Robin
rétive.
Bran, du centre de la cour, décocha
une flèche sur le chevalier qui s’apprêtait à écraser le crâne de Tuck du bout
de sa lance. La flèche l’atteignit juste au-dessus de la hanche, le projetant
sur le côté ; son arme s’échappa de ses mains.
« Ramasse-la ! » cria Bran. Du coin de l’œil, il vit le faible
reflet métallique de deux casques luire dans l’embrasure de la porte de la
grande salle. Il envoya une nouvelle flèche dans leur direction pour les
empêcher d’approcher tout en hurlant à Aethelfrith de relâcher le cheval.
« La lance, Tuck ! ajouta-t-il en lui désignant l’arme au sol. Sers-t’en ! »
Le prêtre finit par comprendre. Il
lâcha les rênes et sauta sur l’arme d’entraînement au moment même où le
chevalier équipé de l’épée en bois fondait sur lui. Se servant du bâton comme
d’une massue, il porta un méchant coup sur l’avant-bras de son adversaire, qui
laissa tomber son épée. Alors que le soldat saisissait son bras cassé, Tuck
s’attaqua à l’un de ses genoux. La jambe du chevalier se tordit, et il
s’écroula au sol. Aussitôt, le frère vit volte-face pour affronter son dernier
assaillant. Il para habilement un coup de lance et esquiva le suivant avant de
pulvériser son bâton sur la tête sans protection du chevalier, qui s’écroula
sans connaissance.
« Vas-y, Tuck ! »
lui cria Bran. Saisissant les rênes de son cheval nerveux, il retint l’animal
jusqu’à ce que le prêtre se soit mis en selle, puis lui assena une grande tape
sur la croupe. « Sauve-toi ! »
Bran se retourna pour faire face à
l’assaut suivant. Il découvrit qu’il était seul dans la cour désormais.
D’autres soldats devaient se tenir cachés tout près, mais aucun ne semblait
assez courageux pour affronter son arc tant qu’ils ne pourraient s’en protéger
plus efficacement. Il marcha jusqu’au soldat blessé à la hanche qui se
tortillait au sol. « Si ça ne te dérange pas, je vais récupérer ça. »
Après avoir posé un pied sur le flan du guerrier, il tira d’un coup sec sur la
flèche pour l’extraire. Le chevalier lâcha un cri de souffrance et s’évanouit
aussitôt. Bran encocha la flèche sur sa corde puis, après s’être assuré que
personne n’osait le défier, retourna à sa monture.
Il jeta un ultime regard à la
grande salle, où un bouclier rouge se glissait prudemment dans l’embrasure de
la porte. Il tendit son arc et tira. La flèche fila à travers la cour et alla
se planter dans le bouclier juste au-dessus de l’ombon central. La hampe du
projectile se brisa, et un hurlement de douleur retentit au moment où le
bouclier se fendit. Souriant intérieurement, Bran monta en selle, fit pivoter
sa monture et partit rejoindre ses compagnons.
CHAPITRE 45
Les champs et les bosquets de
Winchester s’évanouissaient derrière eux dans le bruit de sabots des chevaux.
Bran poussait implacablement sa monture et ses compagnons faisaient leur
possible pour le suivre. Quand le jeune homme finit par faire halte pour
laisser son cheval se reposer, le soleil avait presque disparu derrière les
collines à l’ouest. On pouvait voir les premières étoiles apparaître entre les
nuages à l’est. Quant à la ville royale, ce n’était plus qu’une tache
indistincte couleur de fumée à l’horizon.
« Tu sais ce que ça
signifie ? » lui demanda Tuck d’un ton sec. Hors d’haleine et
ruisselant de sueur, il avait ralenti à la hauteur du jeune homme et donnait
libre cours à sa fureur.
— Qu’on ne nous demandera pas
de nous joindre à la chasse hivernale du roi, je suppose, répliqua Bran.
— Ça signifie, s’écria Tuck,
que l’Elfael n’a pas connu pire situation depuis que le bon roi Harold a quitté
la bataille avec une flèche dans l’œil. Par le Christ et tous ses saints !
Agresser un cardinal comme tu l’as fait… Tu aurais pu nous faire tuer, ou pire
encore ! Qu’est-ce qui t’est passé par la tête ?
— Moi ? C’est moi que
tu tiens pour responsable ? hurla Bran. On ne peut pas faire confiance à
ces gens, Tuck. Les Ffreincs sont des menteurs hypocrites et des tricheurs,
jusqu’au dernier, à commencer par leur vermine rousse de roi !
— Eh bien, mon gars, on peut
dire que tu le leur as fait comprendre, gronda le frère. Demain à cette
heure, ta tête aura été mise à prix, tout comme les nôtres, merci bien.
— Parfait ! Que le roi
William apprenne ce qu’il lui
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