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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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doigts ramassaient la laine
d’eux-mêmes, sans que sa volonté y fût pour quelque chose.
    Chaque jour, elle remplissait ses
devoirs avec sérieux – comme si la pensée de Bran pourchassé et transpercé
d’un coup de lance mortel tel un pauvre animal apeuré n’était pas l’unique
chose qui lui occupait l’esprit, comme si son supplice ne serrait pas
continuellement son cœur brisé.
    À mesure que les semaines
passaient, elle oublia un peu Bran et sa mort misérable pour s’intéresser
davantage au sort de son peuple privé de chef. Bien sûr – ainsi que
Garran, son frère aîné, l’avait obligeamment fait remarquer – ils
n’étaient pas sans chef. « Ils ont un nouveau roi à présent – William
Rufus, lui dit-il. Et son vassal, le comte de Braose, est leur souverain.
    — De Braose est un vil assassin,
objecta Mérian.
    — C’est bien possible, admit
Garran avec une magnanimité irritante, mais le roi lui a concédé le commot. Et
la couronne tire sa légitimité de Dieu, ajouta-t-il avec délectation. Le roi
est justice, et son verbe est loi.
    — Le roi lui-même est un
usurpateur.
    — Comme la plupart avant lui,
répliqua son frère avec suffisance. Les faits sont les faits, ma chère sœur.
Les Saxons nous ont volé nos terres, et à présent ce sont les Ffreincs qui les
leur ont volées. Nos possessions dépendent du bon plaisir du roi William. Il
est notre seigneur souverain désormais, et espérer autre chose ne t’apportera
rien de bon. Tu ferais mieux de t’en satisfaire.
    —  Toi, tu t’en
satisfais, lui répondit-elle avec morgue. Quant à moi je compte bien rester
fidèle aux nôtres.
    — Alors tu continueras à vivre
dans le passé, se moqua Garran. Les vieilles solutions ont vécu pour nous. Les
temps changent, Mérian. Les Ffreincs nous ouvrent la voie de la paix et de la
prospérité.
    — Ils nous ouvrent celle de l’enfer  ! »
cria-t-elle avant de sortir comme un ouragan.
    Que le jeune prince Bran soit mort
en vain était déjà suffisamment triste. Qu’il ait été tué en essayant de
s’enfuir était certes honteux, mais n’importe qui aurait fait pareil à sa
place. Ce qu’elle n’arrivait ni à comprendre ni à accepter, c’était ce que son
frère avait insinué : que leurs suzerains normands voyaient leurs crimes
en quelque sorte justifiés par la supériorité foncière de leurs coutumes ou de
leur caractère, ou quoi que ce fût qui séduisait tant Garran.
    Les Ffreincs sont des brutes, se répéta-t-elle en son for intérieur. Et leur roi William est la pire de
toutes !
    Après ce dernier échange, elle
refusa de reparler à quiconque de la tragédie qui avait frappé Bran et
l’Elfael. Elle garda ses pensées pour elle et enterra ses sentiments au plus
profond de son cœur.

CHAPITRE 15
    Entouré de vingt hommes en armes,
le baron Neufmarché accompagna sa femme jusqu’au vaisseau qui attendait
celle-ci au quai d’Hamtun. Bien qu’ayant déjà voyagé sur Le Cygne par le
passé, et malgré le fait qu’il connût par leur nom tant le capitaine que le
timonier, il n’en inspecta pas moins le navire de la proue à la poupe avant de
laisser sa femme embarquer. Il supervisa le chargement des hommes, des chevaux,
de l’approvisionnement et des armes – sa femme partait avec Ormand, son
sénéchal, ainsi qu’avec une garde de sept soldats. Dans un petit coffret en
orme, dame Agnès transportait la lettre qu’il avait écrite à son père et la
boucle en or que le Conquérant en personne lui avait offerte en reconnaissance
de sa loyauté au cours de l’époque de troubles qui avait enflammé le nord dans
les années ayant suivi l’invasion.
    Une fois Agnès installée dans ses
quartiers en dessous du pont principal du vaisseau, le baron lui fit ses
adieux. « La marée monte. Bon voyage, mon épouse. » Portant la main
de sa femme jusqu’à ses lèvres, il embrassa ses doigts glacés. « Je te
souhaite un doux et agréable hiver, ainsi qu’un joyeux Noël.
    — Il est possible que je
revienne avant la neige, hasarda-t-elle d’une voix que l’espoir rendait un peu
plus légère. Nous pourrions fêter Noël ensemble.
    — Non. » Bernard secoua
fermement la tête. « C’est bien trop dangereux. Les vents hivernaux
déchaînent la mer. Si quoi que ce soit devait vous arriver, je ne me le pardonnerais
pas. » Il lui sourit. « Profitez de votre séjour au pays, il ne
durera que trop peu. Le temps passera vite, et nous

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