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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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toi ! Si ma mère apprend que tu as vu la fonderie, elle m’en voudra à mort de t’avoir attiré ici ! J’ai déjà tâté de son fouet.
     
    – Mais tu n’as jamais ignoré l’existence de cet atelier ?
     
    – Il existe depuis 1790, figure-toi. Mais aucun étranger n’en a jamais rien révélé. Ceux qui l’ont, par hasard, découvert ne sont plus jamais sortis du domaine.
     
    – J’ai vu le cimetière au cours de notre promenade. Mais, s’il s’agit d’une menace, sache que je ne compte pas finir mes jours ici. D’ailleurs, Chantenoz et les deux hommes qui m’attendent au village ne manqueront pas de se manifester s’ils ne me voient pas reparaître dans un délai raisonnable. Un honnête citoyen suisse ne disparaît pas sans que les autorités s’inquiètent, dit Axel.
     
    Adrienne quitta son siège et vint s’asseoir sur les genoux de son amant, qu’elle enlaça tendrement.
     
    – Mon Axou, toi, tu ne crains rien. Ma mère ne saura pas que tu sais et rentré chez toi, en Suisse, tu garderas le secret, j’en suis sûre. Parce que, une fois déduits tous les frais, l’or fondu ici sert à secourir les malheureux, à soutenir ceux qui luttent pour leur liberté à travers l’Europe !
     
    – Et d’où viennent-ils, les objets précieux que j’ai vu casser et fondre ?
     
    – À l’occasion des révolutions, des émeutes, des coups de main, des hommes courageux les ont pris aux tyrans et à ceux qui profitent de leurs largesses. Nous avons fondu ici, entre 1790 et 1793, beaucoup d’objets saisis par les révolution naires français dans les églises et les châteaux. Sous Napoléon, des généraux pillards nous ont fourni des centaines de kilos d’or, sans le savoir ! Et maintenant, il en vient de partout, ajouta Adrienne.
     
    – C’est-à-dire ? insista Axel.
     
    – Eh bien, ma mère a pour règle de ne jamais demander la provenance de ce qu’on apporte à Koriska. Il y a, dans tous les pays, des gens discrets, qui collectent et nous envoient des choses, concéda vaguement Adrienne.
     
    – Je vois ! Des receleurs grossistes, en somme. Des hommes de confiance, sans doute des Tsiganes, à qui s’adressent aussi bien les grands révolutionnaires que les détrousseurs de diligences et les cambrioleurs ou tire-bourse, acheva le jeune homme avec humeur.
     
    Son œil bleu, glacial, l’emportait à cet instant sur l’œil noisette. Adrienne, qui savait lire le courroux dans un regard vairon, quitta les genoux de son demi-frère et se tint debout devant lui.
     
    – Promets-moi le secret. Tu ne parleras à quiconque de ce que tu as vu ici. N’est-ce pas ? C’est indispensable pour la sécurité de la cause que je défends depuis toujours, que tu connais, que tu approuves !
     
    – On peut avoir de la sympathie pour une juste cause sans, pour autant, cautionner les moyens déshonnêtes de la soutenir, dit Axel, se levant à son tour après avoir repoussé le traité d’Hermogène.
     
    Adry estima l’incident clos.
     
    – Maintenant, allons nous coucher. Nous avons assez parlé de choses qui ne doivent pas t’intéresser, murmura-t-elle, enjôleuse.
     
    Axel ne céda pas tout de suite.
     
    – Encore une question, une seule. Que l’or fondu ici soit en partie utilisé pour soutenir la bonne cause de la liberté des peuples, soit. Mais les perles, les diamants, les rubis, les émeraudes, les saphirs, parfois énormes, que j’ai vu démonter des pièces d’orfèvrerie, où vont-ils, s’il te plaît ?
     
    – Je vais être franche avec toi, Axou. C’est notre petit profit ! Comme ma mère, j’aime les bijoux… Et puis on peut les vendre n’importe où, à des joailliers peu curieux. Tu vois ce que je veux dire, non ? À Venise, n’as-tu pas vendu des bijoux venant de ta famille ?
     
    – En effet, reconnut Axel en lui prenant le bras avec un sourire, à Venise, j’ai vendu des bijoux de famille.
     

    Au matin, Axel se réveilla seul, la bouche pâteuse, dans le grand lit au baldaquin branlant où il avait connu, au cours de la nuit, les étreintes sauvages et répétées d’Adriana. Il ne fut pas autrement étonné de ne pas trouver la jeune femme à son côté. Fantasque et imprévisible comme il la connaissait maintenant, peut-être s’était-elle levée avec l’aube pour aller folâtrer dans l’immense parc aux statues étranges. Peut-être comptait-elle, à ce moment, avec sa sorcière de mère, les lingots fondus la

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