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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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dédié aux jacobins son poème le Triomphe de la liberté , a lancé la formule qui contredit le mieux celle de Metternich. Il voit l’Italie idéale comme : Una d’armi, di lingua, d’altare, di memori, di sangue e di cuore 24 . Savez-vous que Manzoni a épousé une Genevoise, Henriette Blondel, fille d’un riche banquier ?
     
    – D’après un ami que je me suis fait à Venise, le comte Ugo Malorsi, cette unité est utopique. Il me disait qu’un Vénitien n’a rien en commun avec un Calabrais ni même avec un Romain ou un Milanais. De plus, ils ne parlent pas tout à fait la même langue.
     
    – C’est pour accréditer cette idée et maintenir la division que les Autrichiens envoient police et armée contre les libéraux qui, de Naples au Piémont, organisent des soulèvements. Car, malgré la défaite de Napoléon, les idées de liberté que nous avons semées à travers l’Europe continuent à faire leur chemin. Aujourd’hui, nos carbonari sont devenus bonapartistes !
     
    Blaise de Fontsalte était à la fois étonné et ravi de rencontrer, chez un homme si jeune, pareille lucidité et saine compréhension de l’histoire en marche. Axel, imaginant la place que pouvait tenir Adrienne dans ce monde d’affidés, demanda des détails sur l’organisation des carbonari. Fontsalte le mit en garde :
     
    – Ce sont des romantiques, souvent dupes de quelques meneurs ambitieux qui, de Genève, de Paris ou de Londres, les envoient se faire massacrer, alors qu’eux-mêmes palabrent en toute sécurité. Ne vous laissez pas entraîner dans leur sillage. Adriana elle-même ne sait pas où elle va ! Les carbonari, ou Bons Cousins, vous feront prononcer des vœux solennels au cours de cérémonies étranges. Symbolique alambiquée, rites d’initiation secrets mais enfantins, hiérarchie pompeuse et dictatoriale, grades aux noms ronflants impressionnent les gens simples qui veulent s’agréger à un groupe pour servir la cause de la liberté. Ces purs acceptent tout jusqu’à prononcer l’inquiétant serment que je cite de mémoire : « Si je brise mon vœu, que mon corps soit déchiré en morceaux et brûlé et que mes cendres soient dispersées au vent, afin que je serve de leçon à tous les Bons Cousins dans le monde entier. »
     
    – C’est donc à la vie à la mort, un engagement total et définitif, remarqua Axel.
     
    – Aucune démission n’est acceptée, en effet. Non seulement celui qui trahit les secrets de la corporation se voit soumis aux pires châtiments, mais son nom est inscrit dans le livre noir de l’ordre « afin d’être perpétuellement l’objet de l’exécration générale ». Sachez aussi que l’adepte désigné pour exécuter un compagnon condamné à mort par la Chambre d’honneur ne peut se dérober. Le meurtre d’un traître n’est pas considéré comme un crime !
     
    – Ceux qui veulent lutter contre leurs oppresseurs n’ont guère besoin de ces simagrées pour se sentir solidaires, observa Axel.
     
    – C’est aussi mon avis. La rébellion par les armes comporte toujours un danger de mort auquel la charbonnerie ajoute un risque interne, difficile à apprécier. Quant à la rébellion par la plume, elle n’est pas moins risquée. Ainsi, le comte Federico Confalonieri, le fondateur de Il Conciliatore , un périodique qui prônait ouvertement le libéralisme politique, a été arrêté au cours de l’insurrection du Piémont. Il a été condamné à mort 25 par les Autrichiens et, en attendant son exécution, a rejoint l’inoffensif Silvio Pellico 26 , l’auteur de Francesca di Rimini , dans la forteresse du Spielberg, près de Brno, en Moravie, où se trouvent aussi d’autres patriotes italiens, comme le marquis Giorgio Guido. M me  Confalonieri est actuellement à Genève, où elle a rendu visite à Sismondi, espérant qu’une intervention de sa part pourrait sauver la vie de son mari.
     
    – Adrienne devait aussi voir M. de Sismondi, révéla Axel, ce qui n’eut pas l’air d’étonner le général.
     
    L’entretien se poursuivit encore un moment, puis le visiteur se leva pour prendre congé.
     
    – Je dois rentrer à Vevey. Je veux vous remercier pour le sachet de pierres précieuses que vous m’avez offert il y a deux ans. Ce trésor, que je n’ai pas épuisé, me fut très utile.
     
    – En m’emparant de ces pierres, je ne fis que voler un voleur. En offrant une partie de cette manne à un innocent, j’en ai, en

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