Richelieu ou la quête d'Europe
Christine de France, les frères de Victor-Amédée savent pouvoir compter sur le soutien de la population et sur celui du gouverneur du Milanais . De surcroît, la soeur de Louis XIII ne supporte plus la tutelle que lui impose Richelieu et refuse les forteresses savoyardes aux garnisons françaises. À la fin de l’année 1638, les positions encore tenues par Louis XIII sont dans un état d’extrême fragilité quand s’ouvre un quatrième front, dans les Pyrénées.
Le prince de Condé et le duc de La Valette sont parvenus à percer les lignes espagnoles et assiègent la ville de Fontarabie , sur la Bidassoa. La place se situe sur un promontoire stratégique à la frontière franco-espagnole. Olivarès en a été créé gouverneur héréditaire. Le 22 août, la victoire navale du cardinal de Sourdis sur l’escadre espagnole de La Corogne , dans la rade de Guéthary , permet à la France d’envoyer un corps expéditionnaire de renfort devant Fontarabie. Mais, le 7 septembre, les Espagnols sortent en force de la place et infligent une écrasante défaite aux troupes de Louis XIII. Les assiégeants sont repoussés jusqu’à la frontière. Tandis que le duc de La Valette s’exile en Angleterre , le roi, et non plus Richelieu, exige une instruction judiciaire menée par une commission spéciale, composée de ducs et pairs, de conseillers d’État, de présidents à mortier et du doyen du Parlement, Pinon. Louis XIII en personne préside le tribunal, assisté du chancelier Séguier. Un réquisitoire en règle est dressé contre le fuyard, condamné à mort par contumace.
L’année 1638 constitue néanmoins un tournant important. La France a recouvré suffisamment de force pour opposer une armée efficace aux Espagnols, affaiblis par les dissensions internes. La flotte française de Méditerranée, placée sous les ordres d’un neveu de Richelieu, M. de Pont-Courlay, remporte d’indéniables victoires au large de Gênes .
Surtout, le 5 septembre, la reine donne naissance à un héritier, futur Louis XIV. Manifestation de la volonté divine ? Quelques jours plus tard, à Madrid, une petite infante prénommée Marie-Thérèse voit également le jour. L’événement place la reprise des négociations avec Philippe IV et Olivarès sous les meilleurs auspices. Le conflit opposant la France aux Habsbourg entre dans sa phase ultime, mais Richelieu ne dispose plus du soutien du père Joseph. Le 18 décembre, alors qu’arrive la nouvelle de la reddition de Brisach, le capucin est victime d’une crise d’apoplexie.
1 -
C. Dulong, Anne d’Autriche , Paris, Hachette, 1980, p. 149.
2 -
La contrition peut se définir comme le regret sincère et profond d’une faute qui aurait offensé Dieu, et s’oppose à l’attrition, crainte plus superficielle du châtiment divin.
3 -
Le siège dure huit mois.
XI
LES DERNIÈRES LUTTES
Les campagnes d’Italie et d’Allemagne (1639)
À la fin de l’année 1638, la question de la Savoie n’est en rien réglée. Les relations entre la duchesse Christine et Richelieu s’enveniment en raison de l’influence exercée sur la régente par un jésuite pro-espagnol, le père Monod, que le cardinal fait arrêter. Au printemps 1639, le Piémont se révolte ouvertement contre la soeur de Louis XIII, prenant fait et cause pour Thomas et Maurice de Savoie, ainsi que pour l’ Espagne . Christine est contrainte de se replier à Turin , que Thomas vient assiéger à partir du 18 avril. Enfermée dans la citadelle, la soeur du roi très chrétien ne doit son salut qu’à un détachement de soldats français qui lui permettent de prendre la fuite. Au cours de l’été, cependant, le cardinal de La Valette, successeur du maréchal de Créqui à la tête de l’armée stationnée en Italie , trouve un accord avec les rebelles savoyards et signe une suspension d’armes au nom du roi. Louis XIII lui-même arrive à Grenoble pour y rencontrer Christine et lui présenter un plan de mise sous tutelle du duché de Savoie . Malgré le soutien dont elle a bénéficié, elle refuse, outrée du peu de cas fait de l’indépendance de l’État dont elle a hérité la charge.
La France connaît plus de succès en Allemagne . Après la prise de Brisach , Bernard de Saxe-Weimar consolide ses positions et mène des incursions meurtrières dans le pays de Bade et en Franconie . Mais, le 16 juillet, Ferdinand III lance une contre-attaque au cours de laquelle le mercenaire au service
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