Robin
décret sacré. Il y a déjà eu trop de sang versé, en vain. Nous ne
devons pas fournir de bonnes raisons à l’ennemi de nous attaquer. Mais jusqu’à
ce que tout cela prenne fin, nous ferons de notre mieux pour accepter notre
lot. »
L’évêque congédia ses
messagers : « Partez à présent, et hâtez-vous ! Dites à tous
ceux que vous rencontrerez de passer le mot à leurs voisins. Il ne faut oublier
personne. »
Les moines désertèrent aussitôt le
monastère. Bran les regarda s’en aller, l’esprit empli de sombres inquiétudes.
« Quant à vous, reprit Asaph en dévisageant le jeune homme, vous devez
atteindre Lundein aussi vite que possible. Plus tôt on pourra remédier à cette
erreur, et moins elle occasionnera de dommages. Partez sur l’heure.
— C’est de la folie, soupira
Bran. Ils nous tueront tous.
— C’est la seule chose à
faire, affirma Ffreol. Et vous devez l’accomplir pour le bien de l’Elfael et du
trône. »
Bran considéra les deux hommes
d’église d’un air incrédule. Son instinct lui disait de courir, de fuir.
« Je vais y aller avec vous,
proposa Ffreol. Tout ce que je peux faire pour vous aider dans cette affaire,
croyez bien que je le ferai.
— Bien, conclut l’évêque, que
l’arrangement satisfaisait. Que Dieu vous accorde Sa sagesse et la rapidité même
des anges. »
CHAPITRE 5
Avalant la pente qui menait à la
forteresse, Bran franchit en hâte les portes de Caer Cadarn. Il commença à
crier avant même d’être descendu de son cheval. Le désagréable Maelgwnt apparut
dans la cour. « Quoi encore ? Vous avez massacré un autre
cheval ? Deux en une seule journée, je me demande ce que votre père va en
penser.
— Mon père est mort, dit Bran
d’un ton cinglant. Ainsi que tous ceux qui se trouvaient avec lui, à
l’exception d’Iwan. »
Les yeux de l’intendant s’étrécirent
le temps qu’il estime la véracité de la folle assertion de Bran. « Si
c’est une plaisanterie, elle n’est pas de très bon goût, même venant de vous.
— Par Dieu, c’est la stricte
vérité ! » gronda Bran. Prenant l’intendant stupéfait par le bras, il
se dirigea prestement vers la grande salle du roi. « L’armée ffreinc qui
les a attaqués se dirige droit sur nous à l’heure qu’il est, expliqua-t-il.
Elle commencera par ici. Emmenez les coffres-forts et l’argent jusqu’au
monastère, ainsi que les serviteurs. Ne laissez personne derrière vous. Les
marchogi vont s’emparer de la forteresse et de tout ce qui s’y trouve.
— Et les animaux
d’élevage ? demanda Maelgwnt.
— Au monastère, répondit Bran
tout en se précipitant sur la porte. Utilise ta cervelle, vieillard ! Tout
ce qui en vaut la peine, emporte-le à Llanelli. Les moines le garderont pour
nous. »
Il se précipita à l’armurerie, une
pièce carrée, aux murs épais percés de meurtrières en guise de fenêtres. Il s’y
attendait : les meilleures armes ne s’y trouvaient plus. La garde avait
tout pris à l’exception de quelques épées rouillées à la lame tordue et de
lances usagées. Il sélectionna les plus utilisables et se tourna vers le
râtelier d’arcs pendu au mur opposé.
Pour une quelconque raison –
sans doute par souci de bienséance vis-à-vis de William – son père avait
laissé là tous les arcs de guerre. Il en prit un, le testa, et le mit en
bandoulière. Il passa une épée rouge de rouille à sa ceinture, récupéra un
faisceau de flèches, plusieurs lances émoussées, puis se précipita aux écuries.
Après avoir déposé les armes sur le sol, il ordonna à Cefn de seller une
nouvelle jument. « Quand tu en auras fini, mène-la dans la cour. Frère
Ffreol fait la route à pied ; je veux partir dès qu’il sera arrivé. »
Le visage blême, l’air égaré, Cefn
demeurait immobile. « Est-ce vrai ?
— Le massacre ? C’est la
vérité. Ffreol et moi partons pour Lundein afin de rencontrer le Roi Rouge, lui
prêter allégeance et nous assurer que nos terres nous seront rendues. Dès que
je serai en route, cours chercher Maelgwnt, et fais tout ce qu’il te dira. Nous
transportons tous nos biens au monastère. Ne crains rien, tu seras en sécurité
là-bas. Compris ? »
Cefn hocha la tête.
« Bien. Dépêche-toi à présent.
Il n’y a pas de temps à perdre. »
De retour dans la cuisine, Bran y
trouva la vieille cuisinière occupée à réconforter ses deux jeunes aides
blotties dans ses
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