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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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de l’année précédente. Abondant et gorgé de pulpe sucrée, le raisin donna au pressoir un vin nouveau qui promettait une bonne teneur en alcool. Axel Métaz, escomptant une rentrée d’argent frais, mit aussitôt une nouvelle barque en chantier et accepta l’offre faite, un an plus tôt, par Martin Chantenoz.
     
    – C’est décidé, Martin, nous irons féliciter ensemble M. Goethe à l’occasion de son jubilé, annonça Axel à son ami, lors du ressat des vendanges, présidé, cette fois avec aisance et naturel, par M me  de Fontsalte accompagnée du général.
     
    Ce dernier, adopté par les Veveysans, qui n’hésitaient pas à lui demander avis et conseils, envisageait d’acquérir une maison à Saint-Légier, gentil village dominant Vevey, d’où l’on découvre le panorama du lac.
     
    Tandis que les vendangeuses cueillaient le raisin de Belle-Ombre, Axel avait appris, par une lettre de Guillaume, qu’une deuxième fille, née en avril au foyer de l’exilé volontaire, se nommait Lorena Margaret. Elle promettait, d’après son père, d’être aussi vive que sa sœur. Quant au prêt sollicité par Axel, Guillaume l’accorderait volontiers, mais assorti d’un intérêt de 3 %, « taux moyen pratiqué à Boston pour ce genre d’emprunt », précisait-il. Devenu l’associé de son très riche beau-père, le Vaudois américanisé s’employait à construire une nouvelle fortune. Son esprit d’entreprise, sa pugnacité et son sens de l’économie trouvaient à s’exercer. Guillaume Métaz s’accommodait fort bien de l’affairisme yankee.
     
    « Dans les affaires d’argent, surtout entre parents, les contrats doivent être clairs et sans faveur particulière afin que prêteur ou emprunteur ne puisse, un jour, opposer l’intérêt aux sentiments et vice versa. Car tu es aussi bien placé que moi pour savoir que la vie réserve, parfois, de cruelles surprises. L’homme prudent doit toujours considérer l’ami d’aujourd’hui comme l’adversaire, voire l’ennemi de demain ! Les liens de famille ne changent rien à la chose, j’en ai fait la douloureuse expérience. »
     
    Axel, déçu, presque mortifié, par le fait que l’homme qui disait toujours le considérer comme un fils le traitât, en affaires, comme un étranger, renonça à profiter d’une offre aussi léonine. Les banquiers genevois prêtaient aux mêmes conditions que M. Métaz et le jeune Vaudois savait fort bien qu’il pourrait en obtenir de meilleures par Pierre-Antoine Laviron, dont l’estime et l’amitié lui étaient acquises.
     
    L’organisation du voyage en Thuringe, projeté avec Chantenoz, fit bientôt oublier la déconvenue. Axel renvoya à plus tard les considérations financières.
     
    L’itinéraire de Genève à Weimar, long et incertain, fut scrupuleusement étudié par les frères Émery, voituriers à Lausanne. Ces maîtres des diligences proposèrent relais et étapes en s’inspirant du parcours autrefois choisi par Benjamin Constant et M me  de Staël, lors de leur voyage à Weimar en 1804.
     
    Les festivités destinées à marquer le cinquantième anniversaire de l’arrivée de Goethe à la cour de Charles-Auguste de Saxe-Weimar-Eisenach devant commencer le 7 novembre, Axel et Chantenoz quittèrent Vevey par une belle matinée de la mi-octobre. Les premiers jours d’automne sont souvent, au bord du lac, les plus enchanteurs de l’année. Ils prolongent les charmes de la belle saison en estompant la lumière crue de l’été et en modulant, par des nuits fraîches, les tardives chaleurs. C’est le temps où le vignoble désert entre en repos, blotti sous la couverture rousse de son feuillage alangui.
     
    Pour l’expédition à Weimar, Blaise de Fontsalte prêta sa berline, plus confortable que le cabriolet d’Axel, et les voituriers lausannois fournirent un robuste postillon, habitué aux longs voyages, d’un heureux caractère, qui parlait allemand et anglais. Il se nommait Virgile, ce qui plut à Chantenoz. Au moment du départ, le général convainquit le jeune homme d’accepter une paire de pistolets, compagnons indispensables, d’après lui, de ceux qui se lancent à l’aventure sur les grands chemins.
     
    Le premier soir, les voyageurs dormirent à Payerne, puis, par Soleure et Aarau, gagnèrent Schaffhouse, d’où ils entrèrent dans le Wurtemberg. Ils y passèrent une nuit avant d’entreprendre la traversée du grand-duché de Bade. Après une étape à

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