Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
reprises par des étoiles filantes. Axel y vit d’heureux présages, puisque à aucun moment sa mère ne perçut d’hostilité chez les invités. L’épouse du pasteur, au contraire, se montra particulièrement aimable avec Charlotte et souhaita la recevoir à Saint-Légier. Les Duloy y possédaient une belle maison, d’où l’on découvrait un large panorama du Léman. Les convives, qui avaient apprécié la cuisine de Pernette Métayer, dégustèrent, en prenant le frais, plusieurs bouteilles de vin blanc de Belle-Ombre, dont Axel avait choisi avec quelque malice le millésime : 1819.
     
    La présence du pasteur Duloy eut le résultat escompté et, quarante-huit heures après cette réception, la réhabilitation de Charlotte paraissait acquise. Il se trouva même quelques bourgeoises pour la plaindre et d’autres l’invitèrent à prendre le thé à l’auberge des Trois-Couronnes, avec de riches étrangères de passage, comme à l’époque où les papoteuses se réunissaient autour de lady Moore.
     
    Bien qu’enchantée de son séjour chez son fils, la divorcée refusa de rester pour le ressat des vendanges.
     
    – Blaise doit rentrer ces jours-ci du haut Forez et je veux être à Lausanne pour l’accueillir, puisqu’il peut maintenant venir rue de Bourg sans susciter d’étonnement, dit-elle.
     

    Au cours des agapes traditionnelles marquant la fin des vendanges, qu’il présidait pour la deuxième fois, Axel confirma le divorce de ses parents et donna des nouvelles de Guillaume Métaz.
     
    Dans sa dernière lettre, l’exilé se félicitait de sa liberté retrouvée et fournissait un bilan très positif de son installation aux États-Unis. Blandine promettait de devenir une parfaite jeune fille américaine, pleine d’aplomb et d’élégance. Elle était reçue dans les meilleures familles de Boston, celles des banquiers et des industriels fortunés. Quant aux affaires de Guillaume, elles prospéraient régulièrement. Il avait acquis de nouvelles terres, produisait du fromage et comptait vendre son vin aux restaurants et aux hôtels. Il faisait construire une grande maison, avec galerie et dépendances, pour loger ses ouvriers noirs, anciens esclaves affranchis, venus du Sud, et envisageait d’acheter un pied-à-terre à Boston, où ses affaires l’appelaient de plus en plus souvent. Après un bref commen taire sur la fin de Napoléon, il rapportait une information, donnée par un journal américain, suivant laquelle les Mémoires laissés par l’empereur allaient paraître à Philadelphie.
     
    « On dit que Napoléon dévoile ses relations personnelles les plus secrètes et raconte une foule d’anecdotes curieuses, que l’histoire ne manquera pas de recueillir », commentait Guillaume.
     
    Les derniers paragraphes, très copieux, de sa lettre étaient consacrés aux bateaux à vapeur :
     
    « Vous devez avoir maintenant à Genève un curieux Américain, consul des États-Unis en France, M. Edward Church. Cet homme est un ami de M. Robert Fulton, qui a construit ici des bateaux mus par la vapeur et qui naviguent sur la rivière Hudson, à New York. Ce diplomate, marié à une Française, doit avoir pas mal de loisirs et une assez jolie fortune, car il consacre beaucoup d’efforts à faire connaître les inventions de M. Fulton.
     
    » On dit ici qu’il a fondé, avec deux Anglais, constructeurs de machines à vapeur, M. Watt et M. Boulton, un chantier naval à La Seyne, près de Toulon, où il a fait construire des bateaux à vapeur que l’on voit maintenant sur la Garonne, sur la Loire et, même, sur la Manche, entre Le Havre et Honfleur. On dit ici qu’il s’est rendu à Genève, pour voir s’il ne serait pas possible de faire marcher des bateaux à vapeur sur notre Léman. On dit même que cet homme d’affaires américain se serait étonné de l’indolence suisse en matière de navigation.
     
    » Alors, mon garçon, surveille ça de près. Car tu penses bien que, si un jour il y a, sur le lac, des barques propulsées par la vapeur, nos voiliers auront à soutenir une rude concurrence. Les bateaux à vapeur fument, sentent mauvais, sont peut-être dangereux, comme disent certains, mais, moi, j’en ai vu : ils vont plus vite que les bateaux à voiles. »
     
    Un mois plus tard, les prévisions de Guillaume Métaz parurent se confirmer pour Axel, quand il lut, le 27 novembre, dans la Gazette de Lausanne :
     
    « On parle du projet d’établir sur le

Weitere Kostenlose Bücher