Richelieu ou la quête d'Europe

cours de l’été. Elle ne se limite pas aux électeurs et réunit les représentants de tous les princes d’ Allemagne . L’empereur est aux abois et a besoin de secours. Or les princes allemands marchandent leur aide au prix fort : les protestants, en particulier, tentent de faire admettre que l’année de référence pour la restitution des biens qu’ils réclament soit 1618, donc antérieurement à la rébellion de Bohême , à la bataille de la Montagne Blanche et à la dépossession de l’électeur palatin. Le seul avantage que tirerait Ferdinand III d’un tel compromis serait de conserver la monarchie héréditaire en Bohême et en Hongrie . Ce n’est qu’à ces conditions que la diète accepte de porter secours à l’empereur.
    Par ailleurs, le 1 er  décembre 1640, l’électeur de Brandebourg décède. Son fils, Frédéric-Guillaume, lui succède et congédie le favori de son père, Adam de Schwarzenberg, fervent catholique, qui inclinait à l’entente avec Vienne . Dès juillet 1641, une trêve est conclue par le nouvel électeur de Brandebourg avec la Suède , Frédéric-Guillaume détachant sa cause de celle de Ferdinand III. C’est également au début de l’été que Richelieu obtient de la Suède et de la Hesse-Cassel la promesse de ne pas signer de paix séparée avec les Habsbourg. Le raffermissement de la France au plan international se confirme. Louis XIII et Charles IV de Lorraine ont signé un traité de paix le 29 mars, à Paris . Le texte a été littéralement imposé au duc, avec des conditions draconiennes. Si Charles IV est rétabli dans ses droits, et pour la première fois reconnu comme prince légitime, il doit aussi se reconnaître vassal de la France , abandonner Clermont-en-Argonne , Stenay , Jametz et Dun , et accepter l’occupation de Nancy jusqu’au rétablissement de la paix générale. Précision importante : la veille de la signature du traité, le duc de Lorraine dépose par anticipation une protestation devant notaire où il déclare que le serment qu’il remet et la signature qu’il accorde lui ont été extorqués sous la contrainte. Richelieu n’a plus qu’à repartir à la conquête de la Lorraine , alors que se noue un nouveau complot contre lui.
    La conjuration du comte de Soissons
    Après les deux tentatives d’attentat contre Richelieu, le comte de Soissons s’est réfugié à Sedan , chez le duc de Bouillon. Les griefs qu’il nourrit à l’encontre du cardinal sont nombreux : le prélat a échappé à la conjuration d’Amiens ; il a humilié le prince du sang en laissant Louis XIII prendre la tête de l’armée destinée à secourir Corbie  ; et Richelieu este même tenu responsable du mariage du duc d’Orléans avec Mlle de Montpensier alors que Monsieur le Comte était aussi prétendant. Rancunier et vindicatif, le fugitif manque cependant de moyens.
    Pour reprendre les armes contre Richelieu, il n’hésite donc pas à réclamer quatre cent mille livres à Marie de Médicis et au cardinal-infant. Le 28 juin 1637, la reine mère ayant convaincu les Espagnols, un accord intervient et cinq cent mille livres sont promises au comte pour la levée et l’entretien d’une armée. Mais, le 15 juillet, Soissons trahit ses alliés et dénonce le traité. Dix jours plus tard, il trouve un éphémère terrain d’entente avec Richelieu, en échange du pardon de Louis XIII et du rétablissement de ses biens. Il se garde pourtant de quitter Sedan , où il renoue, dans la foulée, avec les intrigues. C’est à son initiative qu’au printemps 1641, trois mille hommes se regroupent, bientôt rejoints par des contingents dépêchés par Ferdinand III. L’ensemble des troupes ayant opéré leur jonction, elles s’avancent, sous les ordres du comte de Soissons, au-devant de l’armée royale commandée, quant à elle, par le maréchal de Châtillon. La confrontation a lieu à La Marfée le 9 juillet 1641 ; les contingents rebelles remportent une indéniable victoire, ternie par la mort de leur chef.
    Parallèlement, Louis XIII, inquiet de la conjonction de la révolte de Soissons avec la trahison du duc de Lorraine , prend la tête d’une seconde armée et s’avance vers Mézières et Sedan . Le duc de Bouillon préfère faire sa soumission. Une campagne éclair est menée en Lorraine : les duchés, depuis longtemps exsangues, sont à nouveau placés sous occupation française.
    Louis XIII se montre très attentif à la sécurité de la