Rive-Reine

d’opérettes. Elle fut l’amie de Tourgueniev et de George Sand.
     
    10 Cet étrange bac hippomobile était constitué de deux coques distinctes et parallèles qui supportaient un large pont (21 mètres de long sur 8 de large), au milieu duquel se trouvait un manège circulaire, abrité par un chapiteau de toile. Les quatre chevaux, attelés à des perches horizontales reliées à un axe vertical au bout duquel était fixée, plongeant dans l’eau, une roue à pales, animaient, en tournant, ce mécanisme rudimentaire. Des bateaux à manège de ce genre assuraient les transbordements sur certains grands fleuves américains.
     
    11 Amédée Lévrier, dit Amé, juge des Excès et membre du Conseil de l’évêque de Genève en 1517, s’opposa à Charles III, duc de Savoie, dont il contesta avec énergie les droits sur Genève. Enlevé par des émissaires du duc sur le parvis de la cathédrale Saint-Pierre, le 12 mars 1524, il fut décapité, à Bonne, le lendemain.
     
    12 1805-1864. Poète genevois. Il publia, à la même époque, chez Abraham Cherbuliez, un poème épique de seize pages : la Ruine de Missolonghi.
     
    13 Benêt.
     

7.
     
    Le 15 juillet 1826, le lancement, à Ouchy, du vapeur Léman prit les couleurs et le ton d’une grande fête nationale vaudoise. Une foule considérable, composée de citoyens venus en famille des villes et villages du canton, se pressait sur l’esplanade, devant l’antique château des évêques de Lausanne. Tandis que retentissaient, martiaux, les flonflons cuivrés d’une musique militaire, les curieux tentaient d’apercevoir le duc d’Orléans 1 et la duchesse Marie-Amélie qui, s’en allant visiter, avec leurs enfants, le château de Chillon, profitaient de la croisière inaugurale du Léman pour effectuer ce court voyage.
     
    Les autorités cantonales et les invités de marque avaient accès à la jetée en pierre, construite autrefois par l’ingénieur français des Ponts et Chaussées Nicolas Céard. Blaise de Fontsalte, son épouse, Flora Baldini, Claude Ribeyre de Béran, ainsi qu’Axel Métaz et les Laviron, avec leur fille, figuraient parmi ces privilégiés.
     
    Blaise, faisant apprécier la solidité de la digue, rappela que les Suisses étaient aussi redevables à Céard 2 de la belle route qui, par le col du Simplon, permettait de se rendre de Brigue à Domodossola en douze heures. Chaque jour, une douzaine de diligences et de nombreuses voitures empruntaient cet itinéraire, tracé en 1797 par le général Bonaparte et inauguré, le 25 septembre 1805, par l’empereur Napoléon I er .
     
    Le banquier Laviron et les siens n’étaient pas les seuls Genevois à s’être déplacés. Des personnalités et de nombreux citoyens de la cité de Calvin étaient arrivés, à bord des vapeurs Guillaume-Tell et Winkelried , en croisière spéciale. Accueillis par les membres du Grand Conseil et du Conseil d’État vaudois, ces visiteurs voulaient assister, en voisins, au premier appareillage d’un concurrent dont les actionnaires des vapeurs genevois connaissaient et redoutaient déjà les performances. Ne transporterait-il pas cinq cents passagers à la vitesse record de dix-sept kilomètres à l’heure !
     
    Pour justifier une appartenance cantonale, dont tous les Vaudois se montraient jaloux, le Léman arborait, à la poupe, le grand pavillon, rouge à croix blanche, de la Confédération, frappé, dans un angle, de l’écu vert et blanc du canton de Vaud. Ce blason se retrouvait sur le bastingage, sur les coffrages protecteurs des roues à aubes, dans tous les ornements intérieurs et extérieurs, en somme, partout où les peintres patriotes avaient pu le placer pour mieux affirmer l’individualité vaudoise du bateau. Les Genevois trouvèrent cette surabondance d’emblèmes patriotiques un peu exagérée et nommèrent aussitôt le bateau «  Léman vaudois » , pour le distinguer, avec un rien de condescendance, des premiers bateaux construits et lancés à Genève ! Certains se gaussèrent de la figure de proue, une sirène aux seins énormes et protubérants, couverte d’écailles nacrées et qui embouchait une trompette dorée. Un Lausannois, plus chauvin que les autres, affirma qu’il s’agissait de la Fécondité lacustre soufflant dans l’instrument de la Renommée !
     
    Cependant, quand les roues à aubes du Léman , mues par soixante chevaux nominaux, se mirent à battre les eaux du lac, dont le vaisseau portait