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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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cette terrasse sur le lac et cette fontaine aux dauphins me rappellent tant de choses ! Enfin, nous devons vivre dans le présent et tenter d’agir et de penser, pour qu’il soit une noble et belle continuation du passé.
     
    Axel approuva et servit le vin. Blaise mira le dézaley doré avant de boire, puis se résolut à parler :
     
    – Il se trouve qu’un de mes cousins Atheux est archevêque de Lyon et grand spécialiste de droit canon. Je me suis arrêté chez lui, où l’on dîne fort bien, pour lui soumettre le cas d’une femme catholique divorcée d’un protestant. Mon parent appartient à cette catégorie de prélats très instruits, tolérants, affables et doués d’esprit. Il commença par me répondre en riant que c’est toujours une bonne affaire qu’une catholique se libère d’un mari parpaillot. Excusez le terme : il est de lui.
     
    Axel sourit et indiqua d’un geste de la main que l’excuse allait de soi.
     
    – C’est ainsi que les Français d’autrefois appelaient les calvinistes, comparant ces chrétiens aux papillons nommés parpaillots par les Gascons. Ces dissidents allaient avec foi s’exposer aux flammes des bûchers, tels les papillons à celles des chandelles, crut bon de préciser le général.
     
    – Ce sobriquet serait donc plutôt flatteur, constata le jeune homme en riant.
     
    – L’archevêque, quand je lui eus exposé plus complètement le cas, me dit, je répète à peu près ses paroles : « Si le mariage a été célébré par un pasteur du Saint Évangile, dans un temple protestant, hors de la présence d’un prêtre catholique, et même en présence de ce dernier s’il n’a pas lui-même officié, l’Église catholique romaine ne reconnaît aucune valeur sacramentelle à une telle union, puisque les protestants ne comptent pas le mariage au nombre des sacrements. En revanche, si le mariage mixte a été célébré dans une église catholique, par un prêtre de l’Église catholique apostolique et romaine, le sacrement de mariage a bien été administré, même si un pasteur, de l’Église réformée, assiste à la bénédiction. » Tels ont été les propos du primat des Gaules lyonnaises, qui fait autorité dans mon diocèse. Le tout, mon cher enfant, est maintenant de savoir si votre mère a été unie à M. Métaz par un pasteur, ou si le mariage a été célébré par un prêtre catholique. Le savez-vous ? conclut Fontsalte.
     
    – J’ai toujours entendu dire que l’engagement principal, le seul qui comptât aux yeux de l’époux, avait été prononcé à Saint-Martin, église réformée, et que mon père…, enfin le marié, avait accepté, quelques jours plus tard, alors qu’il se trouvait avec sa femme chez ses beaux-parents, et ce uniquement pour faire plaisir à ma mère et à ma grand-mère, de faire bénir son mariage par le curé d’Échallens. Guillaume Métaz a toujours, par la suite, laissé ma mère pratiquer sa religion, bien qu’il fût résolument contre le pape et son Église. Leur accord devant notaire prévoyait que les garçons qui naîtraient du couple seraient élevés dans la religion du père, les filles dans celle de la mère. C’est ainsi que j’appartiens à l’Église réformée, ma sœur Blandine à l’Église catholique. Je devrais dire appartenait, car, dans sa dernière lettre, mon père m’a appris que Blandine a abjuré la religion maternelle et s’est convertie au protestantisme. C’est tout ce que je sais du mariage religieux de ma mère, mais elle-même pourra vous en dire plus.
     
    – S’il en est ainsi, cher Axel, votre mère n’a jamais été mariée aux yeux de l’Église catholique, pour qui seule l’administration du sacrement de mariage imprime à l’union d’un homme et d’une femme un caractère ineffaçable qui ne peut pas être renouvelé !
     
    – Dans ce cas, elle peut donc s’unir à vous, devant un prêtre catholique, sans commettre ce qu’elle nomme un sacrilège, remarqua Axel.
     
    – Je le pense et je me crois donc autorisé à renouveler ma demande en mariage. Et cela d’autant plus que, dans la seule lettre que m’a adressée votre mère en Grèce, elle répétait combien elle est malheureuse et laissait entendre qu’elle pourrait, un jour, se faire violence et se contenter d’un mariage civil. Sachant qu’une telle union l’eût insatisfaite, j’y aurais renoncé. Mais, comme j’ignorais tout de la procédure adoptée par les Églises

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