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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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cruciale que vous le prétendez,
vous ne devriez pas confier pareille entreprise à un simple écuyer.
    — Et pourquoi ? Ormand a
toute ma confiance.
    — Peut-être bien,
concéda-t-elle sagement, mais si vous avez vraiment besoin de ces troupes,
alors pourquoi tant faire peser sur une simple lettre confiée à un domestique
insignifiant ?
    — Et que feriez-vous à ma
place ?
    — J’enverrais un émissaire de
poids.
    — Un émissaire.
    — Oui, et quel meilleur émissaire
que l’unique et bien-aimée belle-fille du duc ? » Elle fit une pause
pour laisser à ses mots le temps de faire leur effet. « Le duc Geoffrey
pourra toujours refuser une lettre apportée par Ormand, vous et moi ne le
savons que trop bien. Mais par moi ? Jamais. »
    Bernard y réfléchit quelques
instants, ses doigts tapotant la base argentée de sa coupe. Ce qu’elle
proposait n’était pas entièrement dénué de fondement. Il pouvait déjà y voir
certains avantages. S’il l’envoyait là-bas, elle pourrait obtenir non seulement
des troupes, mais aussi de l’argent. Le vieux duc était effectivement incapable
de refuser quoi que ce soit à sa belle-fille. Peut-être fulminerait-il avec
force geignements quelques jours, mais il finirait par succomber à ses souhaits.
    « Très bien, décida soudain le
baron, vous irez. Ormand vous accompagnera, ainsi que vos servantes, bien sûr,
mais vous porterez vous-même la lettre et la lirez au duc quand vous jugerez
son humeur propice à accepter nos demandes. »
    Souriante, dame Agnès inclina la
tête en signe d’assentiment. « Vous êtes d’excellent conseil, mon mari.
Comme toujours. »

CHAPITRE 4
    Bran lança sa monture au galop.
« Iwan ! » Lorsqu’il entendit son nom, le champion du roi se
redressa sur sa selle, et Bran put voir le sang qui maculait sa tunique de cuir
renforcé.
    « Bran ! s’écria le
guerrier d’une voix entrecoupée. Bran, Dieu merci. Écoute…
    — Iwan, que t’est-il
arrivé ? Où sont les autres ?
    — On nous a attaqués au gué de
la Wye. Les Ffreincs, trois cents ou plus… soixante, peut-être soixante-dix
chevaliers, des fantassins pour le reste. »
    Vacillant sur le côté, il saisit le
jeune prince par le bras. « Bran, tu dois aller…» Puis ses yeux
commencèrent à rouler dans leurs orbites et il s’effondra sur sa selle.
    Bran le retint par le bras pour
tenter d’accompagner la chute au sol de son ami de toujours. Iwan tomba
néanmoins rudement entre les deux chevaux. Le jeune homme descendit à terre et
aida le blessé à se retourner. « Iwan ! Iwan ! Mon père, la
garde… où sont les autres ?
    — Morts, gémit Iwan. Tous…
tous morts. »
    Bran se hâta d’aller prendre
l’outre d’eau accrochée à sa selle et l’approcha de la bouche du guerrier.
« Tiens, bois-en un peu. Ça va te faire du bien. »
    Mort de soif, le chef de guerre
avala une longue gorgée d’eau avant de repousser l’outre. « Tu dois
prévenir tout le monde », reprit-il d’une voix un peu plus vigoureuse. Il
s’accrocha désespérément à Bran. « Tu dois partir prévenir nos gens. Tous.
Le roi est mort, et les Ffreincs sont en route.
    — Combien de temps avons-nous ?
demanda Bran.
    — Suffisamment, en plaise à
Dieu, lui répondit le chef de guerre. Mais pas si tu restes ici. Pars tout de
suite. »
    Bran hésitait, incapable de décider
quoi faire.
    « Tout de suite ! explosa
Iwan en repoussant le prince. Tu as tout juste le temps de cacher les femmes et
les enfants.
    — Je ne partirai pas sans toi.
Tu as besoin de soins.
    — Pars ! gronda Iwan.
Laisse-moi !
    — Pas dans ton état. »
    Ignorant les imprécations du
blessé, Bran l’aida à se relever et à se remettre sur sa selle. Puis il
s’empara des rênes du cheval d’Iwan et s’en retourna par où il était arrivé. À
cause des blessures du chef de guerre, ils progressèrent moins vite que Bran ne
l’aurait souhaité. Quand ils parvinrent à l’orée occidentale de la forêt, ils
firent halte pour permettre aux chevaux ainsi qu’au blessé de se reposer.
« Tu as très mal ? s’enquit Bran.
    — Pas tant que ça, répondit
Iwan, la main pressée sur sa poitrine. Enfin, un peu…
    — Nous allons rester là un
moment. » Bran mit pied à terre, fit quelques pas et s’accroupit au sol
pour scruter discrètement la vallée en quête d’un signe de la présence ennemie.
    Les larges plaines ondulantes de
l’Elfael

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