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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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s’étendaient devant lui, miroitant doucement dans la brume bleutée
d’un jour d’automne. Isolée du monde, verte, fertile, cette région de collines
arborées séparées par maints ruisseaux contrastait plaisamment avec les hauts
rochers à pic des montagnes pelées du nord et de l’est, comme avec les
tourbeuses terres désolées du sud. Certes pas le plus grand cantref au-delà des
Marches, mais Bran considérait qu’il gagnait en charme ce qui lui manquait en
taille.
    À quelque distance s’élevait la
forteresse du roi, sentinelle immobile qui ouvrait sur l’Elfael. Avec ses murs
blanchis qui miroitaient au soleil, elle semblait assoupie dans la lourde
lumière de miel. Si calme, si paisible… Que quelque chose vienne déranger
pareille sérénité paraissait plus qu’improbable, juste l’ombre d’un petit nuage
passant sur une prairie baignée de soleil, une légère diminution de luminosité
avant que l’astre du jour ne reprenne ses droits. La famille de Bran vivait à
Caer Cadarn depuis huit générations ; jamais il n’aurait pu imaginer que
cela puisse changer.
    Une fois repu de ce moment de calme
avant la tempête, le jeune homme retourna jusqu’à sa monture et se remit en
selle.
    « Tu as vu quelque
chose ? lui demanda Iwan, les yeux caves, le visage pâle dégoulinant de
sueur.
    — Aucun Ffreinc, répondit le
prince. Pour l’instant. »
    Ils repartirent au trot en
direction de la vallée. Sans même faire halte au fortin de la colline, les deux
hommes chevauchèrent directement jusqu’à Llanelli, le petit monastère situé au
pied de la vallée à mi-chemin de la forteresse et de Glascwn, la capitale du
cantref voisin – et la seule agglomération d’importance de la région. Bien
qu’étant une simple antenne de l’abbaye de Saint Dyfrig à Glascwn, le monastère
de Llanelli rendait de grands services à la population de l’Elfael. Les moines
sauraient non seulement donner l’alarme avec une efficacité inégalable, pensait
Bran, mais ils pourraient également venir en aide à Iwan.
    Les portes du monastère étaient
ouvertes, aussi y pénétrèrent-ils à cheval avant de faire halte dans la cour en
terre battue qui donnait sur la petite église en bois enduite de boue séchée.
« Frère Ffreol ! Frère Ffreol ! » Bran descendit de son
cheval et courut jusqu’à la porte de l’église. Un prêtre s’y trouvait
agenouillé devant l’autel. Dérangé dans ses prières par le fracas de Bran, le
vieil homme se retourna.
    « Seigneur Bran, dit-il en se
remettant péniblement sur ses pieds. Que Dieu se montre miséricordieux envers
vous.
    — Où se trouve frère
Ffreol ?
    — Je serais bien incapable de
vous le dire, répondit le moine sans âge. Il pourrait être n’importe où.
Pourquoi tous ces cris ? »
    Sans même lui répondre, Bran se
saisit de la corde de la cloche. Celle-ci carillonna violemment en réponse à
ses tractions frénétiques, et bientôt des moines accoururent de toutes les
directions. Le premier à passer la porte fut le frère Cefan, un garçon du coin
à peine plus âgé que Bran. « Seigneur Bran, que se passe-t-il ?
    — Où est Ffreol ?
interrogea le prince, qui tirait toujours aussi sèchement sur la corde. J’ai
besoin de lui.
    — Il était dans le scriptorium
il y a peu, lui répondit le jeune homme. Je ne sais pas où il se trouve à
présent.
    — Trouvez-le ! ordonna
Bran. Dépêchez-vous ! »
    Le jeune frère rebroussa chemin en
hâte, heurtant à la porte l’évêque Asaph, un vieil insecte sévère, sans humour
et – de l’avis de Bran – guère capable. « Vous ici !
s’écria-t-il en se précipitant dans l’église. Cessez immédiatement cela !
Vous m’entendez ? Lâchez cette corde ! »
    Bran s’exécuta, puis se retourna.
    « Oh, c’est vous, Bran, fit
l’évêque, les sourcils froncés par un air de lasse désapprobation. J’aurais dû
m’en douter. Permettez-moi de vous demander ce que signifie cette fougueuse
irruption.
    — Nous n’avons pas de temps à
perdre, Monseigneur » , se contenta de répondre Bran. En un éclair,
le prince empoigna l’homme d’église par la manche de sa robe et le tira de
force dans la cour, où une vingtaine de moines se réunissaient en hâte.
    « Du calme, dit l’évêque Asaph
une fois qu’il fut parvenu à se libérer de la prise de Bran. Tout le monde est
là, vous allez pouvoir nous expliquer tout ce tapage.
    — Les Ffreincs arrivent.

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