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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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cimes de la gloire et de la
liberté. »
     
    Admirat et Cécile Renault, revêtus de la chemise rouge des
parricides comme leurs cinquante-deux « complices » – qu’ils n’avaient
jamais vus avant leur comparution devant le Tribunal révolutionnaire –, sont
condamnés à mort et exécutés, le 17 juin (29 prairial).
    Parmi les suppliciés, on trouve les dames de Saint-Amaranthe
qui tenaient un salon de jeu au ci-devant Palais-Royal, où l’on rencontrait
souvent le frère cadet de l’incorruptible, Augustin Robespierre, plus homme de
plaisir que de vertu.
    Et la haine contre Maximilien, « père » de la
nation, croît encore après cette parodie de justice.
    À la Convention, le député de Versailles, Lecointre, proche
de Danton, rédige en secret un acte d’accusation contre Robespierre et s’engage
avec huit autres braves à égorger le « nouveau César » en pleine
Assemblée.
     
    Robespierre sent la haine qui monte contre lui.
    Il y a celle d’un Tallien, d’un Fouché, d’un Barras et d’un
Fréron, qui intriguent.
    Ces « missionnaires de la Terreur », corrompus, craignent
d’être victimes de Maximilien, le « dictateur vertueux ».
    Il y a ceux, tel Fouché, qui athées, déchristianisateurs, se
moquent du culte de l’Être suprême que Robespierre veut organiser.
    Faut-il une religion d’État à la République ?
    Et il y a ceux qui soupçonnent Robespierre de vouloir
établir la dictature, devenant une sorte de Cromwell.
    Barère, patriote modéré et habile, sous prétexte de dénoncer
l’Angleterre, cite abondamment les journaux anglais qui évoquent les « soldats
de Robespierre ».
    Et tous, pour des raisons différentes, craignent que le « tyran »,
s’il ne tombe pas, ne les fasse monter dans la charrette qui conduit à l’échafaud.
    Fréron, Barras, Tallien, Fouché, sont terrifiés quand, reçus
par Robespierre, ils mesurent son mépris. Son visage est « aussi fermé que
le marbre glacé des statues ».
    Fouché tremble encore lorsqu’il se remémore la question que
lui a lancée Robespierre :
    « Dis-nous donc, Fouché, qui t’a donné mission d’annoncer
au peuple que la divinité n’existe pas ? »
    Fouché a baissé la tête.
     
    Et Robespierre, avec ses gestes feutrés, impose son autorité.
    Barras, lui rendant visite chez les Duplay, trouve le
général Brune en train d’éplucher les légumes avec Madame Duplay et sa fille
Éléonore qu’on dit fiancée à Maximilien.
    Quand l’incorruptible quitte la maison, Couthon, Saint-Just,
Le Bas, l’entourent avec déférence.
    Le nouveau maire de Paris, Fleuriot-Lescot, Hanriot
commandant de la garde nationale, Fouquier-Tinville, les jurés et le président
du Tribunal révolutionnaire Dumas, lui font escorte.
    Les conventionnels, fussent-ils hostiles, n’ont pas le
courage de se dresser contre l’incorruptible alors même qu’ils récusent sa
politique de la Terreur et de la Vertu, et qu’ils jugent que les victoires
militaires – la plus décisive sera celle de Fleurus, le 26 juin 1794,8 messidor
an II, remportée par l’armée de Sambre-et-Meuse – permettraient de desserrer le
carcan qui opprime la nation.
    Mais ils n’osent pas, craignant pour leur vie, et ils
élisent le 4 juin, à l’unanimité de quatre cent quatre-vingt-cinq voix, Maximilien
Robespierre président de la Convention.
    L’Incorruptible, pendant quelques heures, offre un visage
souriant, comme illuminé par le sentiment qu’enfin il est reconnu, compris.
    Brève euphorie !
    Le 6 juin, l’habile Fouché se fait élire président du club
des Jacobins.
    Le visage de Robespierre se ferme.
    L’élection de Fouché est à ses yeux un défi, un scandale. D’autant
plus que Fouché, paraissant se rallier au culte de l’Être suprême, déclare aux
Jacobins :
    « Brutus rendit un hommage digne de l’Être suprême, en
enfonçant un poignard dans le cœur d’un tyran : sachez l’imiter ! »
    N’est-ce pas là un appel au meurtre de Robespierre ? La
preuve que Fouché est l’âme d’une conspiration qui se trame ?
    L’Incorruptible n’en doute plus.
    Fouché, répond-il, est l’homme qui à Lyon a commandé de
tirer à mitraille sur la foule au lieu de faire juger les contre-révolutionnaires.
    Le temps viendra, où il devra répondre de ses actes.
     
    Cette lutte contre ces nouveaux ennemis qui commence, Maximilien
pressent qu’elle sera la plus dure, la plus sanglante, peut-être la dernière,

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