condorcet –, des avocats – Barnave, Danton
–, des nobles – Mirabeau –, des publicistes – Brissot, l’abbé Sieyès – publient
et acquièrent ou confirment leur notoriété.
    Les Sentiments d’un républicain de Condorcet, et
surtout Qu’est-ce que le tiers état ?, de Sieyès, connaissent une
large diffusion.
    Sieyès s’interroge :
    « Qu’est-ce que le tiers état ? – Tout. – Qu’a-t-il
été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? – Rien. – Que demande-t-il ?
– À devenir quelque chose. »
    Camille Desmoulins, qui fut élève au collège Louis-le-Grand
dans la même classe que Robespierre, est l’auteur d’un opuscule enflammé, La
France libre.
    Mirabeau édite à Aix Le Courrier de Provence, Volney,
à Rennes, La Sentinelle du peuple.
     
    Des clubs se sont constitués. Le club de Valois est
sous l’influence du duc d’Orléans, le club des Trente rassemble Mirabeau,
La Fayette, Talleyrand, Sieyès, le duc de La Rochefoucauld-Liancourt. La
Société des amis des Noirs, de Brissot et de l’abbé Grégoire, fait campagne
pour l’abolition de l’esclavage.
    On évoque une « démocratie royale », ou une
monarchie aristocratique à l’anglaise, et même la République.
    Certains « enragés » rappellent qu’on ne compte
que cent mille privilégiés pour vingt-cinq millions de français.
    Cette immense majorité, disent-ils, ne peut se faire
entendre que lors d’États généraux. Et tous ces « patriotes »
demandent l’élection des représentants aux États, qui doivent être convoqués, non
pas en 1792, comme Loménie de Brienne et le roi l’ont annoncé, mais dès l’année
prochaine, en 1789.
     
    Louis, les ministres, constatent d’ailleurs qu’ils ne
peuvent imposer leurs décisions.
    Les parlementaires sont hostiles, l’armée divisée et rétive
à maintenir l’ordre. Les impôts directs ne rentrent plus, le pain est cher, l’emploi
rare, les vagabonds nombreux dans le cœur même des villes.
    Le désordre s’installe : émeutes, pillages, rassemblements,
et l’opinion est de plus en plus critique.
    Il faut desserrer, dénouer ce garrot qui étouffe le pays, et
la seule possibilité est d’accepter la convocation rapide des États généraux, dans
l’espoir de rassembler autour du roi le tiers état.
    « Les privilégiés ont osé résister au roi, dit
Lamoignon, avant deux mois il n’y aura plus ni parlements, ni noblesse, ni
clergé. »
    Le roi s’inquiète, même s’il approuve, le 8 août, la
convocation des États généraux pour le 1 er mai 1789.
    Mais la monarchie française peut-elle exister sans ordres
privilégiés ?
     
    La situation est d’autant plus périlleuse que l’État, après
avoir raclé les fonds dans toutes les caisses existantes – celles des hôpitaux,
des Invalides, des théâtres, des victimes de la grêle… –, est contraint, le 16
août 1788, de suspendre ses paiements pour six semaines.
    C’est la banqueroute, l’affolement dans l’opinion, la
confirmation qu’on ne peut plus faire confiance à ce gouvernement.
    Et le roi doit accepter ce qu’il avait refusé : le
rappel de Necker et le renvoi de Brienne.
    Cela doit, pense-t-il, rassurer l’opinion.
     
    « Voilà bien des années que je n’ai pas eu un instant
de bonheur », dit Louis en recevant Necker.
    Necker répond :
    « Encore un peu de temps, Sire, et vous ne parlerez
plus ainsi ; tout se terminera bien. »
     
    Réussira-t-il ?
    Necker a l’appui de la reine.
    « Je tremble, dit-elle, de ce que c’est moi qui le fais
revenir. Mon sort est de porter malheur ; et si des machinations
infernales le font encore manquer ou qu’il fasse reculer l’autorité du roi, on
m’en détestera davantage. »
     
    Mais ordre est donné aux gardes françaises et suisses de
rétablir l’ordre, en ouvrant le feu sur ces manifestants qui brûlent le
mannequin de Brienne, obligent les boutiques à fermer.
    On relève plusieurs morts, mais à la fin septembre, l’ordre
est rétabli.
    La confiance revient.
    Les effets royaux à la Bourse augmentent en quelques jours
de trente pour cent. Necker avance au Trésor

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