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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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de Louis XIII perd la vie. Un excellent général disparaît. Son armée, payée par la France , très attachée à son chef, accepte heureusement de passer sous les ordres d’un brillant homme de guerre français, le maréchal de Guébriant, conseiller militaire et ambassadeur de Louis XIII auprès du disparu. Dans le même temps, les Suédois renouent eux aussi avec la victoire. Le général Baner, à la suite de foudroyants succès, atteint même la Bohême . Ferdinand III voit non sans inquiétude le danger arriver à ses portes, car l’ Espagne n’est plus en mesure de lui prêter main-forte.
    L’ Espagne en difficulté
    Au cours de l’été 1639, la flotte hollandaise, placée sous les ordres du jeune amiral Tromp, tient en échec une escadre venue de la péninsule ibérique et contrainte de se replier à Douvres. Jusqu’à l’automne, les partis en présence s’observent. Au mois d’octobre, les Bataves décident de prendre l’initiative ; ils attaquent et infligent une cuisante défaite aux Espagnols. Désormais, Philippe IV ne contrôle plus les opérations maritimes. Le 22 décembre, Richelieu écrit même à l’ambassadeur de France à La Haye de convaincre Tromp, le prince d’Orange et les états généraux des Provinces-Unies de détruire complètement les vaisseaux de Philippe IV. Des dissensions nées entre le général Piccolomini, aux ordres de Ferdinand III, et le cardinal-infant nuisent aussi aux intérêts de Philippe IV. De surcroît, Olivarès manque de moyens financiers et de soldats pour mener à bien les combats. Il faut dire que les fronts se multiplient. Le 29 juin, Louis XIII s’empare du fort de Hesdin , point stratégique sur la route menant en Flandres et à Saint-Omer . De son côté, Condé, qui guerroie en Roussillon , province tenue par la couronne espagnole, s’empare provisoirement de la place de Salses le 19 juillet. Les affrontements révèlent l’affaiblissement du dispositif militaire défensif espagnol. Mais surtout la Catalogne entre en dissidence, refusant désormais de participer à l’effort de guerre qu’exige d’elle le roi catholique.
    La révolte des va-nu-pieds
    Pour Richelieu, l’année 1639 est celle de la réflexion après les mésaventures et les déconvenues des années précédentes. Le principal ministre de Louis XIII prend conscience des souffrances engendrées par le système fiscal et des injustices liées à la répartition de la taille. Il demande alors l’établissement d’un état des recettes et des charges pesant sur le royaume. Face à l’insolvabilité d’un nombre croissant de contribuables, le système de la solidarité s’est répandu. La taille est levée globalement sur un village, ceux qui le peuvent payant pour ceux qui ne le peuvent pas. La gabelle surtout reste le symbole de l’injustice fiscale, puisque certaines provinces en sont purement et simplement exemptées. À la lecture du rapport qui lui est remis, Richelieu envisage d’abord la suppression de la taille, celle de la gabelle et l’instauration de deux nouveaux impôts indirects. Mais une telle réforme est inapplicable en temps de guerre ; dans l’immédiat, le gouvernement continue à recourir aux traitants, qui s’enrichissent parfois sans commune mesure. Un incident est, à cet égard, très révélateur de l’état d’esprit qui anime Richelieu. Au mois de janvier 1639, le fils de Claude de Bullion, surintendant des finances, se marie. Le père sollicite une gratification du roi. Richelieu est si indigné des prétentions de celui qui est pourtant l’un de ses plus anciens et plus fidèles collaborateurs qu’il dresse par écrit un véritable réquisitoire contre sa gestion des finances publiques [1] .
    Le cardinal-ministre ne peut être surpris, quand, à la fin du printemps, les paysans de la région d’ Avranches , menés par le capitaine Jean Va-nu-pieds, se révoltent contre la fiscalité excessive et contre l’introduction de la gabelle en Normandie . L’identité du chef des rebelles reste douteuse. Le meneur est peut-être Jean Morel, curé de la paroisse du faubourg Saint-Saturnin à Avranches, ou bien un gentilhomme, le sieur Ponthebert. Il est en revanche certain qu’il obtient le soutien de la noblesse et du clergé de l’ Avranchin . Toute une région se soulève contre les mesures fiscales, car l’introduction de la gabelle ruine ses salines.
    Puis, le 16 juillet, un officier de justice de Coutances , Charles de

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