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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Rhône, un grand quai, beaucoup plus large que celui des Bergues, afin de faciliter le trafic commercial traditionnellement concentré entre Longemalle et la Fusterie. Là encore, des quantités énormes de pierres seraient nécessaires. En attendant, pour loger plus de fonctionnaires, on surélevait le vieil hôtel de ville d’un étage. Qui se rappelait encore que, le 19 juin 1762, l’exécuteur de la haute justice avait jeté aux flammes du bûcher allumé dans la cour le Contrat social et l’ Émile de Jean-Jacques Rousseau, livres « téméraires, scandaleux, impies 8  » !
     
    Juliane Laviron, qu’Axel rencontrait fréquemment, ne s’intéressait pas aux affaires immobilières. Les réfugiés grecs avaient, pour la plupart, regagné leur patrie. Mais l’infatigable Jean-Gabriel Eynard et les quelques membres des comités de soutien à la Grèce, que la proclamation d’une indépendance si ardemment désirée n’avait pas démobilisés, continuaient à œuvrer pour la jeune nation en proie à d’énormes difficultés, politiques, économiques et financières.
     
    Le protocole signé par les puissances, le 22 mars 1829, avait décidé que le nouvel État grec était pleinement indépendant, sous réserve d’un tribut dû, de façon symbolique, à la Sublime-Porte 9 . Les frontières en étaient fixées ainsi : « La Grèce comprend la Morée et les îles, mais au-delà de l’isthme de Corinthe s’étend, au nord, jusqu’à une ligne qui, partant du golfe d’Arta, à l’ouest, se prolonge, à l’est, jusqu’au golfe de Volos. Ainsi sont affranchies Athènes, l’Attique, l’Eubée et toute la rive septentrionale du golfe de Lepante. » En revanche, les alliés ne se souciaient pas des moyens que pourrait se procurer la Grèce pour vivre et défendre son indépendance.
     
    Eynard tentait d’obtenir des gouvernements, à Paris, à Saint-Pétersbourg et à Londres, les garanties qui permettraient à Capo d’Istria, président du gouvernement provisoire, de négocier les emprunts indispensables à son pays. Mais M. de Polignac, nouveau président du Conseil français, se disait « peu porté sur les Grecs » ; le tsar n’acceptait de donner sa garantie pour un emprunt que si la France s’engageait formellement ; les Anglais appliquaient le wait and see qui leur tenait lieu de principe moral bien que le vieux duc de Wellington eût déclaré : « La Grande-Bretagne est très intéressée par la constitution d’un bon gouvernement grec » !
     
    Généreuse, Juliane Laviron pestait contre ces atermoiements et faisait, avec opiniâtreté, la quête pour les Grecs auprès de son père et de tous les banquiers qu’elle connaissait.
     
    – M. Eynard a personnellement envoyé trois cent mille francs et des centaines d’ardoises pour les écoliers grecs, car l’instruction est indispensable à la formation des citoyens. M. Capo d’Istria demande pour son pays un roi et de l’argent. Ils trouveront un roi, l’Europe doit fournir l’argent ! dit-elle, un soir, à Axel.
     
    – Je crains que l’Europe ne fournisse un roi mais pas d’argent ! répondit-il.
     

    Pendant que son fils traitait des affaires et s’intéressait au sort des Grecs, Charlotte, marquise de Fontsalte, jouissait de sa position mondaine, donnait des thés comme autrefois sa tante Mathilde, rendait des visites, allait entendre de la musique religieuse, passait du temps chez sa couturière et sa modiste, jouait les mécènes auprès d’artistes locaux. Elle eut grand plaisir, au commencement de l’été, à rencontrer l’ex-impératrice Marie-Louise.
     
    La duchesse de Parme avait loué, pour six semaines, au Petit-Saconnex, une propriété qui lui coûtait mille francs la semaine. Son second mari, le comte de Neipperg, qu’elle avait épousé morganatiquement en septembre 1821, quatre mois après la mort de l’empereur, s’était éteint le 22 juin à Parme. Pendant que Napoléon se morfondait à Sainte-Hélène, Marie-Louise avait eu, en 1817 et 1819, deux enfants bâtards du général autrichien. Un troisième, une fille, née en 1822, n’avait vécu que quelques jours. Demi-frère et demi-sœur du roi de Rome, les enfants de Neipperg ne l’intéressaient pas plus que ce fils de Napoléon. Le duc de Reichstadt, capitaine surnuméraire au régiment tyrolien de son grand-père, l’empereur d’Autriche, avait appris, à l’occasion du décès de Neipperg, la conduite passée et le

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