Robin
faire boire les chevaux et se restaurer
avant de repartir.
Iwan avait donné le signal du
départ, et ils étaient en train de récupérer leurs chevaux quand ils
entendirent un bruit de galop en provenance de la route. Quelques instants plus
tard, quatre cavaliers apparurent à la base d’un promontoire de haute taille.
Au premier regard qu’il porta sur
les longs visages blafards sous leur heaume poli, le roi sentit son estomac se
contracter. « Des Ffreincs ! » grommela-t-il en portant la main
à son épée. Il s’agissait de marchogi normands, que le roi breton et ses sujets
méprisaient au plus au point.
« À vos armes ! cria Iwan
à ses hommes. Restez sur vos gardes. »
Les quatre Normands firent halte
dès qu’ils aperçurent la garde bretonne. Ils portaient des casques coniques et,
en dépit de la chaleur, de lourdes cottes de mailles qui leur descendaient
jusqu’au genou sur des pourpoints en cuir renforcé. Leurs tibias étaient
couverts de jambières en acier poli, tandis que des gantelets de cuir
protégeaient leurs mains, poignets et avant-bras. Chacun d’eux portait une épée
à la hanche ainsi qu’une courte lance rangée contre la selle. Un petit bouclier
bleu en forme de goutte de pluie allongée ceignait leur dos.
« En selle ! »
ordonna Iwan.
Brychan, à la tête de ses troupes,
salua les Normands dans sa propre langue, arborant un inhabituel sourire de
bienvenue sur ses lèvres tordues. Son salut ne lui ayant pas été retourné, il
essaya l’anglais – ce langage tant haï mais nécessaire pour commercer avec
le peuple arriéré des terres du sud. L’un des cavaliers parut comprendre. Il
articula une brève réponse en français, puis fit volte-face et éperonna son
cheval dans la direction d’où il était venu ; ses trois compagnons
demeurèrent immobiles, toisant les guerriers bretons avec un mépris teinté de
méfiance.
Sa timide tentative de bienvenue
ayant été rabrouée, Brychan tira sur ses rênes et poussa sa monture en avant.
« Allez ! Et gardez un œil sur ces diables crasseux. »
Voyant les Bretons approcher, les
trois chevaliers resserrèrent les rangs pour bloquer la route. Peu disposé à se
laisser insulter, Brychan les somma de les laisser passer. Pour toute réponse,
les chevaliers normands maintinrent fermement leur position.
Brychan était sur le point de
donner l’ordre à ses troupes de tirer l’épée et de fondre sur ces imbéciles
arrogants quand Iwan prit la parole : « Mon seigneur, notre voyage à
Lundein va mettre un terme à ce harcèlement inconvenant. Passez outre ce
dernier affront et laissez ces lâches pourceaux se couvrir de honte.
— Tu leur abandonnerais la
route ?
— Si fait, mon seigneur,
répondit le champion d’une voix égale. Il ne faudrait pas qu’une simple rixe
vienne gâcher notre accord avec William. »
Les yeux de Brychan lancèrent de
sombres éclairs comme il regardait les soldats ffreincs.
« Mon seigneur ? reprit
Iwan. Je crois que c’est la meilleure chose à faire.
— Oh, très bien », finit
par soupirer le roi. Puis, s’adressant à ses guerriers : « Pour
préserver la paix, nous allons les contourner. »
Alors que les Bretons se
préparaient à quitter la route, le premier cavalier normand se retourna,
bientôt imité par un de ses compagnons qui montait un cheval gris pâle harnaché
d’une haute selle de cuir. Ce dernier portait une large cape bleue attachée par
une broche d’argent au niveau de la gorge. « Vous, là-bas ! cria-t-il
en anglais. Qu’est-ce que vous faites ? »
Brychan fit halte et pivota sur sa
selle. « C’est à moi que vous parlez ?
— En effet, insista l’homme.
Qui êtes-vous, et où allez-vous ?
— Vous êtes en train de parler
à Rhi Brychan, seigneur et roi de l’Elfael, répondit haut et fort Iwan. Nos
affaires nous conduisent à Lundein. Nous ne cherchons point querelle et
souhaiterions passer en paix.
— L’Elfael ? »
Contrairement aux autres, l’homme à la cape bleue ne portait aucune arme, et
ses gants étaient en cuir blanc. « Vous êtes des Bretons.
— Si fait, répliqua Iwan.
— Ce n’est pas votre affaire,
ajouta Brychan, irrité. Nous cherchons juste à voyager sans querelle.
— Restez là où vous êtes,
rétorqua l’homme. Je vais mander mon seigneur et m’enquérir de sa disposition
en la matière. »
Le Normand éperonna sa monture et
disparut après un virage. Les Bretons
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