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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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convaincante. Aucune, aussi avérée fût-elle, ne parvenait à la rendre
moins malheureuse.
    Sachant que rien de bon ne pouvait
sortir d’une manifestation ostentatoire de son chagrin, elle ravala celui-ci et
se comporta comme si la nouvelle de la mort de Bran n’avait qu’une importance
négligeable en regard de celles, beaucoup plus inquiétantes, du meurtre de
Brychan ap Tewdwr et de toute sa garde, et de l’avancée ffreinc dans l’Elfael
voisin. Sur ce point, au moins, elle rejoignait son autoritaire géniteur :
les Ffreincs n’avaient pas le droit de tuer un roi en exercice et de s’emparer
de son cantref.
    « C’est une triste affaire,
lui dit le roi Cadwgan en secouant la tête. Très triste. Cela n’aurait pas dû
arriver, et William Rufus devra en répondre. Mais Brychan avait été prévenu à
maintes reprises de faire la paix. Je n’ai pas cessé de l’exhorter à se rendre
à Lundein, pendant des années  ! Et je n’étais pas le seul !
Est-ce qu’il nous aurait écoutés ? Ce diable d’imbécile buté…
    — Père ! protesta Mérian.
C’est indigne de vous de parler ainsi d’un mort, sans compter que cela porte
malheur.
    — Indigne de moi ? Ma
fille, c’est pure bonté de ma part ! Je le connaissais bien, et j’avais
fini par le considérer comme un ami. Tu le sais. Par les genoux de sainte
Becuma, je jure qu’il pouvait se montrer insupportablement entêté – et
méchant avec ça ! Si d’aventure il existe un homme plus impitoyable, je
prie pour ne pas le rencontrer. » Il pointa un doigt réprobateur sur sa
fille. « Crois-moi, ma fille, nous verrons bientôt la mort de Brychan et
de son fils dépravé comme une bénédiction.
    — Père, protesta-t-elle de
nouveau d’une voix légèrement tremblante.
    — Je ne te dis pas tout ça par
malice. Tu me connais mieux que ça, je l’espère. Mais même s’il ne faut pas
s’en réjouir, c’est la seule vérité de Dieu. Le fils de Brychan était un voyou,
et sa mort a permis d’économiser les gages d’un bourreau.
    — Je n’en écouterai pas
davantage, déclara Mérian en se retournant prestement.
    — Qu’est-ce que j’ai
dit ? cria son père tandis qu’elle sortait en trombe de la pièce. Si
quelqu’un doit se lamenter de la mort de Bran ap Brychan, c’est bien le
bourreau qu’elle a privé de sa paie ! »
    La mère de Mérian se montra mieux
disposée, mais guère plus réconfortante. « Je sais que c’est dur à
accepter, dit la reine Anora sans s’arrêter de broder, quand quelqu’un qu’on
connaît vient à disparaître. Il était si beau – s’il avait été mieux
élevé, il aurait pu faire un bon roi. Hélas, sa mère est morte si jeune. Rhian
était une beauté, et la bonté incarnée, bien qu’un peu frivole, paraît-il.
C’est quand même dommage qu’elle n’ait pas été là pour l’élever. » Elle
soupira, puis retourna à ses travaux d’aiguille. « Tu peux remercier Dieu
de ne pas avoir été autorisée à le recevoir en société.
    — Je sais, mère, répondit
Mérian avec gravité. Je ne le sais que trop bien.
    — Bientôt, tu l’auras complètement
oublié. » Elle gratifia sa fille d’un sourire plein d’espoir. « Ton
chagrin finira par s’estomper avec le temps. Crois-moi, la douleur
passera. »
    Mérian savait que ses parents
avaient raison, même si elle-même ne l’aurait pas exprimé aussi durement. Pour
autant, elle ne pouvait forcer son cœur à accepter leurs paroles : tout
cela continuait de lui faire mal, et rien de ce qu’on lui avait dit n’avait
calmé sa peine. En fin de compte, elle se décida à garder ses pensées et son
chagrin pour elle-même.
    Chaque jour, elle vaquait à ses
corvées comme si la blessure cicatrisait déjà. Elle suivait ses cours de
tissage avec sérieux et patience. Elle aidait les femmes à préparer les peaux
d’animaux destinées à servir de fourrure ornementale pour les manteaux d’hiver
et les tuniques. Pieds nus au soleil, elle ratissait les graines de la nouvelle
récolte sur le sol asséché. Elle faisait tourner le fuseau entre ses doigts
habiles pour filer la laine nouvellement cardée, regardant l’écheveau grossir à
mesure qu’elle l’enroulait. Bien que travaillant avec diligence, elle ne
sentait pas le fil passer entre le bout de ses doigts, pas plus que le râteau
dans ses mains ; la forte odeur de la salaison n’atteignait pas ses
narines lorsqu’elle frottait les peaux ; ses

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