Robin
éviter que ses
hommes se retrouvent engloutis.
D’un petit coup de rênes, Iwan fit
reculer son cheval sur les corps de ceux qu’il avait terrassés. Il avait
presque rejoint ses compagnons quand deux imposants chevaliers normands à
cheval sur de gigantesques destriers lui fermèrent la route. Épées brandies,
ils s’abattirent sur lui.
Iwan pivota sa lance sur le guerrier
à sa droite, pour aussitôt voir la hampe de son arme brisée par celui de
gauche. Après en avoir jeté l’extrémité déchiquetée à la face du Normand, il
prit son épée et, tirant fort sur ses rênes, fit pivoter sa monture pour se
faufiler entre ses deux adversaires. L’un des chevaliers se retourna prestement
et lui assena un coup. Iwan sentit la pointe de l’épée ratisser le haut de son
dos, mais il parvint à s’enfuir.
Pendant ce temps, le roi Brychan
avait atteint la rivière et se retournait pour faire face à ses
assaillants – quatre marchogi qui fondaient sur lui, lance levée. Les
tenant à distance à coups d’épée, Brychan se précipita sur le premier cavalier
et lui assena un coup violent sur le haut de son bouclier. Puis il pivota sur
lui-même pour taillader la jambe exposée du second. Le guerrier cria de douleur
mais parvint à jeter son bouclier en direction du visage de Brychan. Le roi le
fracassa du pommeau de son arme. Le boucher tournoya jusqu’à terre, révélant la
pointe d’une lance.
Brychan se pencha précipitamment en
arrière pour éviter le coup, mais la lance lui transperça le bas du ventre,
juste en dessous de sa large ceinture. Une sensation de brûlure envahit son
corps. Avec un rugissement sauvage, il frappa la hampe de la lance de coups
d’épée désespérés, emportant au passage les doigts du soldat.
Le roi leva à nouveau son épée et
se retourna pour affronter l’attaquant suivant. Trop tard. Une nouvelle lame
ennemie s’enfonça dans son bras au moment même où il s’apprêtait à frapper. La
froide morsure remonta aussitôt son bras et lui fit lâcher son arme, qui
s’échappa de ses doigts. Sous le choc, il se mit à vaciller sur sa selle.
À présent hors de la mêlée, Iwan se
précipita vers son seigneur pour lui porter secours. Il vit la lame du roi
tomber dans l’eau, et celui-ci chanceler puis s’effondrer sur sa selle. Dans sa
course, le champion trancha le bras d’un assaillant et fendit le flanc d’un
second. Son avancée fut alors stoppée par plusieurs Normands. Massacrant ses
adversaires avec une énergie sauvage, il tentait de se frayer un passage par la
seule force de ses coups, mais les cavaliers ennemis resserrèrent les rangs
autour de lui.
Tels des éclairs miroitant autour
de lui, son épée s’abattait encore et encore. Il tua un chevalier qui avait mal
évalué son coup et en blessa un autre, qui tentait désespérément de mettre son
cheval hors de portée de la lame meurtrière du champion.
Alors qu’il pivotait sur lui-même
pour s’occuper du troisième attaquant, Iwan aperçut son roi lutter pour rester
sur sa selle. Malgré ses efforts, Brychan finit par basculer de son cheval et
s’écroula dans l’eau.
Le roi se redressa péniblement sur
ses genoux et aperçut à quelque distance son champion se battre pour le
rejoindre. « Va-t’en ! lui cria-t-il. Tu dois fuir pour prévenir
notre peuple ! »
Dans son ultime tentative pour se
relever, Rhi Brychan ne parvint à avancer que d’un seul pas mal assuré avant de
s’effondrer. La dernière chose que vit Iwan fut le corps de son roi flottant
sur le ventre dans les eaux turgides et ensanglantées de la Wye.
CHAPITRE 2
« Un baiser avant que je
parte, murmura Bran, qui saisit une poignée d’épais cheveux noirs et en porta
une mèche bouclée à ses lèvres. Juste un.
— Non ! répondit Mérian
en le repoussant. Va-t’en d’ici.
— Un baiser d’abord,
insista-t-il tout en respirant le parfum d’eau de rose qu’exhalaient sa
chevelure et sa peau.
— Si mon père te trouve ici,
il nous rossera tous les deux, dit-elle, toujours rétive. Pars à présent, avant
qu’on te voie.
— Juste un baiser, tu as ma
parole », chuchotait Bran en se rapprochant subrepticement d’elle.
Elle considéra d’un air sceptique
le jeune homme à ses côtés. À n’en point douter, celui-ci ne ressemblait à
personne dans toutes les vallées. Nul n’égalait sa grâce, son regard, son
attrait irrésistible. Avec ses cheveux noirs, son beau front haut et son
sourire,
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