Robin
cents marks en acompte. Nous vous apporterons le reste quand
nous l’aurons réuni. »
Il se tourna vers Bran, lui
signifiant qu’une confirmation de sa part était requise. « N’est-ce
pas ? »
Le jeune homme fit un pas en
arrière. « Ils n’auront rien de moi, pas un penny.
— Bran, pense à ton
peuple », plaida Aethelfrith.
Mais le jeune homme s’éloignait
déjà. Il adressa un signe à Iwan et à Siarles, qui tenaient toujours les sacs
de cuir. « Récupérez l’argent. » Ses deux compagnons ramassèrent les
pièces éparpillées, les remirent dans leurs besaces et s’empressèrent de suivre
leur seigneur.
« Je vous ferai
enchaîner ! hurla le cardinal. Vous ne pouvez pas traiter ainsi le Juge
royal !
— Une fois encore, je vous
supplie de vous montrer indulgent, Votre Éminence, dit frère Tuck, mais mon
seigneur a décidé d’en appeler à une cour supérieure.
— Imbécile, vous êtes à la
cour royale ! rugit Ranulf. Il n’y en a pas de supérieure.
— Je crois, répliqua Tuck en
filant, que vous découvrirez que si. »
Tuck rejoignit les autres dans la
cour. Bran était déjà en selle, prêt à partir. Iwan et Siarles fixaient les
sacs d’argent lorsque le cardinal Ranulf surgit de la grande salle en
hurlant : « Aux armes ! Attrapez-les* ! »
Des chevaliers qui s’étaient
attardés dans la cour se retournèrent aussitôt. Le visage rouge de colère, ses
robes maculées d’encre noire, les mains tendues, il pointait un doigt furieux
sur les Bretons qui s’apprêtaient à partir.
« Aux armes !
Gardes* ! » brailla le cardinal. « Aux armes !
Emparez-vous d’eux ! »
« Iwan !
Siarles ! » cria Bran. Piquant des deux, il s’élança vers la porte.
« À moi ! »
Dérangé par toute cette agitation,
le portier sortit de sa cabane au moment précis où Bran fonçait sur lui. Il ne
parvint que de justesse à s’écarter de sa trajectoire. Le jeune prince se
laissa tomber du cheval toujours au galop et se jeta dans le bâtiment, en
ressortant quelques instants plus tard avec les armes qu’il y avait déposées à
son arrivée. Après avoir encoché une flèche, il pointa son arc long sur un
chevalier torse nu qui s’apprêtait à jeter sa lance en direction du dos sans
défense d’Iwan. La flèche traversa la cour à la vitesse de l’éclair et cueillit
le guerrier en pleine omoplate. Il s’écroula au sol en se tenant l’épaule,
hurlant de douleur.
Iwan termina de ficeler les sacs et
bondit en selle. Siarles l’imita dans la foulée, et tous deux s’enfuirent par
la porte ouverte. Le cheval de Tuck, rendu nerveux par ce chaos, ruait en tous
sens et refusait de se laisser monter. Le frère tirait fermement sur les rênes
pour essayer de le calmer.
Quant au portier, qui avait repris
ses esprits, il se jeta sur Bran. Ce dernier lui assena un coup dans l’estomac
avec l’extrémité de son arc avant de décocher une nouvelle flèche dans le
montant de la porte devant laquelle se tenait le cardinal, à moins d’une
largeur de main de sa tête. Ranulf poussa un cri, puis disparut dans la salle.
Le portier, tombé à genoux, essayait de se relever. Bran lui donna un coup de
pied de côté droit dans la mâchoire, ce qui le mit hors de combat. « Si tu
veux vivre, lui dit-il, reste à terre. »
Il rentra en hâte dans la cabane
pour récupérer l’arc et l’épée d’Iwan. « Pars devant ! » lui
cria Bran en lui tendant ses armes. Le champion partit au galop en menant
derrière lui un des chevaux de bât. « Attends-moi au pont ! »
Siarles arriva à la hauteur du
prince, les mains serrées sur les rênes du second cheval de bât. Il s’arrêta
devant la cabane juste le temps de saisir son arc et un faisceau de flèches.
« Pars avec Iwan.
— Mon seigneur, je refuse de
vous laisser.
— Mets l’argent à
l’abri ! hurla Bran. Je vais m’occuper de Tuck. Attendez-nous au pont.
— Mais mon seigneur…, objecta
Siarles.
— Vas-y ! » Bran le
congédia, l’éloigna d’un geste et retourna en hâte dans la cour.
Le frère avait de quoi
s’occuper : trois chevaliers ffreincs l’entouraient, deux munis des lances
émoussées qu’ils avaient utilisées pour l’entraînement, et le dernier
brandissant une épée en bois. D’un mouvement brusque, l’un d’eux frappa le
prêtre derrière le cou avec sa lance. Tuck tomba à terre, les mains toujours
serrées sur les rênes de sa monture
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