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Ridicule

Ridicule

Titel: Ridicule Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Remi Waterhouse
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naissance de Sygismon de Malavoy, marquis de Villars, mort en 1507.
    — Notre château a brûlé vers 1680, peut-être que certains documents...
    — Bien sûr, les châteaux brûlent toujours, convint Chérin, désolé.
    Et pour faire l’aumône d’un encouragement à celui dont il venait de briser les rêves :
    — Écrivez à sa paroisse de naissance. Ils ont peut-être le certificat de baptême.
    Il crut bon d’ajouter :
    — Armez-vous de patience, toutefois. Quelle est votre devise, déjà ?
    Il chercha du regard un document.
    — « Deus Providebit {6}  » ! Avec une devise pareille, monsieur, rien n’est jamais perdu !
    C’était un de ses procédés habituels que de citer la devise du malheureux débouté, comme les bourreaux ont les leurs, dit-on, pour calmer les condamnés à l’instant suprême. Ces mots avaient souvent des vertus encourageantes, même si celui qui les prononçait en savourait secrètement toute la dérision.
    Ponceludon s’était levé et rassemblait ses documents avec résignation.
    — Dieu y pourvoira, sans doute. Mais mon pays sera un cimetière. Adieu monsieur.
    Malgré ce revers, Ponceludon avait repris sa vie de disciple affranchi chez Bellegarde et les siens.
    — Chérin est incorruptible, mais il est influençable, lui dit le marquis. Travaillez à votre renommée. À l’homme d’esprit, rien d’impossible !
    — Un obstacle supplémentaire se dresse. Je dois bien constater que le but poursuivi a reculé depuis mon arrivée.
    Bellegarde craignait par-dessus tout les accès de découragement qui auraient pu renvoyer Ponceludon chez lui. Son crédit miraculeusement reconstitué dans le salon Blayac serait éphémère, dès lors que son brillant compagnon l’aurait abandonné.
    De fait, Ponceludon aurait peut-être pris la décision raisonnée de retourner porter le fer au coeur même de l’infection des marais, s’il n’avait eu une nouvelle raison de prolonger son hébergement. Une curiosité agacée le liait à la fille de la maison, qui parfois lui faisait envisager inversement un départ précipité, selon que la curiosité ou l’agacement prenait le pas. Mais la curiosité l’emportait toujours. Il lui fallut convenir en lui-même que, en dépit de la fraîcheur de leur relation, Mathilde occupait une place grandissante dans ses pensées. Il baptisa donc « persévérance » le plaisir qu’il avait à séjourner auprès de la jeune femme, et les obstacles, dès lors, ne firent qu’aiguiser son appétit de les abolir.
    Le laboratoire ne recevant la lumière du jour que par un soupirail percé dans la base de la façade est du bâtiment, ce soubassement recevait le soleil le matin. Le même soleil matinal, qui allumait des éclats dorés sur la machine électrostatique, ce matin-là, transperçait le jupon de Mathilde et faisait apparaître la silhouette gracieuse de ses jambes aux occupants du lieu. La jeune fille taillait les rosiers qui grimpaient de part et d’autre de l’ouverture. En contrebas, Ponceludon assistait Bellegarde dans une de ses expériences favorites : une grenouille décérébrée était suspendue au bitton de métal qui formait l’extrémité de la machine, à l’opposé du disque de verre. Le disque, actionné par Ponceludon, se chargeait, et diffusait à intervalle régulier son fluide électrique dans le dispositif métallique terminé par le bitton. La vue des pattes délicates agitées de contractions à chaque décharge ravissait le physiologiste et, chaque fois qu’elles se pliaient, à la manière des pantins articulés suspendus dont on tire la ficelle, Bellegarde levait ses deux grands bras maigres au plafond, comme s’ils étaient eux-mêmes mus par la décharge électrostatique. Ses transports étaient tels qu’il ne remarqua pas le spectacle qui captait l’attention de son assistant. Ponceludon, lui, ne pouvait détacher les yeux des jambes de Mathilde qui se découpaient sous le jupon, et se tendaient gracieusement sur la pointe des pieds chaque fois que la jeune fille voulait atteindre une fleur haute.
    — Regardez ! Galvani a raison. J’ai refait l’expérience cent fois : l’électricité a bien un effet sur les « esprits animaux » qui circulent en nous !
    Mathilde venait de se mettre en extension sur une seule jambe, l’autre relevée, pour atteindre une rose à la limite de sa portée, et Ponceludon fut pris d’un émoi si violent qu’il sentit son membre se raidir

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